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La Bataille de Raban (958) : Une Avancée Décisive des Byzantins.

La bataille de Raban en 958 constitue une étape clé dans la confrontation entre les Byzantins et les Hamdanides d’Alep. Cette victoire, remportée par Jean Tzimiskès, marque une avancée significative des Byzantins dans leur lutte pour sécuriser leurs frontières orientales et affaiblir l’autorité de Sayf al-Dawla, l’émir hamdanide d’Alep. Elle s’inscrit dans une série de campagnes qui illustrent la montée en puissance militaire de Byzance sous la direction de généraux compétents comme Nicéphore Phocas et Jean Tzimiskès.


Contexte : La Rivalité entre Byzance et les Hamdanides

L’émergence de Sayf al-Dawla

Depuis 945, Sayf al-Dawla établit un puissant émirat centré sur Alep, devenant le principal adversaire des Byzantins sur leur frontière orientale.

  • Supériorité tactique des Hamdanides : Grâce à leur cavalerie légère et leur connaissance du terrain, les Hamdanides mènent des raids dévastateurs tout en évitant les positions fortifiées byzantines.
  • Limites des Byzantins : Sous Bardas Phocas, les Byzantins peinent à contrer les tactiques des Hamdanides, subissant des défaites notables comme à Marash en 953.

Un tournant stratégique pour les Byzantins

Après 955, la nomination de Nicéphore Phocas et de son frère Léon marque un tournant dans la stratégie militaire byzantine :

  • Réformes militaires : Les armées byzantines sont rééquipées et mieux entraînées pour affronter la cavalerie arabe.
  • Offensive systématique : Sous Nicéphore Phocas et Jean Tzimiskès, Byzance adopte une stratégie offensive visant à saper les forteresses hamdanides et à pénétrer en Syrie.

Les Raids Précédant la Bataille

Succès byzantins

  • Campagnes de 957 : Nicéphore Phocas capture et rase la forteresse d’Hadath, un bastion clé des Hamdanides.
  • Victoire à Amida (958) : Jean Tzimiskès défait une armée arabe dirigée par Nadja, lieutenant de Sayf al-Dawla, tuant ou capturant la majorité de ses 10 000 hommes.

Concentration des forces byzantines

  • Avec le soutien du parakimomène Basile Lécapène, Tzimiskès dirige une armée contre Samosate et Raban, deux forteresses cruciales pour le contrôle des routes entre la Syrie et la Jazîrah.

La Bataille de Raban

Rencontre des forces

  • Sayf al-Dawla en personne : L’émir hamdanide affronte Tzimiskès près de Raban en octobre ou novembre 958.
  • Engagement brutal : Selon les sources, le combat est particulièrement féroce. Abu Firas al-Hamdani, cousin et poète de Sayf al-Dawla, illustre la résistance arabe en brisant deux lances lors des charges initiales.

Victoire byzantine

  • Déroute des Arabes : L’armée hamdanide est vaincue et doit se replier, laissant le contrôle de la forteresse aux Byzantins.
  • Captures significatives : Plus de 1 700 cavaliers arabes sont capturés et défilent triomphalement dans les rues de Constantinople, renforçant le prestige de l’empereur byzantin et de ses généraux.

Conséquences

Affaiblissement des Hamdanides

  • Érosion du pouvoir de Sayf al-Dawla : Bien que l’émir conserve une capacité de résistance, cette défaite limite ses moyens d’offensive et expose les forteresses frontalières de son émirat.
  • Pénétration byzantine en Syrie : La prise de Raban et le contrôle de Samosate permettent aux Byzantins de menacer directement le nord de la Syrie.

Préparation des conquêtes futures

  • Effondrement progressif des Hamdanides : En 960, Léon Phocas remporte une victoire décisive qui brise définitivement la puissance militaire de Sayf al-Dawla.
  • Annexion de la Cilicie et d’Alep : Les campagnes subséquentes de Nicéphore Phocas mènent à l’annexion de la Cilicie en 964-965 et à la prise temporaire d’Alep en 962.

Impact à Long Terme

La bataille de Raban symbolise le basculement du rapport de force en faveur de Byzance sur le front oriental. Elle illustre les effets des réformes militaires et de la stratégie offensive adoptée par Nicéphore Phocas et Jean Tzimiskès. À partir de cette période, les Byzantins reprennent progressivement le contrôle des régions stratégiques de la frontière orientale, consolidant leur influence en Anatolie et au-delà.


 

La victoire byzantine à Raban en 958 marque un tournant décisif dans les conflits avec les Hamdanides, affaiblissant l’autorité de Sayf al-Dawla et ouvrant la voie aux conquêtes majeures des Byzantins en Cilicie et en Syrie. Ce succès met en lumière l’efficacité des réformes militaires et stratégiques entreprises sous Nicéphore Phocas et ses lieutenants.

 

Sources et Références :

  • Théophane Continué, Chronique.
  • John Haldon, The Byzantine Wars.
  • Warren Treadgold, A History of the Byzantine State and Society.

Auteur : Stéphane Jeanneteau, février 2012.