En 946, le royaume de France est marqué par des tensions et rivalités féodales. Deux camps s’affrontent :
Ces rivalités s’inscrivent dans un contexte où les Carolingiens peinent à affirmer leur autorité face à des seigneurs puissants, notamment Hugues le Grand, dont l’influence s’étend sur une grande partie de la Francie. Après un échec devant Paris, la coalition royale se tourne vers Rouen, espérant capturer Richard et affaiblir la Normandie.
Pensant les Normands affaiblis, les forces germaniques, dirigées par le neveu d’Otton Ier, avancent sans méfiance vers Rouen. Cependant, Richard Ier, informé par ses espions, prépare une embuscade. Alors que les forces germaniques s’approchent de la ville, Richard et ses chevaliers normands attaquent par surprise, prenant l’ennemi à revers.
Le massacre qui s’ensuit est si intense que la bataille est surnommée « Rougemare » (la mare de sang). Le neveu d’Otton est tué, et les forces germaniques sont anéanties.
Après cette défaite, les coalisés réunissent leurs forces et assiègent Rouen. En infériorité numérique, Richard opte pour des stratégies de ruse :
Seul face à Richard, Louis IV d’Outremer doit également lever le siège. Sa retraite est harcelée par les paysans normands, infligeant des pertes supplémentaires à ses troupes.
La bataille et le siège de Rouen consolident la position de Richard Ier en Normandie. Sa capacité à déjouer une coalition puissante renforce son autorité et sa réputation. Cette victoire marque également l’affirmation de la Normandie comme un duché stable et indépendant, redouté par ses voisins.
La révolte d’Hugues le Grand contre le roi de France affaiblit davantage l’autorité carolingienne. Cette déstabilisation ouvre la voie à l’élection de son fils, Hugues Capet, comme roi de France en 987, mettant fin à la dynastie carolingienne et initiant celle des Capétiens.
La défense de Rouen illustre l’importance de la ruse, de l’intelligence militaire et de l’usage des réseaux d’espionnage dans les conflits médiévaux. Les tactiques de division et de harcèlement de Richard sont des exemples de stratégies asymétriques réussies contre des forces numériquement supérieures.
Auteur : Stéphane Jeanneteau, décembre 2011.