La bataille de Stiklestad, le 29 juillet 1030, marque l'un des épisodes les plus célèbres de l'histoire norvégienne. Elle illustre la collision entre les ambitions politiques, les changements religieux et les rivalités internes qui secouaient la Norvège au XIe siècle. Olaf II Haraldsson, devenu roi de Norvège en 1015, s'était imposé comme un fervent défenseur du christianisme. Son règne fut marqué par une campagne de conversion souvent brutale, qui provoqua de vives résistances parmi les chefs païens et les élites locales.
En 1028, ces tensions culminèrent en une guerre civile. Avec le soutien du roi danois Knut le Grand, les jarls païens, notamment les puissants jarls de Lade, réussirent à chasser Olaf du trône. Contraint à l’exil, Olaf trouva refuge à Novgorod, dans la Rus’ de Kiev, où il prépara sa revanche. Son retour en Norvège en 1030, après la mort du dernier jarl de Lade, marqua le début de sa tentative de reconquête du trône.
Déterminé à récupérer son royaume, Olaf constitua une armée d’environ 3 600 hommes, composée de fidèles et de mercenaires, recrutés principalement en Suède et dans les régions frontalières. Traversant les montagnes de Verdal, il pénétra en Norvège, gagnant le soutien de certaines communautés chrétiennes et de clans désireux de renverser l’influence danoise.
Cependant, la majorité des Norvégiens, épuisés par les campagnes de conversion d'Olaf, s'opposèrent à son retour. Une armée d'environ 7 000 hommes, majoritairement composée de paysans mais soutenue par des chefs locaux, se mobilisa pour bloquer son avancée. Les forces loyalistes, bien qu’improvisées, étaient supérieures en nombre et motivées par le rejet de l’ancien roi.
La bataille de Stiklestad, détaillée dans la Heimskringla de Snorri Sturluson, se déroula le 29 juillet 1030. Elle fut l'une des batailles les plus emblématiques de la Scandinavie médiévale. Les deux camps s'affrontèrent avec acharnement tout au long de la journée. La topographie du lieu, située dans une vallée étroite, joua un rôle stratégique, limitant les mouvements de l'armée d’Olaf.
Malgré la détermination de ses hommes, Olaf fut dépassé par la supériorité numérique de ses ennemis. Dans les derniers instants du combat, il fut frappé à trois reprises : une lance dans le ventre, une épée dans la jambe et une hache mortelle à la tête. Gravement blessé, il succomba dans la soirée. Son demi-frère Harald, qui deviendra plus tard Harald Hardrada, parvint à s’échapper malgré de graves blessures.
Après la bataille, le corps d’Olaf fut transporté et enterré à Nidaros (aujourd’hui Trondheim). Cet événement marqua la fin de sa tentative de reconquête et la consolidation du pouvoir danois en Norvège.
Bien qu’il soit mort en disgrâce, Olaf II devint rapidement une figure vénérée. Un an après sa mort, en août 1031, il fut canonisé par l’Église catholique. Sa canonisation, appuyée par des récits de miracles attribués à sa tombe, renforça son statut de saint patron de la Norvège. La cathédrale de Nidaros fut érigée sur son lieu de sépulture, devenant un lieu de pèlerinage important pour les chrétiens scandinaves.
L’héritage d’Olaf en tant que saint et roi joua un rôle crucial dans la consolidation du christianisme en Norvège. Sa mort tragique et son culte posthume cimentèrent l’idée d’une Norvège unifiée sous une foi commune. Paradoxalement, sa chute permit aussi à ses successeurs de réconcilier les factions rivales et de stabiliser le royaume.