Après la prise de Jérusalem par les croisés en juillet 1099, les Fatimides d’Égypte, déjà affaiblis par des divisions internes et des rivalités régionales, ne peuvent rester inactifs. Le vizir Al-Afdhal, conscient de la menace posée par les croisés, rassemble une armée estimée à 30 000 hommes, composée de mercenaires éthiopiens, de troupes berbères et de soldats musulmans de diverses origines. Il espère reprendre Jérusalem et restaurer l’autorité fatimide en Palestine.
Plutôt que d’attaquer immédiatement Jérusalem, Al-Afdhal choisit de stationner près d’Ascalon, une forteresse clé sur la côte méditerranéenne. Ce choix stratégique vise à établir une base d’opérations, mais il offre aux croisés une opportunité de prendre l’initiative.
L’armée croisée, menée par Godefroy de Bouillon, se mobilise rapidement. Malgré les tensions internes entre les chefs croisés, notamment entre Godefroy et Raymond de Toulouse, les Francs s’accordent sur l’importance d’affronter l’armée fatimide avant qu’elle ne menace directement Jérusalem. Refusant les propositions de négociations envoyées par Al-Afdhal, les croisés avancent vers Ascalon.
Grâce à leur discipline et à leur coordination, les croisés franchissent sans opposition le fleuve Nahr-es-Sanye, situé entre Jérusalem et Ascalon, et se préparent à l’assaut.
La bataille débute par une attaque conjointe de l’infanterie et de la cavalerie franque contre l’aile droite de l’armée fatimide, où se concentrent les forces principales ennemies. Les troupes croisées, malgré leur infériorité numérique, exploitent leur meilleure organisation et l’effet de surprise pour désorganiser les rangs musulmans.
Les mercenaires éthiopiens tentent de contenir l’assaut, mais ils sont rapidement submergés. La cavalerie franque, dirigée par des chefs expérimentés, achève de disperser l’armée fatimide, provoquant une retraite précipitée. La victoire croisée est décisive, et l’armée d’Al-Afdhal subit de lourdes pertes.
La victoire d’Ascalon permet aux croisés de confirmer leur emprise sur Jérusalem et la Palestine. Cette défaite humiliante affaiblit temporairement les Fatimides, qui perdent leur crédibilité auprès des seigneurs locaux. De nombreux émirats et villes musulmanes préfèrent conclure des traités avec les croisés ou éviter tout affrontement direct, consolidant ainsi la position des Francs en Terre Sainte.
Cependant, cette victoire est incomplète. Un différend entre Godefroy de Bouillon et Raymond de Toulouse empêche l’occupation d’Ascalon, malgré son importance stratégique. La ville reste sous contrôle fatimide, servant de base pour des raids futurs contre le royaume latin de Jérusalem. Ce refus d’unité entre les croisés limite l’impact stratégique de leur victoire.
L’un des héritages inattendus d’Ascalon est la variété d’oignons rouges cultivée dans la région, rapportée en Europe par les croisés. Cet oignon, appelé échalote par les Francs, deviendra un ingrédient populaire dans la cuisine occidentale.
Auteur : Stéphane Jeanneteau, décembre 2014