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La Bataille de Varey (1325) : Un Affrontement entre le Dauphiné et la Savoie.

La « Guerre de Cent Ans » entre Savoie et Dauphiné

La bataille de Varey, qui se déroula en 1325, s'inscrit dans une longue rivalité entre deux maisons puissantes du sud-est de la France : les comtes de Savoie et les dauphins du Viennois. Ce conflit, souvent qualifié de « guerre de cent ans » par les historiens, prit racine au XIIIᵉ siècle, lorsque la maison de Savoie tenta de reprendre le contrôle du Faucigny, une région devenue une enclave dauphinoise à la suite d’un mariage stratégique.

Les Acteurs

  • Le Dauphiné : Gouverné par le jeune Guigues VIII, soutenu par des alliés tels que les comtes de Genève et les seigneurs locaux.
  • La Savoie : Dirigée par Édouard de Savoie, fils d’Amédée V, avec le soutien des seigneurs de Beaujeu et des Bourguignons.

Un Conflit Alimenté par des Revendications Territoriales

Depuis les années 1320, les hostilités s’intensifièrent. En 1323, Hugues de Genève rendit hommage au Dauphin Guigues pour plusieurs châteaux, dont celui de Varey, ce qui provoqua la colère d’Édouard de Savoie. Décidé à reprendre le contrôle de cette position stratégique, Édouard mobilisa son ost pour assiéger Varey.


Le Siège de Varey

En 1325, Édouard de Savoie mena une armée équipée de machines de guerre à Bourg-en-Bresse, d’où il lança une campagne contre le château de Varey, situé près de Saint-Jean-le-Vieux.

  • Les Assauts Savoyards : Le château, puissamment fortifié, fut soumis à des bombardements intensifs avec des béliers et des engins de jet. La garnison, commandée par Guillaume de Tournon, résista farouchement mais demanda une trêve de dix jours pour solliciter l’aide de Guigues VIII.

  • L’Arrivée de l’Armée Dauphinoise : Le Dauphin mobilisa ses forces à Crémieu et, profitant d’un manque de vigilance savoyard, parvint à contourner leurs positions pour surprendre l’ost ennemi près du château.


La Bataille de Varey

Le Déploiement des Forces

Guigues VIII organisa son armée en trois lignes :

  1. L’avant-garde : Commandée par Raymond de Baux, destinée à percer les lignes savoyardes.
  2. Le corps central : Dirigé par le Dauphin et ses alliés, Amédée et Hugues de Genève, chargé d’exploiter les brèches.
  3. L’arrière-garde : Sous Aymar de Poitiers, destinée à poursuivre les fuyards.

Le Combat

  • L’Assaut Savoyard : Les Bourguignons, alliés de Savoie, brisèrent l’avant-garde dauphinoise, mais leur avancée fut stoppée par le corps central dauphinois.
  • La Riposte Dauphinoise : Les forces de Guigues, soutenues par une sortie de la garnison de Varey, prirent les Savoyards à revers, semant la confusion dans leurs rangs.
  • La Défaite Savoyarde : Édouard de Savoie fut capturé un instant mais réussit à s’échapper. Les forces savoyardes furent mises en déroute, et leur campement, richement doté, fut pillé.

Les Conséquences de la Bataille

Pour la Savoie

La défaite à Varey affaiblit considérablement la position d’Édouard. Bien qu’il ait préservé ses capacités militaires, sa défaite symbolisa un échec majeur dans ses ambitions sur le Faucigny.

Pour le Dauphiné

La victoire renforça la position de Guigues VIII, mais elle ne fut pas pleinement exploitée. Le conflit se poursuivit par des chevauchées sporadiques et des trêves jusqu’à la mort d’Édouard en 1329 et celle de Guigues en 1333.

Une Paix Tardive

Les tensions persistèrent jusqu’en 1355, lorsque le traité de Paris mit fin aux hostilités entre les deux maisons. Ce traité, signé sous l’égide du roi de France, établit un échange territorial : le Dauphiné renonça au Faucigny, et la Savoie abandonna ses possessions dans le Viennois.



Auteur : Stéphane Jeanneteau, août 2014
Sources et Références :

  • Bernard Demotz, La Maison de Savoie, Xe-XIIIe siècles
  • Alfred Dufour, Histoire du droit en Europe
  • Jean-Pierre Leguay, Chevaliers et Seigneurs au Moyen Âge
  • Chroniques de Froissart