À la mort de Louis le Pieux en 840, l’empire carolingien est plongé dans une guerre civile entre ses héritiers. Profitant de cette instabilité, Nominoë, missus dominicus de Bretagne depuis 832, navigue habilement entre les factions rivales. Bien qu’il prête serment à Charles le Chauve en 841, Nominoë adopte une position pragmatique, alternant entre loyauté et opportunisme.
Le traité de Verdun (843) stabilise temporairement l’empire carolingien, mais Charles le Chauve doit faire face à des défis multiples : des alliances locales, comme celle de Nominoë avec Lambert II de Nantes et le chef viking Hasting, et des incursions bretonnes dans les territoires francs.
Nominoë, fort de ses succès militaires en 844 contre Hervé, comte de Nantes, mène des campagnes agressives, notamment dans le Maine. En novembre 845, Charles le Chauve décide de réagir en lançant une expédition contre les Bretons, espérant exploiter une possible défection dans les rangs ennemis.
Les effectifs précis des deux camps sont mal documentés. L’armée de Charles, réduite à la fin de l’année par des campagnes précédentes, est estimée à environ 3 000 hommes. Les forces bretonnes, principalement composées de cavalerie légère et habituées à des tactiques de harcèlement, sont probablement inférieures en nombre.
Nominoë exploite le terrain pour attirer les Francs dans une embuscade. La bataille se déroule dans un environnement marécageux au confluent de l’Oust et de l’Aff, près de l’abbaye de Ballon.
La connaissance du terrain donne un avantage décisif aux Bretons. Les Francs, encombrés par leur équipement lourd, se retrouvent piégés dans les marais et subissent une défaite. Les détails précis de l’affrontement sont peu nombreux, mais il est clair que la stratégie bretonne met en échec l’armée royale.
La bataille de Ballon est souvent considérée comme un jalon majeur dans l’histoire de la Bretagne. Elle marque une affirmation d’indépendance, consolidant Nominoë comme le leader incontesté des Bretons. Bien que la victoire ne mette pas fin aux conflits, elle renforce la position de la Bretagne face aux Francs.
Après avoir échappé à la capture, Charles se replie pour reconstituer ses forces dans le Maine. Il conclut un traité avec Nominoë en 846, dont les termes exacts restent inconnus. Ce compromis met temporairement fin aux hostilités, bien que des tensions persistantes se poursuivent jusqu’en 849.
La victoire de Nominoë est parfois vue comme le point de départ de la construction d’une Bretagne unifiée et indépendante. Cette dynamique est poursuivie par son fils Erispoë, qui consolidera le royaume et fixera ses frontières après la bataille de Jengland-Beslé en 851.
Auteur : Stéphane Jeanneteau, décembre 2011.