En 1211, la croisade contre les Albigeois atteint un tournant. Après avoir conquis les vicomtés des Trencavel (Béziers, Albi, Carcassonne et Razès) et pris des bastions clés comme Minerve, Termes et Cabaret, Simon de Montfort tourne son attention vers Toulouse, le cœur des possessions de Raymond VI.
Raymond VI de Toulouse, figure de proue de la résistance méridionale, est une cible majeure pour les Croisés. Son excommunication, prononcée par l’Église, fait de ses terres un butin légitime pour quiconque est en mesure de les conquérir. Le légat pontifical Arnaud Amaury, stratège spirituel et militaire de la croisade, pousse Simon de Montfort à s’emparer des possessions du comte.
Préparant la défense, Raymond VI adopte une stratégie de terre brûlée : il incendie Castelnaudary, déplace la population et les récoltes vers Toulouse, et ordonne la destruction des infrastructures pouvant aider l’ennemi. Cependant, sa défense est fragilisée par la trahison de son frère, Baudouin de Toulouse, qui capitule devant les forces croisées au château de Montferrand.
Malgré ces revers, Toulouse, grâce à sa population et à ses remparts solides, reste un défi de taille pour Simon de Montfort. Les consuls de la ville, fidèles à leur comte, refusent de céder malgré les pressions exercées par les chefs croisés.
Simon de Montfort et ses alliés, dont Thiébaut Ier de Bar, arrivent devant Toulouse en juin 1211. Les Croisés rencontrent une forte résistance dès leur tentative de franchir l’Hers. Une coalition des comtes de Toulouse, de Foix et de Comminges leur barre la route, obligeant Montfort à ruser. En simulant une retraite, il parvient à traverser l’Hers par un pont inachevé et attaque les forces méridionales, qui se dispersent.
Arrivé devant Toulouse, Simon de Montfort installe son armée et commence les travaux de siège. Sans engins de guerre sophistiqués, il se contente de combler les fossés et utilise de grandes targes pour protéger ses soldats. Cependant, les Toulousains, déterminés et bien organisés, multiplient les sorties pour saboter les efforts croisés. Une tentative audacieuse, menée par les routiers méridionaux, est repoussée, mettant en lumière l’inefficacité des attaques improvisées.
Après deux semaines de siège, les Croisés, à court de vivres et incapables de briser la défense toulousaine, sont contraints de lever le siège le 29 juin.
Cet échec est un revers majeur pour Simon de Montfort. Incapable de soumettre Toulouse, il détourne ses forces vers le comté de Foix, accusé de soutenir la résistance et d’avoir orchestré le massacre des Croisés à Montgey. La chevauchée punitive de Montfort dans le comté de Foix affaiblit ce dernier mais détourne les Croisés de leurs objectifs principaux.
De retour dans les vicomtés des Trencavel, Montfort découvre une situation précaire. Des révoltes éclatent dans les bastions qu’il avait auparavant conquis, tandis que Raymond VI mobilise une nouvelle armée. Bien que Simon de Montfort remporte quelques victoires, notamment à Castelnaudary, son échec à Toulouse donne un répit stratégique à la résistance méridionale.
À plus long terme, cet épisode souligne les limites des Croisés lorsqu’ils affrontent une résistance coordonnée et déterminée. Pourtant, cet échec est de courte durée. La victoire écrasante de Montfort à Muret en 1213 renforce à nouveau sa position, bien que le Languedoc ne soit pacifié que bien des années plus tard.
Sources et Références :
Auteur : Stéphane Jeanneteau, décembre 2014.