La bataille de Colle, qui eut lieu en juin 1269, est un épisode marquant des luttes entre Guelfes et Gibelins en Italie médiévale. Elle opposa les forces guelfes de Colle et leurs alliés florentins aux troupes gibelines menées par les Siennois et leurs alliés. Malgré leur infériorité numérique, les Guelfes remportèrent une victoire éclatante, marquant un tournant décisif dans la rivalité entre les deux factions.
Neuf ans avant la bataille de Colle, les Gibelins de Sienne infligèrent une défaite écrasante aux Guelfes florentins lors de la bataille de Montaperti (1260), consolidant leur domination dans la région. Cependant, les tensions restèrent vives, et les Guelfes, soutenus par le roi Charles d’Anjou, continuèrent à lutter pour reprendre le contrôle.
En 1268, la défaite des Gibelins à la bataille de Tagliacozzo et l’exécution de Conradin marquèrent la fin des Hohenstaufen en Italie. Cependant, les Gibelins continuèrent leurs opérations, prenant des positions stratégiques dans des forteresses comme le château d’Ulignano, ce qui entraîna une riposte guelfe menée par les Colligiani et San Gimignano.
Les forces gibelines, dirigées par Provenzano Salvani et Guido Novello, comptaient environ 1 400 chevaliers et 8 000 fantassins. Ces troupes comprenaient des soldats siennois, pisans, espagnols, allemands et des exilés florentins. Elles établirent leur camp près de l’abbaye de Spugna, à proximité de Colle.
Les Guelfes de Colle, surpris par l’arrivée des Siennois, s’enfermèrent dans leurs fortifications et demandèrent de l’aide à Florence. Le maréchal Giambertoldo, vicaire du roi Charles d’Anjou, prit la tête des forces guelfes, comprenant 800 chevaliers et 300 fantassins colligiani. Bien que numériquement inférieurs, ils comptaient sur la ruse et la stratégie pour compenser leur désavantage.
Pour intimider les Gibelins, les forces guelfes firent croire que des renforts florentins étaient déjà présents à Colle. En réalité, ces troupes étaient encore à Barberino, mais le stratagème fonctionna, incitant les Gibelins à se replier sur une colline à San Marziale.
Giambertoldo ordonna à ses milices de Colle de se cacher derrière la colline. Il fit détruire le pont de San Marziale pour empêcher la fuite des Gibelins et ralentir leur retraite. Lorsque la bataille commença, les troupes guelfes surprirent les Siennois en attaquant de front tandis que les milices colligiani surgissaient par l’arrière en criant et brandissant leurs armes.
Malgré les efforts de Provenzano Salvani pour motiver ses hommes, les Gibelins furent rapidement submergés. La panique s’installa, les soldats fuirent, et de nombreux Siennois furent tués ou capturés. Salvani, refusant de fuir, mourut en combat singulier contre Regolino Tolomei, son rival juré.
La bataille de Colle renforça la position des Guelfes en Toscane et signa le début du déclin de l’influence gibeline dans la région. Florence et ses alliés consolidèrent leur pouvoir, tandis que Sienne perdit un de ses plus grands leaders avec la mort de Provenzano Salvani.
L’épisode de Colle est immortalisé dans La Divine Comédie de Dante, où Sapia Salvani, une aristocrate siennoise qui souhaita la défaite de ses propres concitoyens, est évoquée comme un exemple d’orgueil et de repentir dans le Purgatoire. Cet événement illustre également les divisions internes qui affaiblirent les Gibelins.
La bataille de Colle (1269) marque une étape importante dans la lutte entre Guelfes et Gibelins. Elle illustre comment la ruse et une stratégie bien exécutée peuvent triompher sur une force numériquement supérieure. Cette victoire, bien que locale, a contribué à affaiblir durablement les Gibelins en Toscane.
Auteur : Stéphane Jeanneteau, Juin 2015