Après la mort de Louis le Pieux en 840, l’empire carolingien, déjà fragilisé par des décennies de luttes internes, est plongé dans une guerre fratricide. Ses trois fils survivants revendiquent chacun une part de l’héritage :
L’accord de Worms (839) entre Louis le Pieux et Charles aggrave les tensions. En excluant Lothaire et Pépin II d’Aquitaine, il déclenche une guerre ouverte. Lothaire refuse de reconnaître les partages et marche sur les territoires de Charles. Louis et Charles s’allient pour contrer leurs ambitions.
Le refus de Lothaire de respecter les accords conclus à Attigny en 840 marque le début des hostilités. Les forces de Louis le Germanique rejoignent celles de Charles à Châlons-sur-Marne en mai 841. Lothaire et Pépin II, de leur côté, rassemblent leurs troupes à Auxerre. Les deux armées s’affrontent le 25 juin 841 près de Fontenoy-en-Puisaye, au sud d’Auxerre.
La bataille s’engage avec des forces équilibrées de chaque côté. Les troupes de Lothaire et de Pépin II, initialement en position favorable, prennent l’avantage grâce à leur supériorité numérique. Cependant, l’arrivée du duc Guérin de Provence à la tête de renforts méridionaux renverse la situation.
Les armées de Charles et de Louis lancent une contre-offensive décisive. La mêlée est violente, les pertes sont lourdes des deux côtés, mais Lothaire subit une défaite écrasante. Selon les récits, des milliers de combattants périssent, et la bataille est considérée comme l’une des plus sanglantes du Moyen Âge carolingien.
La victoire de Charles le Chauve et de Louis le Germanique oblige Lothaire à battre en retraite. Bien que ce dernier se réfugie temporairement à Aix-la-Chapelle, la défaite affaiblit considérablement sa position. Charles et Louis consolident leur alliance lors des serments de Strasbourg en 842, où ils jurent de s’unir contre leur frère en langue romane (pré-roman) et tudesque, marquant ainsi une étape importante dans la formation des langues vernaculaires européennes.
La bataille de Fontenoy pave la voie au traité de Verdun en 843. Ce traité divise l’empire carolingien en trois royaumes :
Ce partage met fin à l’unité impériale carolingienne et amorce la fragmentation politique de l’Europe médiévale.
Auteur : Stéphane Jeanneteau, décembre 2011.