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La Bataille d'Andrassos (960) : Un Triomphe Byzantin Contre les Hamdanides.

Au Xe siècle, l’Empire byzantin renforce ses positions en Orient face aux incursions des émirats musulmans frontaliers. Parmi ses adversaires les plus redoutables, le prince hamdanide Sayf al-Dawla mène une campagne incessante contre Byzance. La bataille d’Andrassos, survenue en novembre 960, constitue une victoire éclatante des Byzantins sous la direction de Léon Phocas, fils du général Nicéphore Phocas. Cet affrontement marque un tournant dans la confrontation entre Byzance et les Hamdanides, affaiblissant gravement la puissance militaire de ces derniers.


Contexte

Les raids hamdanides et la riposte byzantine

Depuis 945, Sayf al-Dawla domine le nord de la Syrie et la Jazira, affirmant son autorité par des raids annuels contre les territoires byzantins.

  • Campagnes précédentes : Malgré plusieurs succès initiaux, les Hamdanides subissent des défaites importantes à partir de 950, notamment lors d’embuscades menées par Léon Phocas.
  • Défaite de Charsianon (960) : À l’été 960, Sayf al-Dawla exploite l’absence de Nicéphore Phocas, parti conquérir la Crète, pour envahir le thème de Charsianon. Sa campagne est marquée par des pillages et la destruction de la garnison locale.

Déroulement de la bataille

Positionnement stratégique

  • L’embuscade byzantine : Léon Phocas, alors Domestique d’Orient, rassemble des forces issues des thèmes voisins, incluant les troupes de Cappadoce sous Constantin Maleinos. Il prépare une embuscade dans le col de Kylindros, un passage étroit dans les monts du Taurus.
  • Surconfiance de Sayf al-Dawla : Malgré les mises en garde de ses généraux, l’émir choisit ce col pour son retour, croyant sa force militaire invincible.

L’attaque

Le 8 novembre 960, alors que l’armée hamdanide traverse le col :

  • Surprise totale : Les Byzantins lancent leur attaque depuis des positions élevées, jetant des rochers et des troncs d’arbres sur l’armée arabe.
  • Déroute hamdanide : Coincés dans le passage étroit, les troupes musulmanes sont incapables de se défendre efficacement. De nombreux soldats sont tués, et des milliers d'autres faits prisonniers.
  • Fuite de Sayf al-Dawla : L’émir parvient à s’échapper grâce à un ancien renégat byzantin, mais ne retourne à Alep qu’avec 300 cavaliers, sur une armée initiale de plusieurs milliers.

Conséquences immédiates

  • Pertes importantes pour les Hamdanides : Plusieurs généraux de Sayf al-Dawla, dont le cadi d'Alep Abu'l-Husayn al-Raqqi, sont tués ou capturés.
  • Récupération byzantine : Les Byzantins libèrent les captifs chrétiens, récupèrent un butin substantiel et célèbrent leur victoire par un triomphe à Constantinople.
  • Répercussions symboliques : La défaite humiliante provoque des manifestations de deuil dans les cités syriennes, tandis que les Byzantins célèbrent cette victoire comme une grande avancée stratégique.

Impact stratégique

Affaiblissement de Sayf al-Dawla

  • L’émir hamdanide perd de nombreux hommes et sa capacité à mener des raids d’envergure contre les Byzantins est fortement réduite.
  • Il lui faut plusieurs années pour reconstituer ses forces, permettant aux Byzantins de mener des offensives plus agressives.

Expansion byzantine

  • Campagnes suivantes : En 961, Nicéphore Phocas retourne sur le front oriental après avoir conquis la Crète. Il lance une série de campagnes dévastatrices, capturant des forteresses clés en Cilicie et ravageant Alep en 962.
  • Consolidation byzantine : La Cilicie est annexée en 964-965, et Tarse est prise. Ces victoires affirment la suprématie byzantine sur la région.

Conséquences à long terme

Déclin des Hamdanides

  • Sayf al-Dawla, affaibli par cette défaite et d'autres revers, est incapable de maintenir la puissance militaire de son émirat.
  • Après sa mort en 967, l’émirat d’Alep décline rapidement, devenant un État tampon entre les Byzantins et les Fatimides.

Renaissance byzantine

  • Les succès militaires à Andrassos et dans les campagnes suivantes symbolisent la résurgence de l’Empire byzantin en Orient, marquant le début de sa période de reconquête et d’expansion sous les Macédoniens.

Conclusi on

La bataille d’Andrassos en 960 est une victoire décisive qui affaiblit durablement les Hamdanides et illustre la supériorité stratégique des Byzantins sous Léon Phocas. Elle marque le début d’une série de campagnes victorieuses qui assurent à Byzance un contrôle accru sur les régions frontalières et mettent un terme à la menace hamdanide. Cette bataille est également une démonstration de la capacité byzantine à combiner tactique défensive et offensive pour surmonter des défis militaires majeurs.


 

Sources et Références :

  • Léon le Diacre, Chronique.
  • John Haldon, The Byzantine Wars.
  • Warren Treadgold, A History of the Byzantine State and Society.

Auteur : Stéphane Jeanneteau, février 2012.