La bataille de Hattin s’inscrit dans un contexte de rivalités internes et de provocations qui affaiblissent le royaume croisé de Jérusalem. Après la mort du roi Baudouin V, le trône échoit à Guy de Lusignan, dont le règne est marqué par des divisions entre les seigneurs latins. Le comte Raymond III de Tripoli, écarté du pouvoir, conclut une trêve avec Saladin, le puissant sultan ayyoubide, tandis que d’autres seigneurs comme Renaud de Châtillon défient ouvertement les accords de paix.
Renaud de Châtillon, seigneur d'Outre-Jourdain, provoque Saladin en attaquant des caravanes marchandes et des pèlerins musulmans, rompant une trêve de six ans. Ces actes de piraterie isolent les Francs politiquement et donnent à Saladin le prétexte qu'il attendait pour lancer une grande offensive contre le royaume de Jérusalem.
De son côté, Saladin a unifié le monde musulman, consolidant son pouvoir en Égypte, en Syrie et dans d'autres régions stratégiques. Maître d’une armée aguerrie et bien organisée, il réunit environ 30 000 soldats pour affronter les croisés. En réponse, Guy de Lusignan rassemble une armée de 15 000 hommes, comprenant chevaliers, fantassins et mercenaires.
Le 2 juillet 1187, Saladin attaque Tibériade, incitant les Francs à quitter leur position défensive de Séphorie, où ils disposent de vivres et d’eau en abondance. Guy de Lusignan, contre l’avis du comte Raymond de Tripoli, décide de marcher vers Tibériade pour secourir la ville. Cette décision, influencée par Gérard de Ridefort, grand-maître des Templiers, s’avérera fatale.
Sous une chaleur accablante, les croisés entament une marche épuisante à travers des terrains arides, harcelés par les archers de Saladin. Les puits sont empoisonnés ou comblés par les troupes musulmanes, privant les Francs d’eau. Le soir du 3 juillet, l’armée croisée, déshydratée et épuisée, est contrainte de camper près des collines des cornes de Hattin, une position exposée et sans accès à l’eau.
Au matin du 4 juillet, Saladin déploie son armée autour des croisés. Ses forces, supérieures en nombre et en position avantageuse, utilisent une tactique habile : des incendies de broussailles sont allumés, la fumée étouffant les croisés déjà affaiblis par la soif et la chaleur. L’absence d’eau et les attaques incessantes plongent les Francs dans le désarroi.
Malgré des tentatives désespérées pour percer les lignes musulmanes et atteindre le lac de Tibériade, l’armée croisée est progressivement repoussée sur les collines des cornes de Hattin. Raymond de Tripoli parvient à s’échapper avec un petit contingent, mais la majorité des forces croisés est encerclée. La chute de la tente royale marque la fin des espoirs des Francs. Guy de Lusignan, son frère Amaury, et d'autres nobles de haut rang sont capturés.
Les conséquences de cette défaite sont désastreuses pour les croisés :
La bataille de Hattin ouvre la voie à une série de victoires musulmanes. En l’espace de quelques mois, Saladin s’empare de la plupart des forteresses et villes franques, notamment Saint-Jean-d'Acre, Jaffa, et Jérusalem. Cette dernière tombe le 2 octobre 1187 après un siège où Saladin fait preuve de clémence, permettant à de nombreux habitants de racheter leur liberté.
Les États latins d’Orient, autrefois prospères, sont réduits à quelques bastions isolés comme Tyr, Tripoli et Antioche. La défaite de Hattin fragilise définitivement les croisades en Terre sainte et expose leurs divisions internes.
La bataille de Hattin marque un tournant décisif dans l'histoire des croisades. Elle scelle l’échec de la stratégie franque dans le Levant, mais suscite également une réponse massive en Europe. L’émotion provoquée par cette défaite conduit à l’organisation de la Troisième Croisade, menée par Richard Cœur de Lion, Philippe Auguste, et Frédéric Barberousse.
Auteur : Stéphane Jeanneteau, décembre 2014
Sources et références :