Au XIIIᵉ siècle, la Flandre, région riche et prospère, est un enjeu stratégique majeur pour les rois de France. Depuis la bataille de Bouvines (1214), la monarchie française maintenait une forte présence dans la région, cherchant à affirmer son autorité sur les comtes flamands. Cependant, cette domination suscita une opposition croissante, notamment de la part de Gui de Dampierre, comte de Flandre, qui rêvait de s’émanciper de l’influence française.
Gui de Dampierre, en conflit ouvert avec Philippe le Bel, se rapprocha du roi d’Angleterre, Édouard Ier, pour renforcer sa position. Ce rapprochement fut symbolisé par la tentative de marier sa fille Philippine au prince de Galles, futur Édouard II, sans l’accord du roi de France. En réponse, Philippe le Bel fit emprisonner Philippine et imposa des conditions humiliantes à Gui, exacerbant les tensions.
En janvier 1297, Philippe le Bel confisqua la Flandre, déclenchant une guerre ouverte. Tandis que Gui de Dampierre comptait sur le soutien de ses alliés (notamment Édouard Ier et des princes allemands), Philippe le Bel mobilisa une puissante armée, soutenue par des factions locales favorables à la couronne française, les Léliarts.
À l’été 1297, Philippe le Bel pénétra en Flandre avec une armée massive et assiégea Lille, une place forte clé. Après deux mois de siège, la ville capitula le 1er septembre. Le roi divisa alors ses forces : une partie fut confiée à Robert II d’Artois, chargé de soumettre la Flandre maritime.
Robert d’Artois avança rapidement, capturant Béthune, Saint-Omer, Cassel et Bergues. Apprenant que des forces alliées au comte de Flandre, composées notamment de contingents allemands dirigés par Walram de Juliers et Jean de Gavre, fortifiaient Furnes, il marcha sur cette ville stratégique.
La bataille eut lieu en août 1297 à Bulscamp, une section de l’actuelle ville de Furnes.
Le combat fut intense et semblait équilibré, mais un événement déterminant changea le cours de la bataille :
La défaite à Furnes affaiblit considérablement la position de Gui de Dampierre. Bien que soutenu par Édouard Ier, le comte de Flandre se retrouva isolé après l’armistice conclu entre la France et l’Angleterre. Cette situation précipita la domination française en Flandre pour les années suivantes.
La victoire permit à Robert d’Artois de poursuivre sa campagne en Flandre maritime, capturant Dixmude et Nieuport avant de rejoindre Philippe le Bel à Lille. Cependant, Robert II d’Artois perdit son fils, Philippe d’Artois, mort de ses blessures après la bataille, ce qui eut des conséquences dynastiques importantes.
La mort prématurée de Philippe d’Artois fit que le comté d’Artois revint à sa tante Mahaut d’Artois. Le fils de Philippe, Robert III d’Artois, contesta cet héritage toute sa vie. Sa querelle avec Mahaut et son bannissement de France le poussèrent à se réfugier en Angleterre, où il joua un rôle dans le déclenchement de la guerre de Cent Ans.
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Auteur : Stéphane Jeanneteau, août 2014
Sources et Références :