La Rupture Entre Deux Royaumes
La bataille de Dunbar, le 27 avril 1296, fut un événement décisif dans la campagne d’invasion menée par Édouard Ier d’Angleterre pour soumettre l’Écosse. Cette confrontation marqua le début des guerres d'indépendance écossaises. Le conflit prit racine dans la relation fracturée entre Édouard Ier et John Balliol, roi d'Écosse. Couronné en 1292 avec l’appui d’Édouard, Balliol refusa plus tard de soutenir les ambitions militaires anglaises contre la France et signa une alliance avec cette dernière.
En réponse, Édouard envahit l’Écosse en mars 1296. Après avoir capturé et massacré Berwick, les forces anglaises avancèrent vers Dunbar, une place forte stratégique. Bien que le comte de March, propriétaire du château, fût un allié des Anglais, sa femme, Marjory Comyn, soutenait les Écossais et céda la forteresse à leurs troupes.
Les Forces en Présence
L’armée écossaise
- Effectifs : Probablement entre 10 000 et 15 000 hommes, bien que les chiffres avancés de 40 000 soient jugés exagérés.
- Composition:
- Une cavalerie limitée.
- Des fantassins peu entraînés, recrutés localement.
- Commandement : Des nobles écossais, sans la présence directe de John Balliol.
L’armée anglaise
- Effectifs : Environ 12 000 hommes.
- Composition:
- Une forte cavalerie commandée par John de Warenne, comte de Surrey.
- Des archers anglais, réputés pour leur efficacité.
- Commandement : John de Warenne, un lieutenant expérimenté d’Édouard Ier.
Déroulement de la Bataille
1. La Rencontre
Le 27 avril 1296, les deux armées se rencontrèrent près de Dunbar. L’armée écossaise, postée sur des hauteurs, tentait de profiter de l’avantage géographique.
2. La Charge Écossaise
Selon certaines chroniques, les Écossais descendirent des collines pour attaquer les Anglais traversant une dépression géographique. Cependant, leur charge fut mal coordonnée. La cavalerie anglaise, soutenue par ses archers, repoussa les Écossais et exploita leur désorganisation.
3. La Débandade
Alors que les cavaliers écossais s’enfuyaient, les fantassins furent abandonnés à leur sort. Selon certaines sources, seule une poignée de nobles resta pour combattre, tandis que le reste de l’armée s’enfuit dans la forêt d’Ettrick.
4. La Capitulation
Le lendemain, Édouard Ier arriva à Dunbar et exigea la reddition du château. La garnison se rendit sans résistance. Plusieurs nobles écossais furent capturés, dont John Comyn, comte de Buchan, ainsi que les comtes d’Atholl, Ross et Menteith.
Conséquences de la Bataille
1. La Soumission de l’Écosse
Dunbar marqua le début d’une série de capitulations. Les châteaux de Roxburgh, Édimbourg et Stirling tombèrent rapidement aux mains des Anglais. En juillet 1296, John Balliol se rendit et fut contraint d’abdiquer. Il fut humilié à Montrose, dépouillé de ses insignes royaux, puis envoyé en captivité en Angleterre avec son fils.
2. La Fin Provisoire de l’Indépendance Écossaise
Édouard Ier annexa l’Écosse, l’intégrant à la couronne anglaise comme une province. Il confisqua les Regalia écossaises, la Pierre du Destin et les archives royales, symboles de la souveraineté écossaise.
3. La Naissance d’une Résistance
Malgré la soumission temporaire de l’Écosse, la brutalité d’Édouard et l’occupation anglaise nourrirent une résistance croissante. Moins d’un an après Dunbar, William Wallace et Andrew Moray organisèrent une rébellion, marquant le début d’une lutte prolongée pour l’indépendance écossaise.
Analyse : Une Victoire Anglaise Écrasante
La bataille de Dunbar illustre l’écart militaire entre l’Angleterre et l’Écosse à cette époque. L’armée anglaise, mieux équipée et entraînée, domina une force écossaise divisée et mal commandée. Cependant, cette victoire, bien qu’éclatante, ne mit pas fin aux aspirations écossaises d’indépendance.
Sources et Références
- Barrow, G. W. S., Robert Bruce and the Community of the Realm of Scotland
- Prestwich, Michael, Edward I
- Ross, David, The Wars of Independence
- Morris, Marc, A Great and Terrible King: Edward I and the Forging of Britain