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La Bataille Navale des Formigues (1285) : Une Victoire Déterminante de la Flotte Catalane.

La Croisade d’Aragon et l’Invasion Française

La bataille navale des Formigues, qui eut lieu le 3 septembre 1285, s’inscrit dans le cadre de la Croisade d’Aragon, une campagne lancée par le pape Martin IV pour soutenir les prétentions de Charles II d’Anjou sur le trône de Sicile. Cette croisade fut également une tentative d’affaiblir Pierre III d’Aragon, un souverain puissant ayant consolidé son influence en Méditerranée.

En 1285, Philippe III de France, surnommé Philippe le Hardi, lança une invasion en Catalogne pour soutenir cette croisade. Cependant, son armée peina à progresser face à la résistance acharnée des Catalans. L’armée française dépendait fortement de sa flotte stationnée le long de la côte pour assurer son ravitaillement. C’est cette dépendance logistique que Roger de Lauria, célèbre amiral de la flotte catalane, exploita avec brio.


Les Forces en Présence

La Flotte Française

La flotte française, positionnée près des îles Formigues, comptait un grand nombre de navires de ravitaillement escortés par des vaisseaux armés. Leur ligne était étirée, une faiblesse tactique que Roger de Lauria remarqua immédiatement.

La Flotte Catalane

Commandée par Roger de Lauria, la flotte catalane arrivait directement de Sicile. Bien que moins nombreuse, elle était composée de navires maniables et soutenue par des équipages expérimentés. Les Catalans excellaient dans l’art de la guerre navale, notamment grâce à leurs arbalétriers, redoutables dans les combats maritimes.


Le Déroulement de la Bataille

La Stratégie de Roger de Lauria

Roger de Lauria comprit que la clé de la victoire résidait dans la division de la ligne ennemie. Dans la nuit du 3 septembre, il attaqua au centre de la formation française, près des îles Formigues, afin de désorganiser l’ensemble de la flotte.

Le Combat

L’escadre catalane encercla rapidement les navires français, utilisant une combinaison de manœuvres agressives et de tirs d’arbalètes.

  • Éperonnage et tirs d’arbalètes : Les Catalans éperonnèrent les navires français et déclenchèrent une pluie de carreaux d’arbalètes, semant le chaos sur les ponts ennemis.
  • Encerclement : Le positionnement catalan empêcha les Français de manœuvrer, amplifiant leurs pertes et leur désorganisation.

La bataille tourna rapidement en faveur des Catalans. Les navires français furent soit capturés, soit coulés. Une fois les défenses brisées, une tuerie massive suivit, comme le voulait l’usage des guerres navales de l’époque.

La Prise de Roses

Après sa victoire, Roger de Lauria se dirigea vers Roses en arborant des pavillons français pour tromper les forces ennemies. Cette ruse permit de capturer les navires français stationnés à Roses et de s’emparer des provisions et des munitions qui y étaient entreposées. La ville fut ainsi reprise par les Catalans.


Conséquences : Une Défaite Fatale pour Philippe III

Pour la France

La défaite des Formigues eut des conséquences désastreuses pour Philippe III et son armée :

  • Rupture du ravitaillement : Privée de soutien logistique, l’armée française fut forcée de battre en retraite.
  • Décès de Philippe III : Gravement malade, Philippe mourut à Perpignan durant la retraite, marquant la fin de l’invasion française en Catalogne.

Pour la Catalogne et l’Aragon

La victoire catalane aux Formigues permit à Pierre III de reprendre l’initiative face à ses adversaires. L’échec français renforça l’autorité de la Couronne d’Aragon et affaiblit l’influence de Charles d’Anjou en Méditerranée.

Pour le Royaume de Majorque

Le roi Jacques II de Majorque, allié des Français, subit les conséquences de la défaite. Son royaume fut confisqué par Pierre III et ne fut rétabli officiellement qu’en 1295, bien que le contrôle effectif revint à Jacques II seulement en 1298.



Auteur : Stéphane Jeanneteau, août 2014
Sources et Références :

  • John H. Pryor, The Age of the Dromon: The Byzantine Navy ca. 500-1204
  • Georges Duby, Le Moyen Âge en lumière
  • Jean Favier, Rois et Chevaliers
  • Encyclopédie Britannica, édition 2023