La déroute de Winchester, survenue en septembre 1141, représente un revers majeur pour Mathilde l’Emperesse dans la guerre civile anglaise connue sous le nom de l’Anarchie (1135-1153). Cette période opposa Étienne de Blois, roi d’Angleterre, à Mathilde, soutenue par une coalition de barons angevins, pour la succession au trône.
Après sa victoire à la bataille de Lincoln en février 1141, Mathilde détenait un avantage stratégique considérable : le roi Étienne était captif, et elle se déclara "Dame des Anglais". Cependant, son incapacité à gérer ses partisans, son arrogance envers les institutions anglaises, et la défection de plusieurs barons affaiblirent son contrôle sur le royaume. La déroute de Winchester démontra l’importance de la diplomatie dans un conflit où les alliances fluctuantes jouaient un rôle crucial.
Mathilde était accompagnée de son demi-frère, Robert de Gloucester, un commandant expérimenté et soutien principal de sa cause. Leur armée comprenait des chevaliers angevins et des troupes alliées galloises et écossaises sous la bannière du roi David Ier d’Écosse.
Après la capture de son mari, Mathilde de Boulogne, reine d’Étienne, prit la tête des forces royalistes. Soutenue par Guillaume d’Ypres, un commandant de mercenaires habile, et l’évêque Henri de Blois, frère d’Étienne, elle mobilisa des troupes issues de Londres et du Kent, ainsi que des barons naguère indécis.
En août 1141, Mathilde marcha sur Winchester pour contraindre l’évêque Henri de Blois à la couronner. Robert de Gloucester captura le château royal, tandis que Mathilde assiégea le palais de Wolvesey, résidence de l’évêque. Cependant, Henri appela à l’aide, et Mathilde de Boulogne rassembla une puissante armée royaliste pour intervenir.
La situation prit une tournure inhabituelle : l’armée de Mathilde, assiégeant Wolvesey, fut elle-même encerclée par les forces royalistes à l’extérieur de la ville. En infériorité numérique, les Angevins furent coupés de leurs routes de ravitaillement et menacés d’encerclement total.
Plusieurs barons, dont Geoffrey de Mandeville et Gilbert de Clare, abandonnèrent Mathilde pour rejoindre le camp royaliste. Cette défection, combinée à l’arrivée de renforts royalistes menés par Guillaume d’Ypres et la milice londonienne, renforça l’étau autour des Angevins.
Le 14 septembre, Mathilde ordonna une retraite précipitée. Protégée par Robert de Gloucester, elle parvint à s’échapper vers Devizes, bien que de nombreux soldats angevins soient capturés ou tués. Robert, resté à l’arrière-garde, fut encerclé et capturé. Un autre contingent, retranché à l’abbaye de Wherwell, fut massacré ou capturé après l’incendie du monastère.
La capture de Robert de Gloucester, principal stratège militaire des Angevins, porta un coup sévère à la cause de Mathilde. Sans lui, Mathilde manquait d’un chef capable de coordonner ses forces.
En novembre 1141, Mathilde accepta d’échanger Robert contre Étienne, rétablissant l’équilibre des forces. Bien qu’elle eût encore des partisans, cette décision marqua la perte de l’avantage stratégique obtenu à Lincoln.
La défaite à Winchester dissipa les espoirs de Mathilde de s’imposer rapidement comme souveraine. La guerre civile continua jusqu’en 1153, lorsqu’un accord fut finalement conclu entre Étienne et le fils de Mathilde, Henri II.
Arrogance Politique
Mathilde sous-estima le pouvoir d’Henri de Blois et ne parvint pas à s’assurer des soutiens durables parmi les barons anglais. Sa fuite précipitée de Londres en juin et ses erreurs à Winchester montrèrent une méconnaissance des subtilités politiques anglaises.
Dépendance envers Robert de Gloucester
La capture de Robert révéla à quel point Mathilde dépendait de son demi-frère pour mener ses armées et rallier ses partisans.