La bataille navale de l'Helgea, survenue en 1026, illustre les luttes acharnées pour le contrôle de la Scandinavie au XIe siècle. Cette période était marquée par l'ambition de Knut Ier le Grand, roi du Danemark et d'Angleterre, de consolider son hégémonie sur l'ensemble des royaumes nordiques. Déjà souverain d’un empire anglo-danois florissant, Knut cherchait à étendre son pouvoir à la Norvège, un royaume divisé et disputé.
Face à cette ambition expansionniste, une coalition se forma entre Anund Jacob, roi de Suède, et Olaf II Haraldsson, roi de Norvège. Ces deux souverains, unis par une volonté commune de contrer l'influence danoise, préparèrent une défense conjointe contre la flotte de Knut, connue pour sa taille impressionnante et sa puissance logistique. La rivière Helgea (aujourd'hui Helge å, en Suède) fut choisie comme théâtre de la confrontation, en raison de ses caractéristiques géographiques favorables à une stratégie défensive.
La stratégie d'Anund Jacob et d'Olaf le Fort (Olaf II) reposait sur l’exploitation de l’environnement naturel. Conscients de la supériorité numérique et technique de la flotte danoise, ils mirent en place un barrage constitué de troncs d’arbres et de tourbe, destiné à piéger les navires ennemis dans la rivière. Ce dispositif, ingénieux pour l’époque, avait pour but de ralentir la progression de la flotte de Knut et de maximiser les pertes dès le début du combat.
De son côté, Knut le Grand, accompagné de son principal commandant, le Jarl Ulf, mobilisa une flotte massive. Son propre navire, décrit par les chroniqueurs comme mesurant près de 80 mètres, symbolisait la puissance de son armée. Cette démonstration de force visait autant à impressionner ses adversaires qu’à inspirer crainte et loyauté parmi ses alliés.
Lorsque la flotte de Knut arriva à la rivière Helgea, Anund Jacob et Olaf libérèrent les eaux retenues par le barrage, déclenchant une véritable inondation. Ce déluge provoqua un chaos initial parmi les navires danois. Certains furent détruits ou désorganisés par la force des eaux, offrant un avantage momentané aux forces suédo-norvégiennes.
Cependant, malgré ces pertes, la flotte de Knut conserva une cohésion suffisante pour contre-attaquer. Sa supériorité navale et la discipline de ses forces lui permirent de reprendre l’initiative. Les navires restants, bien équipés et menés par des commandants expérimentés, infligèrent de lourdes pertes aux forces d’Anund et d’Olaf. La bataille se solda par une victoire pour Knut le Grand, consolidant sa position comme l’un des chefs les plus redoutables de la région.
Cette victoire marqua un tournant majeur dans l’histoire scandinave. Deux ans après la bataille, en 1028, Knut le Grand devint roi de Norvège, étendant ainsi son empire anglo-danois aux terres norvégiennes. Il réussit à asseoir une domination inégalée, bien que son règne fût constamment marqué par des défis locaux et des rivalités internes.
Pour la Suède et la Norvège, cette défaite souligna les limites de leur coalition face à la puissance danoise. Olaf Haraldsson, affaibli par cet échec, dut faire face à une montée des oppositions internes en Norvège, qui culmina par sa mort à la bataille de Stiklestad en 1030. Anund Jacob, bien que moins affecté politiquement, perdit une occasion majeure de contester la domination danoise.