La septième croisade, dirigée par le roi Louis IX de France, débute avec la prise de Damiette en juin 1249. Malgré ce succès initial, les croisés se retrouvent face à un dilemme stratégique : isoler l’Égypte en prenant Alexandrie ou marcher directement sur Le Caire. Le choix de cette dernière option est motivé par l’arrivée de renforts européens sous le commandement d’Alphonse de Poitiers. La progression des croisés vers le sud débute le 21 décembre 1249, avec l’objectif de s’emparer de Mansourah, point clé de la défense de la capitale égyptienne.
Les Ayyoubides, conscients de l’importance stratégique de Mansourah, concentrent leurs forces pour défendre la ville. Un bras du Nil protège Mansourah, bloquant l’avancée des croisés pendant plusieurs semaines.
Après un mois d’impasse, les croisés parviennent à franchir le bras du Nil grâce à un gué découvert avec l’aide de complices locaux. À l’avant-garde, Robert d’Artois, frère de Louis IX, désobéit aux conseils de prudence des Templiers et lance une attaque précipitée contre les forces musulmanes. Soutenu par les Templiers du grand-maître Guillaume de Sonnac et les Hospitaliers de Jean de Ronay, il surprend la garnison sarrasine et pénètre dans Mansourah.
Un Piège Fatal :
Bien que l’offensive initiale soit couronnée de succès, l’impétuosité de Robert d’Artois se révèle désastreuse. Les mamelouks, dirigés par le redoutable Baybars, se regroupent et contre-attaquent violemment à l’intérieur de la ville. Les croisés, dispersés dans les rues étroites de Mansourah, sont massacrés. Robert d’Artois, le comte de Salisbury, et de nombreux chevaliers périssent. Guillaume de Sonnac survit, mais perd un œil dans la mêlée.
Pendant ce temps, le gros de l’armée croisée traverse le fleuve et affronte une cavalerie sarrasine en contre-attaque. Les croisés parviennent à repousser les forces ennemies et installent un camp devant Mansourah. Toutefois, la position reste précaire, et les croisés subissent une nouvelle attaque des mamelouks le 11 février.
Une Tactique Dévastatrice :
Les mamelouks utilisent du feu grégeois, une arme redoutable qui cause des ravages dans les rangs croisés. Bien que Louis IX mène courageusement la défense et sauve son frère Charles d’Anjou d’une capture, les pertes sont lourdes. Jean de Ronay et Guillaume de Sonnac trouvent la mort lors de ces combats.
Affaibli, Louis IX décide de négocier avec les Ayyoubides. Il propose de restituer Damiette en échange de Jérusalem, une offre initialement formulée par le sultan Malik al-Salih Ayyoub en 1249. Cependant, le nouveau sultan al-Mu'adham refuse l’offre, ayant pris le contrôle de l’Égypte après la mort de son prédécesseur. En mars, les galères égyptiennes coupent la retraite des croisés en détruisant ou capturant leur flotte.
La bataille de Mansourah marque un tournant dans la croisade. Bien que Louis IX parvienne à maintenir une certaine cohésion parmi ses troupes, l’échec à Mansourah expose les limites de la stratégie croisée et met en évidence la supériorité tactique des mamelouks. Les pertes humaines, notamment parmi les chevaliers d’élite, affaiblissent considérablement les croisés.
La bataille illustre également la montée en puissance des mamelouks, dont le rôle décisif annonce leur futur contrôle de l’Égypte. Baybars, qui mène brillamment la défense de Mansourah, deviendra l’un des principaux dirigeants mamelouks et un adversaire redoutable des croisades.
L’échec de la croisade de Louis IX à Mansourah s’inscrit dans une série de revers qui marquent le déclin de l’influence croisée en Terre Sainte. Bien que la croisade se poursuive temporairement, elle finit par s’effondrer avec la capture de Louis IX et la reddition de ses forces.
Sources et Références :
Auteur : Stéphane Jeanneteau, décembre 2014.