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Le Siège de La Rochelle (1224) : Une Conquête Déterminante pour la Couronne de France.

Une Ville au Cœur des Rivalités Franco-Anglaises

La Rochelle, située sur la côte atlantique, fut un enjeu majeur des luttes entre la France et l’Angleterre au début du XIIIᵉ siècle. Contrôlée par les Anglais depuis le traité de Lambeth (1217), la ville constituait un point stratégique pour le commerce, notamment celui du vin, et pour l’influence anglaise en Aunis et en Poitou.

Les Ambitions Anglaises

Henri III d’Angleterre, jeune souverain, chercha à consolider les positions anglaises sur le continent. En 1222, il ordonna la construction d’un port fortifié à l’ouest de La Rochelle, visant à renforcer la défense de la ville et à en faire une base solide pour ses ambitions territoriales. Ces travaux de fortification témoignaient de la volonté anglaise de maintenir son emprise sur une région convoitée.

La Contre-Offensive Française

Louis VIII, devenu roi de France en 1223, vit dans le non-respect du traité de Lambeth un prétexte légitime pour reprendre l’offensive contre les Anglais. Ce traité, signé après la défaite anglaise à la bataille de la Roche-aux-Moines (1214), prévoyait des compensations financières et politiques qui n’avaient pas été honorées. De plus, la couronne de France nourrissait le rêve d’une reconquête totale des possessions anglaises sur le sol français, un objectif initié par Philippe Auguste.


Le Siège de La Rochelle : Stratégie et Confrontation

Le Début du Siège

Le 15 juillet 1224, Louis VIII confia à Mathieu II de Montmorency, l’un de ses plus fidèles commandants, la mission de conduire le siège de La Rochelle. L’armée française, bien équipée et déterminée, encercla la ville et coupa ses approvisionnements. Les Rochelais, malgré les fortifications récemment édifiées, se retrouvèrent rapidement isolés, sans espoir de recevoir de l’aide anglaise.

Les Forces Françaises

L’armée française se composait d’un mélange de chevaliers, d’infanterie et de machines de siège. Les forces de Montmorency mirent en place un blocus efficace et lancèrent des assauts réguliers pour affaiblir la résistance anglaise. La détermination des Français reflétait la volonté royale de briser une fois pour toutes l’influence anglaise en Aunis.

Une Capitulation Inévitable

Après trois semaines de siège, les Anglais et leurs alliés rochelais, à court de vivres et de moyens, capitulèrent le 3 août 1224. La ville fut libérée de la domination anglaise et intégrée au domaine royal. Louis VIII confirma les privilèges communaux de La Rochelle, un geste qui assura la fidélité de la ville à la couronne de France.


Conséquences : Une Étape Cruciale dans la Reconquête Française

Pour la France

La victoire française au siège de La Rochelle marqua une avancée décisive dans la reconquête des territoires angevins et aquitains. Elle permit de renforcer l’autorité de Louis VIII et de consolider l’unité du royaume. La Rochelle, désormais sous domination française, conserva son rôle de port stratégique, bien que Bordeaux prît progressivement la place centrale dans le commerce du vin avec l’Angleterre.

Pour l’Angleterre

Cette défaite affaiblit considérablement la position anglaise sur le continent. Henri III, incapable de riposter efficacement, dut concentrer ses efforts sur la défense de ses possessions restantes, notamment en Aquitaine. La perte de La Rochelle contribua également à déplacer l’activité commerciale anglo-gasconne vers Bordeaux, réduisant ainsi l’influence anglaise sur l’Aunis.


Un Tournant dans les Relations Franco-Anglaises

Le siège de La Rochelle s’inscrit dans un contexte plus large de déclin de la domination anglaise en France. Cette victoire française, combinée aux succès antérieurs tels que Bouvines (1214) et la Roche-aux-Moines (1214), posa les bases de l’expulsion progressive des Anglais du territoire français, un processus qui se poursuivrait au cours des siècles suivants.



Auteur : Stéphane Jeanneteau, août 2014
Sources et Références :

  • Georges Duby, Le Moyen Âge en lumière
  • Jean Favier, Louis VIII, le Lion
  • Jean Verdon, Les Villes de France au Moyen Âge
  • Encyclopédie Britannica, édition 2023