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La Bataille de Šiauliai (1236) : La Chute des Chevaliers Porte-Glaive.

L’Ordre Livonien en Difficulté

Dans les années 1230, les chevaliers Porte-Glaive, un ordre militaire chrétien basé en Livonie, faisaient face à une série de défis majeurs. Leurs campagnes d'évangélisation forcée dans les régions baltes rencontraient une résistance acharnée, et l'ordre souffrait de difficultés financières et d’un manque d’effectifs. Malgré ces obstacles, le maître de l'ordre, Volquin, tenta d'étendre l'influence chrétienne dans les territoires païens de la Samogitie, au sud.

En 1236, une campagne militaire fut organisée en collaboration avec des croisés saisonniers venus de l’Holstein et des alliés russes de Pskov. Bien que les Samogitiens aient initialement reculé, ils se replièrent pour tendre une embuscade décisive.


Les Forces en Présence

Les Chevaliers Porte-Glaive

  • Effectifs : Environ 1 500 hommes, comprenant des chevaliers, des croisés de l’Holstein, et des auxiliaires.
  • Commandement : Maître Volquin.
  • Stratégie : Expéditions rapides pour capturer des terres, brûler les villages et soumettre les habitants.

Les Forces Samogitiennes et Lituaniennes

  • Effectifs : Environ 4 000 hommes.
  • Commandement : Duc Vykintas (Samogitiens) et Duc Mindaugas (Lituaniens).
  • Stratégie : Retraite tactique suivie d’une embuscade sur un terrain favorable.

Déroulement de la Bataille

1. La Retraite des Samogitiens

Lors de leur incursion en Samogitie, les chevaliers Porte-Glaive rencontrèrent peu de résistance initiale, les Samogitiens adoptant une stratégie de retrait. Cette tactique leur permit de choisir le terrain idéal pour un affrontement.

2. Le Campement Près de la Rivière

Sur le chemin du retour vers le nord, les chevaliers atteignirent une rivière dans une région marécageuse. Les croisés holsteinois refusèrent de combattre à pied pour préserver leurs montures, ce qui contraignit la troupe à camper sur place pour la nuit, une décision qui s’avéra désastreuse.

3. L’Attaque au Petit Matin

À l’aube, une armée combinée de Samogitiens et de Lituaniens attaqua les chevaliers. Les fantassins croisés fuirent rapidement, mais les chevaliers, entourés, furent incapables de manœuvrer dans le terrain marécageux. Volquin et de nombreux chevaliers tombèrent au combat. Les survivants qui tentèrent de s’échapper furent interceptés par les Semigalliens et massacrés.



Conséquences de la Bataille

1. La Défaite Décisive des Chevaliers Porte-Glaive

La bataille de Šiauliai fut un désastre pour l'ordre des chevaliers Porte-Glaive. Leur maître Volquin, ainsi qu’une grande partie de leurs forces, périrent. Cette défaite affaiblit irrémédiablement l’ordre, qui perdit toute capacité à mener des campagnes indépendantes.

2. L'Incorporation dans l'Ordre Teutonique

En 1237, ce qui restait des chevaliers Porte-Glaive fut absorbé par l’ordre des chevaliers teutoniques, formant la branche connue sous le nom d’Ordre Livonien. Cela marqua la fin de l'autonomie des Porte-Glaive.

3. La Résistance Baltique

La victoire de Šiauliai renforça la résistance des peuples baltes contre les croisades chrétiennes. Cette bataille retarda l'expansion chrétienne dans la région et cimenta la réputation de chefs comme Mindaugas, qui deviendra plus tard le premier roi de Lituanie.


Analyse : Les Raisons de la Défaite des Porte-Glaive

  1. Le Terrain et la Stratégie Adverse

    • Les Samogitiens et leurs alliés exploitèrent habilement le terrain marécageux pour neutraliser la mobilité de la cavalerie lourde des croisés.
  2. Manque de Cohésion

    • Les désaccords entre les chevaliers Porte-Glaive et leurs alliés, notamment les Holsteinois, contribuèrent à la faiblesse de leur position défensive.
  3. Supériorité Numérique et Coordination des Baltes

    • La coalition balte bénéficiait d’un avantage numérique et d’une meilleure connaissance du terrain.



Sources et Références

  1. Urban, William, The Teutonic Knights: A Military History.
  2. Rowell, S. C., Lithuania Ascending: A Pagan Empire within East-Central Europe, 1295–1345.
  3. Christiansen, Eric, The Northern Crusades.
  4. Turnbull, Stephen, Crusader Castles of the Teutonic Knights.

Auteur : Stéphane Jeanneteau, août 2014