Après la mort de l'empereur Robert de Courtenay en 1228, l'Empire latin de Constantinople, déjà fragilisé, tombe sous la régence de Jean de Brienne, un chevalier occidental expérimenté mais vieillissant. La défaite écrasante du Despotat d'Épire face à la Bulgarie à Klokotnica en 1230 élimine ce dernier comme menace sérieuse pour l'Empire latin. Cependant, une nouvelle menace se profile avec l’Empire de Nicée, dirigé par Jean III Doukas Vatatzès, qui poursuit sa reconquête méthodique des anciens territoires byzantins.
L’empereur nicéen forge une alliance stratégique avec Ivan Asen II, le puissant tsar bulgare, consolidant ainsi une coalition capable de défier les Latins. En 1235, cette alliance se concrétise dans une campagne conjointe visant à reprendre Constantinople, l'ancienne capitale byzantine.
Les armées coalisées de Nicée et de Bulgarie assiègent Constantinople, soutenues par une flotte navale envoyée par Angelo Sanudo, duc de Naxos, en faveur des Latins. Jean de Brienne, retranché dans la cité, bénéficie de la protection des imposants remparts théodosiens et d’une défense renforcée par des mercenaires latins.
Les forces de Jean III Doukas Vatatzès et d’Ivan Asen II combinent une stratégie terrestre et maritime pour tenter de briser cette forteresse réputée imprenable. Cependant, l'approvisionnement constant des défenseurs par la mer et l'approche de l'hiver compliquent la tâche des assiégeants.
Malgré une pression soutenue sur Constantinople, le siège tourne rapidement en défaveur des coalisés. L’imminence de l’hiver force les armées bulgares et nicéennes à se replier à l’automne 1235. Une reprise du siège est envisagée pour l'année suivante, mais des tensions émergent entre les deux alliés. Ivan Asen II refuse finalement d'envoyer des troupes, s’estimant capable de tirer parti de la situation pour lui-même.
Après l’échec du siège, Ivan Asen II rompt son alliance avec Jean III Doukas Vatatzès en 1237, espérant devenir régent de l’Empire latin grâce à une alliance matrimoniale. Cependant, cette ambition reste irréalisée, et les Bulgares se retirent de la lutte pour Constantinople, laissant les Nicéens poursuivre seuls leur campagne contre les Latins.
Bien que le siège de 1235 échoue, il marque le début d’un encerclement progressif de Constantinople par l’Empire de Nicée. En 1247, les forces nicéennes contrôlent presque toutes les terres environnantes, laissant la cité isolée et dépendante de ses remparts pour sa survie.
L'Empire latin subit une série de revers après le siège, culminant avec la bataille de Pélagonia en 1258, où les forces latines perdent leur prédominance en Grèce. Enfin, en 1261, profitant d’une faible garnison, le général nicéen Alexis Strategopoulos s’empare de Constantinople par surprise, restaurant l’Empire byzantin sous Michel VIII Paléologue.
Le siège de 1235, bien qu’infructueux, illustre la détermination de Nicée à restaurer Constantinople comme capitale impériale. L’alliance temporaire avec la Bulgarie renforce l’influence de Nicée dans les Balkans, préparant le terrain pour la reconquête de 1261.
L’échec du siège marque la fin de l’implication directe de la Bulgarie dans la reconquête byzantine. Ivan Asen II se concentre sur la consolidation de son propre empire, mais son retrait affaiblit la pression sur l’Empire latin, retardant sa chute.
Le siège de 1235 souligne la vulnérabilité croissante de l’Empire latin. Bien que Jean de Brienne réussisse à défendre Constantinople, son incapacité à rallier un soutien durable affaiblit la position latine, laissant l’empire de plus en plus dépendant des renforts occidentaux.
Sources et Références :
Auteur : Stéphane Jeanneteau, août 2014.