Au début du XIIIe siècle, la région correspondant à l’actuelle Belgique est un enchevêtrement de duchés, comtés, et évêchés indépendants. Parmi eux :
En 1212, Henri Ier s'illustre par le sac de Liège, détruisant une grande partie de la ville. Cet acte provoque une rancune tenace entre le duché de Brabant et la principauté de Liège. En 1213, Henri, soutenu par la France, tente de piller à nouveau Liège, pensant que la ville est affaiblie et que la Flandre, sous pression du roi Philippe II de France, ne risquera pas d’intervenir. Toutefois, il se heurte à la nouvelle muraille érigée par les Liégeois et, mal préparé pour un siège prolongé, se retire temporairement.
Hugues de Pierrepont saisit cette occasion pour rassembler ses alliés, notamment :
La rencontre entre les deux camps se fait à Steps, où les deux parties conviennent de l’heure et du lieu de la bataille.
La bataille s’ouvre avec une charge impétueuse entre les forces de Louis II de Looz et celles de Henri Ier. Le choc initial est brutal et déstabilise les deux camps. Le reste des forces entre rapidement dans le combat, les affrontements s’intensifiant.
Selon les chroniqueurs, la bataille tourne en faveur des Liégeois grâce à l’arrivée de la châsse de saint Lambert, portée sur le champ de bataille. Cet artefact religieux aurait galvanisé le moral des troupes liégeoises, leur donnant l’énergie nécessaire pour contre-attaquer.
Le chevalier brabançon qui portait l’armure d’Henri Ier est tué, semant la confusion parmi les troupes brabançonnes, qui pensent leur chef mort. La cavalerie brabançonne commence à fuir, bientôt suivie par les fantassins. La poursuite par les forces liégeoises est impitoyable : les survivants sont traqués jusque dans les villages brabançons, les blessés exécutés et les corps mutilés.
La bataille de Steps marque l’une des premières victoires significatives où une armée composée en grande partie de milices communales défait une force majoritairement noble. Cette victoire renforce l’identité collective des milices liégeoises et leur rôle dans la défense de la principauté.
Bien qu’Henri Ier conserve des forces suffisantes pour continuer à revendiquer le comté de Moha, il subit un coup dur à Steps. Sa défaite entache sa réputation militaire et retarde ses ambitions territoriales.
La victoire consolide la position de Hugues de Pierrepont comme défenseur de la principauté de Liège et de ses alliés. Elle montre la capacité de Liège à résister aux assauts du Brabant, même face à un adversaire puissant comme Henri Ier.
Malgré la défaite, Henri Ier continue à revendiquer le comté de Moha. Cependant, il faudra attendre 1229 pour qu’il renonce définitivement à ses prétentions, permettant à Liège de consolider son influence sur ce territoire.
La bataille de Steps illustre la montée en puissance des forces communales dans les conflits médiévaux, posant les bases d’une évolution des rapports de force entre les nobles et les populations urbaines. Ce modèle se répétera dans les décennies suivantes, notamment lors des conflits entre Flandre et France.
Auteur : Stéphane Jeanneteau, février 2015.