La bataille de Tricaméron marque la fin d'une campagne brillante menée par Bélisaire pour restaurer la domination byzantine en Afrique du Nord. Après leur défaite à l’Ad Decimum, les Vandales tentent de regrouper leurs forces sous la direction de leur roi Gélimer et de son frère Tzazo. Cependant, malgré leurs efforts pour reprendre l'offensive, la bataille de Tricaméron scelle leur sort, mettant un terme à plus d’un siècle de règne vandale en Afrique.
Après l'Ad Decimum : La retraite stratégique de Gélimer
Suite à leur défaite à l’Ad Decimum, Gélimer et ce qui reste de son armée se replient à Bulla Regia, en Numidie, pour préparer leur contre-attaque. Conscient de son infériorité, il sollicite l’aide de son frère Tzazo, qui combat en Sardaigne. Cette décision, bien que stratégique, souligne les difficultés logistiques des Vandales, dispersés sur plusieurs fronts.
Efforts pour rallier des soutiens locaux
Gélimer cherche à compenser ses pertes en mobilisant les tribus berbères et puniques. Il promet des récompenses pour chaque soldat byzantin capturé ou tué et tente de saper la loyauté des mercenaires huns de Bélisaire. Ces initiatives traduisent la détérioration de la position vandale et la dépendance croissante de Gélimer envers des alliances fragiles.
La préparation de Bélisaire
Bélisaire, informé des mouvements vandales, anticipe une attaque imminente. Ayant consolidé les défenses de Carthage, il choisit cependant de ne pas attendre un siège. Craignant une trahison des Huns au sein de son armée, il prend l’initiative et part à la rencontre des Vandales avec une stratégie offensive.
Le choc des armées à Tricaméron
Le 15 décembre 533, les deux armées se rencontrent près de Tricaméron, à environ 50 km à l'ouest de Carthage. Bélisaire ordonne une charge immédiate de sa cavalerie, qui s'abat sur les lignes vandales. Cette tactique est répétée à deux reprises, chaque assaut affaiblissant davantage l’infanterie vandale. Lors de la troisième charge, Tzazo est tué, provoquant un effondrement du moral vandale. Gélimer, comme à l’Ad Decimum, perd son sang-froid et ordonne la retraite. La déroute qui s’ensuit entraîne la perte de 800 hommes et la dispersion des forces vandales.
La fuite et la reddition de Gélimer
Après la bataille, Gélimer tente de fuir en Espagne, espérant trouver refuge parmi les Vandales restants. Cependant, il est intercepté et contraint de se cacher dans les montagnes tunisiennes avec l'aide de ses alliés berbères. Assiégé par les Byzantins et soumis à des conditions hivernales difficiles, il finit par se rendre en 534 à Pharas, un commandant byzantin.
Le démantèlement du royaume vandale
Avec la reddition de Gélimer, le royaume vandale s’effondre. Ses provinces, dont la Sardaigne, la Corse et les Baléares, passent sous contrôle byzantin. Cette victoire marque la première étape de la "Reconquête Justinienne", un projet ambitieux visant à restaurer l'unité de l’Empire romain.
Un tournant historique
L’historien Paul K. Davis résume l’importance de cette bataille : « Avec cette victoire, les Byzantins ont repris le contrôle de l’Afrique du Nord pour l’empire romain d’Orient. Cette position est devenue un tremplin pour l’invasion byzantine de l’Italie et la réunification temporaire de l’Empire romain d’Orient et d’Occident. »
La bataille de Tricaméron représente non seulement la fin du royaume vandale, mais aussi le triomphe de la stratégie et du leadership byzantins. Bélisaire, en combinant habileté tactique et initiative stratégique, réalise l’un des grands succès militaires de Justinien, ouvrant la voie à de nouvelles conquêtes en Méditerranée occidentale.
Sources et Références :
Auteur : Stéphane Jeanneteau, février 2012.