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Le Siège de Toulouse (1219) : Une Résistance Inflexible face au Prince Louis de France.

Une Croisade en Transition

En 1219, la croisade albigeoise est marquée par une lassitude généralisée et un changement dans les rapports de force. Après la mort de Simon de Montfort lors du siège de Toulouse en 1218, son fils Amaury VI de Montfort peine à maintenir l’élan des croisés. Face à une résistance méridionale de plus en plus efficace, le roi de France Philippe II Auguste envoie son fils, le prince Louis (futur Louis VIII), pour reprendre la situation en main.

Le prince Louis lance une campagne brutale, prenant Marmande le 10 juin 1219. La ville est mise à sac, et sa population massacrée, un avertissement pour les autres bastions méridionaux. Cependant, Toulouse, dirigée par Raymond VII, refuse de céder, renforçant ses défenses et mobilisant les forces locales, notamment les chevaliers faydits, pour résister.

Déroulement du Siège

Préparations des Deux Camps

Après la chute de Marmande, l'armée du prince Louis, renforcée par les troupes d’Amaury de Montfort, atteint Toulouse le 17 juin 1219. La cité est bien préparée. Raymond VII a renforcé les fortifications pendant le siège de Marmande, anticipant une attaque majeure. Les habitants, horrifiés par le sort réservé à Marmande, se mobilisent pour défendre leur ville avec détermination. Des chevaliers faydits renommés, tels que Guilhem de Minerve et Jourdain de Cabaret, viennent prêter main-forte, augmentant la cohésion de la défense.

Un Siège Acharné

Le prince Louis dispose d’un effectif supérieur à celui de Simon de Montfort lors du siège de 1218, ainsi que d’un arsenal de machines de siège plus important. Cependant, la résistance toulousaine est féroce. Chaque assaut est repoussé avec une vigueur renouvelée, les dégâts aux murailles étant réparés aussitôt par les défenseurs.

Le siège dure 45 jours. Malgré les efforts répétés des croisés et les supplications d’Amaury de Montfort et du légat papal, la ville reste imprenable. Les forces méridionales, galvanisées par leur unité et leur solidarité face à l’ennemi, tiennent bon.

Levée du Siège

Le prince Louis, découragé par l’échec de ses assauts et probablement pressé par ses propres barons, décide de lever le siège le 1er août 1219, invoquant l’accomplissement de sa quarantaine (la durée traditionnelle du service militaire des croisés). Cette décision, bien que pragmatique, laisse Amaury de Montfort dans une position critique.

Conséquences du Siège

Pour les Méridionaux

La levée du siège de Toulouse représente une victoire majeure pour Raymond VII et ses alliés. Elle renforce le moral des Méridionaux et consolide leur contrôle sur la ville, qui demeure un symbole de la résistance face à la croisade. Les faydits, ralliés à Raymond, contribuent à maintenir une pression constante sur les forces croisées dans le sud.

Pour Amaury de Montfort

Abandonné par le prince Louis, Amaury se retrouve isolé. Ses troupes, démoralisées, perdent progressivement le contrôle des bastions restants. Entre 1220 et 1224, Amaury subit une série de défaites : son frère Guy est tué à Castelnaudary, et il perd Carcassonne, son dernier bastion, en janvier 1224. Finalement, Amaury renonce à ses droits sur le Languedoc, les cédant à Louis VIII, désormais roi de France.

Pour la Croisade Albigeoise

Le siège de Toulouse en 1219 marque un tournant dans la croisade. L’échec de Louis de France illustre les limites de l’intervention militaire dans une région où la résistance locale est profondément enracinée. Ce revers précipite la fin de la domination montfortienne dans le sud, bien que la monarchie capétienne poursuive l’annexion progressive du Languedoc, qui sera achevée dans les décennies suivantes.



Sources et Références :

  • Barber, M., The Cathars and the Albigensian Crusade (2000)
  • Oldenbourg, Z., Massacre at Montségur: A History of the Albigensian Crusade (1961)
  • Strayer, J. R., The Albigensian Crusade (1971)

Auteur : Stéphane Jeanneteau, décembre 2014.