La bataille navale de Sandwich, qui eut lieu le 24 août 1217, s’inscrit dans le cadre des troubles qui secouèrent l’Angleterre après la mort de Jean sans Terre en 1216. Son jeune fils, Henri III, n’avait que neuf ans à son avènement, ce qui ouvrit la voie à une rébellion des barons anglais. Ceux-ci, cherchant un leader capable de contrer la dynastie Plantagenêt, offrirent la couronne d’Angleterre au prince Louis de France, futur Louis VIII.
Malgré des succès initiaux, Louis subit une défaite majeure lors de la bataille de Lincoln le 20 mai 1217. Isolé et en infériorité numérique, il fit appel à des renforts depuis la France. C’est dans ce contexte que Blanche de Castille, son épouse, organisa une expédition de secours, composée de 70 navires, pour ravitailler et renforcer les troupes françaises.
La flotte française, commandée par le célèbre marin et ancien pirate Eustache le Moine, comprenait une dizaine de navires de guerre escortant des dizaines de bateaux de ravitaillement lourdement chargés. Bien que préparée pour transporter des renforts et des provisions, cette flotte manquait de mobilité et d’adaptabilité face à une confrontation navale directe.
L’escadre anglaise, dirigée par Hubert de Bourg, gouverneur de Douvres, et Philippe d'Aubigné, gouverneur de Jersey, était plus légère et plus maniable. Composée de navires rapides et armés pour le combat, elle était équipée pour mener des tactiques offensives efficaces, exploitant la vitesse et les conditions météorologiques.
Le 24 août 1217, la flotte française quitta Calais sous un vent favorable. L’escadre anglaise, postée non loin de Sandwich, simula un mouvement de retraite vers Calais, attirant ainsi les Français à découvert. Une fois que le vent tourna en leur faveur, les Anglais attaquèrent à pleine voile, prenant les navires français par surprise.
L’assaut fut marqué par des tactiques innovantes de la part des Anglais.
Les navires français, alourdis par leur cargaison, furent incapables de manœuvrer efficacement. Beaucoup furent coulés par les proues renforcées des navires anglais, servant de béliers, ou capturés. Ce fut une déroute totale, marquant une victoire éclatante pour les Anglais.
Privé de renforts et de provisions, Louis comprit que sa cause en Angleterre était perdue. Le 11 septembre 1217, il signa le traité de Lambeth, renonçant à ses prétentions au trône anglais et quittant l’Angleterre.
La victoire à Sandwich permit de consolider le règne d’Henri III et de restaurer l’autorité Plantagenêt. Elle mit fin aux ambitions françaises sur l’Angleterre pour plusieurs décennies.
La bataille de Sandwich est l’un des premiers exemples où des tactiques navales sophistiquées, comme l’utilisation de projectiles chimiques (chaux vive) et des stratégies de diversion, jouèrent un rôle décisif.
Auteur : Stéphane Jeanneteau, août 2014
Sources et Références :