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La bataille de Messac (843) : Un épisode clé dans la lutte pour le contrôle de Nantes.

Contexte historique : Tensions entre Francs et Bretons

À la mort de Ricuin, comte de Nantes, tué à la bataille de Fontenoy-en-Puisaye (841), la succession du comté devient un enjeu majeur. Lambert, fils d’un précédent comte, revendique la possession du territoire, qu’il considère comme son droit héréditaire. Cependant, Charles le Chauve confie le comté à Renaud, comte d’Herbauges, fidèle à son autorité.

Déçu par cette décision, Lambert se retourne contre Charles le Chauve et s’allie avec Nominoë, duc de Bretagne, en conflit ouvert avec le roi franc. Cette alliance renforce les Bretons, qui cherchent à étendre leur influence dans les régions voisines, notamment sur Nantes, un territoire stratégique à la frontière entre la Bretagne et le royaume franc.


La bataille de Messac

La menace sur Nantes

Face à la pression des forces bretonnes menées par Erispoë, fils de Nominoë, les habitants de Nantes, inquiets pour la sécurité de leur ville, appellent Renaud à agir. Revenant précipitamment du Poitou, Renaud organise la défense et prend les devants en passant la Loire pour affronter les Bretons.

Une victoire initiale

À Messac, les troupes franques de Renaud rencontrent l’avant-garde des forces bretonnes d’Erispoë. Grâce à un assaut efficace, Renaud remporte une victoire rapide et écrase cette première vague ennemie. Rassuré par ce succès, il retourne vers Nantes avec ses hommes, pensant avoir écarté la menace immédiate.


La contre-attaque : La bataille de Blain

Une erreur stratégique

Après leur victoire à Messac, les troupes de Renaud s’arrêtent près de Blain pour se reposer. Cet arrêt, motivé par la fatigue des soldats, laisse l’armée vulnérable. Erispoë, soutenu par Lambert et ses forces, en profite pour lancer une contre-attaque surprise.

Une défaite écrasante

Le 24 mai 843, les troupes franques sont prises au dépourvu et massacrées par les forces bretonnes. Renaud est tué au combat, et son armée est anéantie. Cette défaite laisse Nantes exposée et sans défense face aux ambitions bretonnes et aux incursions vikings.


Conséquences de la bataille

La chute de Nantes

Après la bataille de Blain, les habitants de Nantes refusent de reconnaître Lambert comme leur comte, en raison de son alliance avec les Bretons. En représailles, Lambert est soupçonné d’avoir guidé les Vikings menés par Hasting, qui attaquent la ville un mois plus tard, le 24 juin 843.

Lors de cette attaque, Nantes est mise à sac. Les Vikings massacrent une partie de la population réfugiée dans la cathédrale, où l’évêque Gohard est tué. Cet événement marque une étape tragique dans l’histoire de Nantes, fragilisant durablement la région.

Une étape dans l’expansion bretonne

La victoire d’Erispoë et de Lambert renforce le pouvoir de Nominoë et de ses alliés. Elle illustre la montée en puissance de la Bretagne face au royaume franc, prélude à l’autonomie croissante du duché.


Héritage

  1. Un tournant pour la Bretagne : Ces batailles symbolisent la lutte pour le contrôle de Nantes, une région stratégique entre le monde breton et franc. La victoire d’Erispoë renforce l’influence bretonne sur cette frontière.
  2. Une tragédie pour Nantes : La destruction de la ville par les Vikings marque un épisode traumatisant, dont l’impact est resté dans les mémoires collectives.
  3. Un signe de l’instabilité carolingienne : Ces événements illustrent les divisions internes au sein du royaume franc, exacerbées par les rivalités locales et les incursions extérieures.

Sources et Références

  • Ferdinand Lot, La Fin du Monde Antique et le Début du Moyen Âge.
  • Pierre Riché, Les Carolingiens : Une famille qui fit l’Europe.
  • René Grousset, Histoire de la Bretagne.
  • Chroniques de Nantes, IXe siècle.

Auteur : Stéphane Jeanneteau, décembre 2011.