Après l’échec du siège de Toulouse en juin 1211, Simon IV de Montfort se trouve confronté à une situation délicate. Bien qu’il ait consolidé son pouvoir dans les vicomtés des Trencavel, l’agitation des Occitans et les victoires sporadiques des seigneurs méridionaux, notamment à Montgey, ravivent la résistance contre la croisade.
Profitant de l’éloignement temporaire de Montfort, occupé à recevoir l’hommage de Guillaume de Cardaillac dans le Quercy, Raymond VI de Toulouse mobilise ses forces et reprend plusieurs places fortes, dont celle de Sicard de Puylarens. Simon de Montfort, conscient du risque d’une déstabilisation générale de son autorité, choisit Castelnaudary comme lieu stratégique pour attirer l’armée toulousaine dans un siège.
Simon de Montfort s’installe à Castelnaudary avec une garnison réduite, misant sur le renfort d’alliés tels que Guy de Lacy et sa troupe de chevaliers. Peu après son arrivée, Raymond VI de Toulouse installe son camp autour de la ville, soutenu par des seigneurs influents comme Raymond-Roger de Foix et Savary de Mauléon. Les faubourgs de la ville tombent rapidement entre les mains des assiégeants, mais Montfort mène une sortie nocturne réussie pour les récupérer.
Cependant, Montfort fait face à une situation précaire. L’armée occitane, bien que hétérogène, est numériquement supérieure. Les cités voisines, comme Carcassonne et Béziers, adoptent une position attentiste et refusent d’envoyer des renforts. Néanmoins, grâce à Guy Ier de Lévis, Montfort parvient à organiser un convoi de ravitaillement composé de volontaires et d’un contingent fourni par l’évêque de Cahors.
Alors que le convoi approche de Castelnaudary, il est intercepté par Raymond-Roger de Foix près de Saint-Martin-Lalande. Montfort doit prendre une décision difficile : protéger la ville ou porter secours au convoi. Il choisit la seconde option, laissant une faible garnison dans Castelnaudary. Dans une attaque audacieuse, il surprend les troupes de Foix, qui pillaient déjà le convoi. Les Méridionaux, pris au dépourvu, subissent de lourdes pertes et se replient.
Cependant, cette victoire tactique n’est pas exploitée pleinement. En célébrant la victoire et en récupérant les provisions, Montfort laisse échapper une occasion de frapper directement le camp de Raymond VI. Malgré ce succès, ses forces restent insuffisantes face à l’armée occitane.
Le rapport de force demeure défavorable à Simon de Montfort, qui retourne à Carcassonne pour lever de nouvelles troupes. Pendant ce temps, Raymond VI, manquant de coordination et de détermination, abandonne le siège et incendie son propre camp avant de se retirer.
Le siège de Castelnaudary est une victoire tactique pour Simon de Montfort. Il parvient à repousser une offensive majeure, mais cette victoire révèle également les faiblesses structurelles de son contrôle sur la région. La noblesse occitane, encouragée par l’indécision de Raymond VI et par la faible occupation croisée, profite de l’occasion pour reprendre une cinquantaine de places fortes dans les semaines suivantes.
Cependant, l’arrivée de nouveaux contingents de Croisés, notamment menés par Alain de Roucy, redonne de l’élan à Montfort. Cette campagne marque une phase de guerre d’usure, où chaque victoire est rapidement suivie de nouvelles insurrections locales, prolongeant le conflit.
Le siège de Castelnaudary illustre la complexité de la croisade contre les Albigeois : les victoires des Croisés sont souvent temporaires, et la loyauté des cités languedociennes reste fluctuante. Simon de Montfort parvient à maintenir son autorité grâce à sa stratégie et à son habileté militaire, mais il est constamment contraint de reconquérir des territoires perdus.
Sources et Références :
Auteur : Stéphane Jeanneteau, décembre 2014.