Depuis la fin du XIe siècle, l’Occitanie devient un foyer d’effervescence religieuse avec l’émergence du catharisme, un courant considéré comme hérétique par l’Église catholique. Cette doctrine, prônant une vie ascétique et dénonçant la richesse cléricale, séduit une part importante de la population locale, notamment des élites. Alarmé par la diffusion de cette hérésie, le pape Innocent III organise une réponse musclée.
En janvier 1208, l’assassinat du légat pontifical Pierre de Castelnau marque un tournant décisif. Considéré comme une provocation ultime, cet événement pousse le pape à déclarer une croisade contre les cathares. Cette expédition, dirigée par des barons du nord de la France, est autant motivée par la foi que par la promesse de terres et de richesses. Ainsi débute une campagne militaire destinée à soumettre les régions de Béziers et Carcassonne, bastions des Trencavel, une puissante famille occitane.
Après la prise sanglante de Béziers le 22 juillet 1209, qui s’achève par un massacre de grande ampleur, les Croisés tournent leur attention vers Carcassonne. Cette cité fortifiée, refuge pour des milliers de paysans fuyant la croisade, devient la cible suivante. Le vicomte Raymond-Roger Trencavel, jeune et ambitieux, organise la défense de sa ville.
Les Croisés arrivent le 1er août 1209 et installent leur campement. Dès le 3 août, ils prennent le contrôle du Bourg, une zone mal défendue, et coupent les approvisionnements en eau de la cité. Malgré ces revers, Trencavel refuse de capituler, espérant l’aide de son suzerain, Pierre II d’Aragon. Ce dernier intervient comme médiateur, mais se heurte à l’intransigeance des Croisés, notamment du légat Arnaud Amaury, qui exige une reddition sans condition.
Le siège s’intensifie. Les Croisés mettent en œuvre des engins de siège et s’emparent progressivement des faubourgs. À l’intérieur des murs, la population souffre du manque d’eau et de conditions insalubres. Le 14 août, Trencavel accepte de négocier, mais il est trahi et capturé lors des pourparlers.
Pour éviter un bain de sang similaire à celui de Béziers, un accord est trouvé : le 15 août, les habitants sont expulsés, dépouillés de tous leurs biens. Les Parfaits, figures spirituelles du catharisme, ne sont pas inquiétés pour l’instant, mais la ville tombe aux mains des Croisés. Trencavel est emprisonné et meurt quelques mois plus tard dans des conditions suspectes.
La reddition de Carcassonne marque un tournant majeur dans la croisade contre les albigeois. Pour les Croisés, elle constitue une victoire stratégique qui leur permet de consolider leur emprise sur les vicomtés du sud. Simon de Montfort, chef militaire charismatique, reçoit la vicomté de Carcassonne en récompense, devenant une figure clé de la croisade.
Pour les populations locales, les conséquences sont dévastatrices. Les habitants de Carcassonne sont dispersés, leur patrimoine confisqué. Les seigneurs occitans, effrayés par l’ampleur des massacres, commencent à se soumettre. Cependant, la répression alimente un profond ressentiment qui nourrira des décennies de résistance occitane.
Sources et Références :
Auteur : Stéphane Jeanneteau, décembre 2014.