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Le Siège de Toulouse (1218) : La Fin de Simon de Montfort et un Tournant dans la Croisade Albigeoise.

Des Révoltes Croissantes

Après des années de campagnes militaires brutales dans le Languedoc, la réputation de Simon de Montfort, leader des croisés contre les Albigeois, commence à s’effriter. L’échec du siège de Beaucaire en 1216 marque un coup dur pour son autorité et expose les limites de son contrôle sur les territoires conquis. La résistance occitane s’intensifie, menée par Raymond VI de Toulouse et soutenue par des chevaliers faydits, d’anciens seigneurs dépossédés.

En 1217, alors que Simon de Montfort combat en Provence, Raymond VI saisit l’opportunité de reprendre Toulouse avec l’aide des comtes de Foix et de Comminges. La ville accueille triomphalement le comte de Toulouse, tandis que Simon, alerté par sa femme Alix de Montmorency, rassemble ses forces pour reprendre la cité.

Déroulement du Siège

Septembre 1217 - Une Entrée Triomphale pour Raymond VI

Le 13 septembre 1217, Raymond VI entre dans Toulouse, acclamé par la population. Les Toulousains renforcent immédiatement les fortifications endommagées, anticipant une réponse rapide des croisés. Simon de Montfort arrive avec ses chevaliers à la fin du mois, et son fils Guy tente un premier assaut contre la porte de Montoulieu, qui échoue face à la défense coordonnée du comte de Foix.

Un Long Siège S’installe

Simon de Montfort, arrivé début octobre, comprend que Toulouse est trop bien défendue pour un assaut direct. Il opte pour un siège prolongé, investissant les faubourgs et tentant d’isoler la ville en prenant le contrôle du ravitaillement. Cependant, la résistance toulousaine est soutenue par des renforts catalans et aragonais, tandis que Montfort peine à mobiliser des troupes supplémentaires.

Les mois d’hiver sont marqués par des escarmouches et des affrontements sporadiques. En avril 1218, une sortie toulousaine déclenche une bataille sanglante, mais aucune avancée significative n’est réalisée par les deux camps. Les croisés reçoivent de nouveaux contingents au printemps, mais les renforts sont insuffisants pour assurer un blocus complet.

La Mort de Simon de Montfort

En juin, Montfort ordonne la construction d’une tour de siège en bois pour lancer une attaque décisive. Les Toulousains réagissent par une sortie audacieuse le 25 juin pour détruire cette tour. Lors de la mêlée, Simon de Montfort, tentant de secourir son frère Guy, est frappé à la tête par une pierre lancée par un mangonneau toulousain. Il meurt sur le coup.

La mort de Simon provoque une désorganisation et un effondrement du moral dans les rangs croisés. Son fils, Amaury VI de Montfort, prend le commandement, mais les troupes, démoralisées, commencent à quitter le siège. Le 25 juillet 1218, Amaury est contraint de lever le siège, abandonnant Toulouse à la résistance occitane.

Conséquences du Siège

Pour les Montfort : Une Défaite Retentissante

La mort de Simon de Montfort marque un tournant décisif dans la croisade albigeoise. Sans son leadership, les Croisés perdent leur principal stratège et moteur de conquête. Amaury de Montfort, malgré ses efforts, ne parvient pas à reprendre l’initiative. La révolte s’étend, et les territoires conquis par Simon commencent à retomber entre les mains des Méridionaux.

Pour Toulouse et le Languedoc : Une Résistance Revigorée

La levée du siège de Toulouse renforce la détermination des Occitans à résister. Les victoires de Raymond VI et de ses alliés, bien que temporaires, rétablissent partiellement leur autorité sur la région et permettent de retarder l’annexion complète du Languedoc par la couronne capétienne.

À Long Terme : Un Tournant dans la Croisade

La défaite de Toulouse signale un déclin de la croisade albigeoise en tant que mouvement militaire. La monarchie française intervient directement à partir de 1226, sous Louis VIII le Lion, pour rattacher les terres du Languedoc au domaine royal. En 1271, après la mort de Jeanne de Toulouse, héritière de Raymond VII, le comté de Toulouse est intégré à la couronne de France.



Sources et Références :

  • Barber, M., The Cathars and the Albigensian Crusade (2000)
  • Oldenbourg, Z., Massacre at Montségur: A History of the Albigensian Crusade (1961)
  • Strayer, J. R., The Albigensian Crusade (1971)

Auteur : Stéphane Jeanneteau, décembre 2014.