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Les Batailles de Preslav et Dorystolon (969-971) : La fin de l’expansion russe dans les Balkans.

Les batailles de Preslav et de Dorystolon (969-971) marquent la fin de la guerre entre les Byzantins et les Rus’. Sous la conduite de Jean Ier Tzimiskès, ces affrontements mettent un terme à l’expansion de Sviatoslav Ier dans les Balkans. Elles illustrent l’efficacité militaire byzantine et la stratégie impériale visant à restaurer son contrôle sur la Bulgarie et à repousser la menace russe.


Contexte historique : Un conflit complexe dans les Balkans

Les prémices de la guerre

À la suite de l’invasion de la Bulgarie par Sviatoslav en 969, les Rus’ s’imposent comme une puissance menaçante dans les Balkans. Initialement soutenus par l’empereur Nicéphore II Phocas pour affaiblir les Bulgares, les Rus’ deviennent rapidement une menace directe pour Byzance. Après la mort de Nicéphore, Jean Ier Tzimiskès, nouvel empereur, reprend les opérations militaires pour éliminer cette menace.

Une position byzantine renforcée

La victoire byzantine à la bataille d’Arcadiopolis (970) affaiblit les Rus’ et leurs alliés, permettant à Tzimiskès de mobiliser ses forces. Il doit toutefois attendre la fin de la révolte de Bardas Phocas au printemps 971 pour lancer une offensive majeure contre les Rus’ et leurs alliés en Bulgarie.


La bataille de Preslav (2-4 avril 971)

Les forces en présence

Jean Ier Tzimiskès mène une armée byzantine soutenue par une flotte de 300 navires opérant sur le Danube. Les forces russes, mal organisées et affaiblies, défendent Preslav, capitale bulgare et bastion de Sviatoslav.

Le déroulement

Le 2 avril, les Byzantins franchissent les Balkans sans rencontrer de résistance significative. Deux jours plus tard, ils engagent une bataille acharnée contre les Russes à Preslav. Malgré une résistance féroce, les forces russes sont mises en déroute. Les Byzantins s’emparent de la ville, capturent le tsar bulgare Boris II et reprennent le contrôle de la Bulgarie orientale.


La bataille et le siège de Dorystolon (23 avril - 24 juillet 971)

La bataille devant Dorystolon

Après la défaite de Preslav, Sviatoslav se replie dans la forteresse de Dorystolon (aujourd’hui Silistra). Le 23 avril, les deux armées s’affrontent dans une bataille décisive. Sviatoslav forme une phalange hérissée de lances, avec la cavalerie sur les ailes. Les Byzantins, menés par Tzimiskès, lancent 13 charges successives de cavalerie avant de briser les lignes russes. Bien que les pertes byzantines soient lourdes, les Rus’ subissent une défaite majeure.

Le siège de Dorystolon

Le 25 avril, la flotte byzantine arrive pour bloquer Dorystolon, coupant les Rus’ de tout ravitaillement. Le siège dure trois mois et est marqué par de violents combats, notamment des sorties désespérées des assiégés. En juillet, une ultime tentative de sortie des Rus’ se solde par un massacre, réduisant considérablement leurs forces.


Conséquences et traité de paix

La reddition de Sviatoslav

Le 24 juillet, Sviatoslav demande un armistice. Lors d’une entrevue avec Tzimiskès sur le Danube, il accepte un traité de paix. Sviatoslav s’engage à :

  • Livrer Dorystolon aux Byzantins.
  • Ne plus envahir le territoire byzantin.
  • Ne pas attaquer Cherson, une enclave byzantine en Crimée.
  • Soutenir l’Empire contre ses ennemis.

La fin de la menace russe

Ce traité met fin à l’expansion des Rus’ dans les Balkans. Sviatoslav retourne dans son pays, mais meurt peu après, en 972, lors d’un affrontement avec les Petchénègues. La Bulgarie passe sous contrôle byzantin, consolidant l’influence de l’Empire dans la région.

Une victoire stratégique byzantine

Les batailles de Preslav et Dorystolon renforcent l’autorité de Jean Ier Tzimiskès, qui établit durablement la domination byzantine dans les Balkans. Elles démontrent également la capacité byzantine à coordonner des campagnes terrestres et navales pour atteindre des objectifs stratégiques.



Sources et références

  1. Léon le Diacre, Histoire, traduit par Charles Durosoy, 1868.
  2. Jean Skylitzès, Synopsis historiarum, traduit par John Wortley, Cambridge University Press, 2010.
  3. Constantin Zuckerman, Byzantium and the Rus’, Peeters Publishers, 2008.
  4. Timothy Gregory, A History of Byzantium, Wiley-Blackwell, 2005.

Auteur : Stéphane Jeanneteau
Date : Décembre 2012