Après la victoire byzantine à la bataille de Pélagonia en 1259, Guillaume II de Villehardouin, prince d’Achaïe, est capturé et contraint de céder des forteresses stratégiques du Péloponnèse, telles que Mistra, Monemvasia et Le Grand Magne, en échange de sa liberté. Il prête également un serment de vassalité à l’empereur Michel VIII Paléologue. Cependant, de retour en Morée, Guillaume renie son serment et cherche le soutien du pape et des puissances latines pour contrer l'expansion byzantine.
En réponse, Michel VIII envoie une expédition militaire en Morée en 1262-1263, sous la direction de son demi-frère, le sébastocrator Constantin Paléologue. Cette expédition marque le début d’une nouvelle phase dans la lutte pour la reconquête du Péloponnèse.
L’armée byzantine, composée de mercenaires turcs, de troupes grecques d’Asie Mineure et d’autres contingents, obtient plusieurs succès initiaux. Constantin Paléologue prend le contrôle de la Laconie et menace Andravida, capitale de la principauté d’Achaïe.
Cependant, les Byzantins subissent une défaite majeure à la bataille de Prinitza, où une petite armée latine disperse leurs forces. Ce revers ralentit l’avancée byzantine et met en lumière les limites de leur campagne.
Au début de 1263 ou 1264, Constantin reprend l’offensive, mais son armée souffre d’un manque de coordination. Lors d’une escarmouche à Mesiskli, le chef de l’avant-garde byzantine, Michel Cantacuzène, est tué par les Latins. Cette perte perturbe les Byzantins, et Constantin lève le siège de Nikli.
Les mercenaires turcs, dirigés par Melik et Shalik, réclament des arriérés de solde. Constantin, irrité et en difficulté, refuse leur demande. Les mercenaires passent alors au service de Guillaume II, affaiblissant davantage les Byzantins. Prétextant une maladie, Constantin retourne à Constantinople, laissant le commandement à Alexis Philès et Jean Makrénos.
Alexis Philès mène les restes de l’armée byzantine vers la passe stratégique de Makryplagi, près du château de Gardiki, en Messénie. Les Byzantins prennent des positions défensives, mais Guillaume II, renforcé par ses nouveaux alliés turcs, lance une offensive.
Les deux premières attaques latines échouent face à la solidité des positions byzantines. Cependant, lors d’une troisième charge dirigée par Ancelin de Toucy, les lignes byzantines sont percées, provoquant une déroute complète de l’armée byzantine.
Les généraux byzantins Alexis Philès, Jean Makrénos et Alexis Kaballarios sont capturés, ainsi que de nombreux nobles grecs. Les prisonniers sont conduits devant Guillaume à Veligosti, où une conversation illustre les revendications opposées des Grecs et des Latins sur la Morée.
Guillaume poursuit son avance en direction de la forteresse de Mistra, mais il échoue à la prendre. Il refortifie Sparte et pille les environs avant de retourner à Nikli.
La défaite à Makryplagi ralentit les ambitions de Michel VIII pour une reconquête rapide de la Morée. Bien que les Byzantins conservent leurs forteresses stratégiques, leurs ressources sont épuisées, et la région reste instable.
Michel VIII tente de stabiliser la situation par des négociations, proposant un mariage entre son fils Andronic II et Isabelle, la fille de Guillaume. Cependant, cette union est rejetée par les barons achéens.
Guillaume II profite de sa victoire pour consolider son contrôle sur le Péloponnèse. Cependant, les combats incessants dévastent la région, réduisant ses ressources et sa capacité à résister à long terme. Guillaume cherche le soutien de Charles d’Anjou et devient son vassal par le traité de Viterbe, en 1267.
La bataille marque un tournant dans la guerre : ni les Byzantins ni les Latins ne parviennent à obtenir une victoire décisive. Le conflit s’enlise, laissant la région exsangue et marquant le début d’une longue période de paix relative, ponctuée d’escarmouches.
Sources et Références :
Auteur : Stéphane Jeanneteau, août 2014.