Au début du XIIIe siècle, l'Empire mongol sous Gengis Khan entreprit une série de conquêtes dévastatrices, s'étendant de l'Asie centrale à l'Occident. En 1219, le sultanat du Khwarezm fut envahi après que son souverain, Ala ad-Din Muhammad, eut défié l’autorité mongole en massacrant une caravane marchande. La campagne se termina par la destruction totale du Khwarezm en 1221.
Dans le même temps, deux des plus brillants généraux mongols, Djebé et Subötaï, furent envoyés en mission pour poursuivre Ala ad-Din Muhammad, qui mourut en fuite sur la mer Caspienne. Plutôt que de retourner auprès de Gengis Khan, Djebé et Subötaï décidèrent de poursuivre leur campagne, ravageant la Géorgie, l'Azerbaïdjan, et les steppes du nord de la mer Noire.
Appelés à l’aide par le khan couman Koutan, les princes Rus' acceptèrent d’affronter les Mongols. Confiants en leur supériorité numérique, ils se précipitèrent sans attendre dans une campagne mal préparée. Les Mongols, usant de leur tactique habituelle, simulèrent une retraite pour attirer leurs adversaires dans une embuscade.
Près de la rivière Kalka, les Mongols se retournèrent brusquement contre leurs poursuivants. Utilisant leur cavalerie légère pour harceler l’ennemi et leur cavalerie lourde pour des charges décisives, ils semèrent rapidement le chaos dans les rangs adverses.
Les forces rus'-coumanes furent encerclées et anéanties. Les Coumans, qui composaient l'avant-garde, furent les premiers à céder et à s’enfuir, laissant les princes Rus' isolés. Mstislav Romanovitch de Kiev, encerclé, tenta de négocier sa reddition, mais les Mongols exécutèrent les captifs, écrasant toute résistance.
La bataille de la rivière Kalka démontra la supériorité stratégique et tactique des Mongols. Bien qu'en infériorité numérique, leur discipline, leur mobilité, et leur maîtrise des embuscades leur permirent de défaire une coalition mal coordonnée.
Après leur victoire, les Mongols pillèrent les territoires environnants, y compris les comptoirs commerciaux génois de Crimée. Cependant, ce raid n’était qu’une reconnaissance stratégique, et ils retournèrent vers l’Asie centrale sans chercher à occuper durablement le territoire.
Malgré leur défaite, les princes Rus' ne comprirent pas la menace représentée par les Mongols. Leur incapacité à s’unir en une force centralisée allait se révéler fatale lors des invasions mongoles de 1237-1240, qui conduisirent à l’établissement du « joug mongol » sur la Russie pendant plus de deux siècles.
Pour Djebé et Subötaï, la campagne de 1222 fut une reconnaissance stratégique précieuse. Elle leur permit de comprendre le terrain, les divisions politiques des Rus', et la faiblesse de leur organisation militaire. Ces informations furent cruciales lors des invasions ultérieures dirigées par Batu Khan et Subötaï.