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La bataille de Köse Dağ (1243) : Une victoire décisive des Mongols sur les Seldjoukides.

une Anatolie au carrefour des ambitions

En 1242, l’Empire mongol, en pleine expansion sous le règne d’Ögödei Khan, se tourne vers l’Anatolie, dominée par le sultanat seldjoukide de Roum. Ce dernier, sous le règne du sultan Kay Khusraw II, est à son apogée, mais il est affaibli par des tensions internes et les pressions extérieures.

Le général mongol Baïdju, nommé pour succéder à Tchormaghan comme gouverneur de la Perse, dirige une campagne contre le sultanat de Roum après avoir pillé Erzeroum en 1242. L'Anatolie devient ainsi un théâtre de confrontation entre l’héritage turco-islamique des Seldjoukides et la puissance montante des Mongols.



Carte des beylicats d’Anatolie vers 1330

La bataille de Köse Dağ : un choc asymétrique

Les forces en présence

  • L’armée seldjoukide : Forte de 80 000 hommes, elle rassemble des troupes régulières seldjoukides, des mercenaires francs, un contingent envoyé par l’empereur Manuel Ier de Trébizonde, et des nobles géorgiens de la province de Samtskhe. Cependant, la majorité des Géorgiens sont du côté mongol, leur reine Rousoudan ayant accepté la vassalité envers les Mongols en 1242.
  • L’armée mongole : Bien que moins nombreuse (environ 30 000 hommes), elle bénéficie de la mobilité, de la discipline, et des tactiques supérieures caractéristiques des forces mongoles.

Déroulement de la bataille

La confrontation à Köse Dağ (le "Mont Chauve") met en lumière l’infériorité stratégique des Seldjoukides. Leur armée, bien que numériquement supérieure, manque de coordination et de leadership. En face, Baïdju exploite la supériorité des archers-cavaliers mongols et leur mobilité pour désorganiser les lignes ennemies.

La bataille s’achève par une victoire écrasante des Mongols. Les forces seldjoukides sont mises en déroute, et Kay Khusraw II fuit le champ de bataille, laissant son armée se désintégrer.


Conséquences de la bataille

Désintégration du sultanat de Roum

  • La défaite de Köse Dağ marque le début de l’effondrement du sultanat seldjoukide. Déjà affaibli, le sultanat perd sa capacité à résister aux incursions extérieures et tombe rapidement sous la domination mongole.
  • Kay Khusraw II est contraint de se soumettre aux Mongols, de payer un tribut, et de reconnaître leur autorité.

Extension de l’Empire mongol

  • Après la bataille, Baïdju poursuit sa campagne, pillant les villes stratégiques de Sivas, Tokat, et Kayseri. Ces destructions permettent aux Mongols de sécuriser leur emprise sur l’Anatolie centrale.
  • L’empereur de Trébizonde, Manuel Ier, ainsi que le roi de Petite-Arménie, Héthoum Ier, choisissent de se déclarer vassaux des Mongols pour éviter de subir le même sort.

Émergence des beylicats

  • La défaite des Seldjoukides entraîne une fragmentation politique en Anatolie. Le pouvoir central du sultanat s’effrite, laissant place à une mosaïque de petits États indépendants, les beylicats.
  • Ces beylicats seront progressivement absorbés par le plus puissant d’entre eux, les Ottomans, qui fonderont un empire sur les ruines du sultanat seldjoukide.

Conséquences pour les États voisins

  • L’empire de Nicée, principal rival des Seldjoukides, est désormais voisin des Mongols, ce qui modifie l’équilibre des pouvoirs en Anatolie.
  • La Cilicie arménienne bénéficie d’une relative stabilité en se soumettant aux Mongols, une politique qui protège temporairement la région des incursions mameloukes.



Sources et références

  1. Morgan, David. The Mongols.
  2. Amitai-Preiss, Reuven. The Mamluk-Ilkhanid War.
  3. Cahen, Claude. Pre-Ottoman Turkey: A General Survey of the Material and Spiritual Culture and History c. 1071-1330.
  4. Grousset, René. L’Empire des steppes.
  5. Jackson, Peter. The Mongols and the Islamic World: From Conquest to Conversion.

Auteur : Stéphane Jeanneteau, février 2015.