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La Bataille d’Orewin Bridge (1282) : La Fin de l’Autonomie Galloise.

Une Rébellion Désespérée

En 1282, Llywelyn ap Gruffydd, dernier prince souverain de Galles, et son frère Dafydd ap Gruffudd menèrent une rébellion majeure contre la domination anglaise. Cette révolte faisait suite à une première insurrection en 1277, qui s’était soldée par un traité humiliant pour les Gallois. Edward Ier d’Angleterre, déterminé à briser toute résistance, lança une campagne militaire massive avec l’objectif non seulement de soumettre les rebelles, mais aussi de conquérir définitivement le Pays de Galles.

La stratégie d'Édouard reposait sur une invasion simultanée par trois armées convergeant depuis le nord, le centre et le sud du pays. Llywelyn remporta quelques victoires initiales à Llandeilo Fawr et Moel-y-don, mais la puissance militaire anglaise, renforcée par des seigneurs gallois rivaux comme Gruffydd ap Gwenwynwyn, força le prince à se déplacer dans le centre du pays pour rallier des soutiens.


Les Forces en Présence

L’armée galloise

  • Effectifs : Environ 7 000 hommes.
  • Composition:
    • Lanciers du nord du Pays de Galles.
    • 160 chevaliers de la garde personnelle de Llywelyn.
    • Archers locaux, notamment ceux de Brecon, ayant récemment trahi les Anglais.
  • Position : L'armée galloise occupait une colline au nord de la rivière Irfon pour défendre le pont d’Orewin.

L’armée anglaise

  • Effectifs : Près de 7 000 hommes.
  • Composition:
    • Archers expérimentés du Shropshire.
    • Cavalerie lourde dirigée par Roger l’Estrange, John Giffard, et Edmond Mortimer.
    • Troupes galloises sous Gruffydd ap Gwenwynwyn, un rival de Llywelyn.
  • Avantage stratégique : Une reconnaissance locale leur permit de découvrir un gué pour contourner la position galloise.

Déroulement de la Bataille

1. Position initiale des Gallois

L’armée de Llywelyn, positionnée sur une colline stratégique, visait à empêcher une traversée anglaise par le pont d’Orewin. Llywelyn lui-même n’était pas sur place, occupé à rallier des seigneurs locaux au château de Builth.

2. La manœuvre anglaise

Guidée par un habitant local, l’armée anglaise trouva un gué à 4 kilomètres en aval du pont. La plupart des archers traversèrent la rivière pour attaquer les Gallois par le flanc. Pendant que les Gallois réorientaient leurs lignes pour contrer cette attaque, la cavalerie anglaise franchit le pont désormais non défendu.

3. La désorganisation et l’attaque finale

Les archers anglais, attaquant les formations galloises avec précision, désorganisèrent les schiltrons (formations défensives de lanciers). La cavalerie anglaise chargea par l’arrière, prenant les Gallois en étau. Démoralisée et subissant de lourdes pertes, l’armée galloise se dispersa en déroute.

4. La mort de Llywelyn

Alerté de la situation critique, Llywelyn accourut au champ de bataille mais fut tué par un fantassin anglais, Stephen de Frankton, d’Ellesmere. La mort de Llywelyn scella le sort de l’armée galloise.


Conséquences

1. La fin de l’indépendance galloise

La défaite à Orewin Bridge marqua la conquête définitive du Pays de Galles par l’Angleterre. Avec la mort de Llywelyn, dernier prince souverain de Galles, la résistance galloise perdit son chef emblématique.

2. L’exécution de Dafydd ap Gruffudd

Dafydd, frère et successeur de Llywelyn, tenta de poursuivre la lutte mais fut capturé en 1283. Il fut exécuté de manière spectaculaire sur ordre d’Édouard Ier, devenant le premier noble à être pendu, éviscéré et écartelé en Angleterre.

3. La domination anglaise

Le Pays de Galles fut intégré à la couronne d’Angleterre, et Édouard Ier initia une série de réformes pour consolider son contrôle. Des châteaux furent construits dans des positions stratégiques, et les Gallois furent soumis à un régime de lois imposé par leurs conquérants.


Analyse

La bataille d’Orewin Bridge illustre l’efficacité militaire anglaise et la puissance logistique d’Édouard Ier. Malgré des victoires initiales, les Gallois ne purent rivaliser avec la discipline et les ressources supérieures de l’armée anglaise. La mort de Llywelyn symbolise la fin de l’autonomie galloise, bien que la culture et l’identité galloises aient perduré.



Sources et Références

  1. Davies, R. R., The Age of Conquest: Wales, 1063-1415
  2. Prestwich, Michael, Edward I
  3. Carr, A. D., Medieval Wales
  4. Morris, John E., The Welsh Wars of Edward I

Auteur : Stéphane Jeanneteau, août 2014