En 1040, Pierre Deljan, un Bulgare prétendant descendre de la dynastie royale des Cometopouloï, initie un soulèvement contre l’autorité byzantine. Profitant du mécontentement généralisé des populations slaves des Balkans sous la domination byzantine, il se proclame empereur de Bulgarie.
Le soulèvement gagne rapidement du terrain. Pierre Deljan libère les terres bulgares occidentales autour de Belgrade et Larissa, ralliant à sa cause de nombreux partisans locaux. Sa rébellion s’inscrit dans un contexte de tensions ethniques et sociales, alimentées par l’oppression fiscale byzantine et la volonté de restaurer l’indépendance bulgare, perdue en 1018.
Cependant, la révolte est minée par des luttes internes. Alusian, cousin de Pierre Deljan, rejoint initialement la rébellion mais trahit son parent en 1041. Après avoir abandonné l’armée bulgare en pleine campagne, Alusian capture Pierre Deljan et le fait aveugler avant de le livrer aux Byzantins. Alusian prend alors le commandement des forces bulgares, mais son leadership est marqué par l’absence de stratégie claire et une désorganisation croissante.
En 1041, les forces byzantines, bien organisées et renforcées par la redoutable garde varangienne, affrontent les troupes bulgares près du lac Ostrovo (dans l’actuelle Macédoine). La bataille elle-même reste mal documentée, mais il est clair que la supériorité militaire byzantine et la discipline des Varangiens jouent un rôle crucial dans l’issue de l’affrontement.
Les Bulgares, déjà affaiblis par la trahison d’Alusian et l’aveuglement de Pierre Deljan, subissent une défaite décisive. Le destin d’Alusian après la bataille demeure incertain : il pourrait avoir été tué au combat ou capturé, tandis que la majeure partie de l’armée bulgare est dispersée.
La défaite d’Ostrovo met fin à la révolte de Pierre Deljan, scellant l’échec des Bulgares à restaurer leur indépendance. L’Empire byzantin conserve son contrôle sur les Balkans, bien que la région reste instable. La Bulgarie ne retrouve son indépendance qu’en 1185, lors de la révolte des frères Asen, qui conduit à l’établissement du Second Empire bulgare.
Cette bataille illustre une fois de plus l’importance de la garde varangienne dans les campagnes militaires byzantines. Ces mercenaires d’élite, souvent d’origine nordique, jouent un rôle décisif dans les moments critiques, apportant discipline et efficacité aux forces byzantines.
Auteur : Stéphane Jeanneteau, Juillet 2014