Les Petchénègues, peuple nomade des steppes eurasiennes, étaient une menace récurrente pour l'Empire byzantin depuis le XIe siècle. Bien que la bataille de la colline de Lebounion en 1091 ait marqué une défaite écrasante pour eux, certains groupes échappèrent à ce massacre. Ces fragments subsistèrent en tant que forces indépendantes, opérant principalement depuis les steppes russes et restant une menace potentielle pour les frontières septentrionales de l'Empire.
En 1121, les Petchénègues subissent un revers en Russie, où les peuplades ouzes et petchénègues sont expulsées par Vladimir II Monomaque, Grand Prince de Kiev. Certains historiens, comme Michael Angold, suggèrent que leur invasion de l’Empire byzantin en 1122 pourrait avoir été encouragée par ce dernier, qui voyait une opportunité d’affaiblir Byzance. Traversant le Danube, les Petchénègues menacent les Balkans, une région vitale pour la stabilité et l’approvisionnement de l’Empire.
Jean II Comnène, empereur énergique et stratège avisé, décide d’affronter cette menace directement. Malgré son engagement en Asie Mineure contre les Seldjoukides, il redéploie son armée vers l’Europe pour contrer les envahisseurs et protéger les territoires byzantins.
Jean II Comnène rassemble ses forces près de Constantinople, composées de troupes régulières byzantines, de mercenaires et de la garde varangienne, l'élite de son armée. Informé de l’emplacement des Petchénègues près de Beroia, en Thrace, il décide de les affronter rapidement avant qu’ils ne renforcent leur position.
Les Petchénègues, établis dans un camp fortifié utilisant un wagenburg (cercle de chariots) comme base défensive, misent sur leur mobilité et leurs compétences en tir à l'arc monté pour contenir l'avancée byzantine. Conscient de leur tactique, Jean utilise une approche diplomatique pour désarmer leur vigilance. Il propose un traité de paix, accompagné de cadeaux, dans une tentative de détourner leur attention.
Lorsque les Petchénègues baissent leur garde, l'armée byzantine lance une attaque surprise massive. La bataille commence par un échange intense de flèches, les Petchénègues utilisant leur wagenburg comme point de ralliement et de ravitaillement. Leur cavalerie légère harcèle les Byzantins, infligeant des pertes considérables et blessant même Jean II à la jambe.
Cependant, l’empereur mobilise ses troupes avec détermination. La garde varangienne, armée de lourdes haches danoises, joue un rôle décisif. Cette infanterie lourde d’élite mène une charge brutale contre le wagenburg. Brisant les lignes ennemies, les Varègues ouvrent une brèche dans le camp fortifié. L’effondrement de cette position défensive marque le début de la déroute des Petchénègues.
Une fois leur wagenburg détruit, les Petchénègues perdent leur capacité à coordonner la défense. Les survivants sont encerclés et capturés, mettant fin à la bataille dans un triomphe complet pour les Byzantins. Les prisonniers sont soit enrôlés dans l'armée impériale, soit assimilés comme colons dans les provinces frontalières.
La bataille de Beroia annihile les Petchénègues en tant que force politique et militaire indépendante. Bien que certains groupes subsistent en Hongrie et dans les Balkans, leur influence décline rapidement. Ces communautés résiduelles finissent par être assimilées par des peuples voisins comme les Magyars ou les Bulgares, marquant la fin des Petchénègues en tant que peuple distinct.
Pour l'Empire byzantin, cette victoire renforce le contrôle sur les Balkans, une région stratégique pour la défense de Constantinople et le maintien de l'ordre impérial. Toutefois, cette stabilisation n’est pas immédiate, car l’Empire est confronté à de nouvelles menaces. En 1128, les Hongrois attaquent Branitshevo, mais la supériorité militaire byzantine, consolidée par des succès comme Beroia, permet à Jean II de repousser ces incursions.
La victoire de Beroia confère à Jean II une réputation de commandant compétent et de défenseur énergique de l'Empire. Libéré de la menace petchenègue, il peut concentrer ses efforts sur d’autres fronts, notamment la reconquête de territoires en Asie Mineure et l’expansion de l’influence byzantine en Terre sainte.
Sources et Références :
Auteur : Stéphane Jeanneteau, août 2014.