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La bataille du cap Colonne en 982 : Une défaite cruciale pour l’Empire romain germanique.

a bataille du cap Colonne, survenue en 982, s’inscrit dans le cadre des affrontements entre les forces de l’Empire romain germanique et les Sarrasins kalbides de Sicile. Ces derniers, dirigés par l’émir al-Qasim, avaient intensifié leurs raids dans le sud de l’Italie, menaçant les possessions byzantines et lombardes ainsi que l’autorité impériale. L’empereur Otton II, déterminé à affirmer son pouvoir en Italie du Sud et à repousser les incursions musulmanes, entreprend une campagne ambitieuse dans la région.

Al-Qasim, ayant déclaré le jihad contre l’Empire, rassemble une armée importante et avance jusqu’à Rossano. Cependant, face à la puissance des forces impériales, il envisage un repli stratégique. Otton, informé de cette retraite imminente, décide de prendre l’initiative. L’affrontement décisif a lieu au cap Colonne, au sud de Crotone, où al-Qasim positionne ses forces pour un dernier combat.


La bataille

La bataille débute par une offensive audacieuse des chevaliers germaniques, qui percent le centre des lignes sarrasines et atteignent la garde personnelle d’al-Qasim. L’émir est tué dans l’affrontement, mais ses troupes, loin de se désorganiser, contre-attaquent efficacement. Les Sarrasins parviennent à encercler les forces impériales, causant un massacre parmi les soldats germaniques.

Selon l’historien arabe Ibn al-Athir, les pertes impériales sont estimées à environ 4 000 hommes. Parmi les morts figurent des figures importantes de l’aristocratie et du clergé impériaux, notamment Landolf IV de Bénévent, Henri Ier d’Augsbourg, le margrave Gunther de Merseburg et l’abbé de Fulda. Otton lui-même échappe de peu à la capture en nageant jusqu’à un navire grec qui lui offre refuge. Il se replie finalement sur Rossano, où il cache son identité avant de retourner à Rome en novembre 982.


Conséquences immédiates

En Italie du Sud

La défaite marque un coup dur pour les ambitions impériales en Italie du Sud. Bien que les Sarrasins se retirent vers la Sicile, leurs raids continuent de peser sur la région, fragilisant les positions lombardes et grecques. Les duchés lombards de Capoue, Bénévent et Salerne, déjà affaiblis par la mort de leurs dirigeants lors de la bataille, tombent dans des luttes dynastiques. Salerne est annexée par le duc Manson d’Amalfi, tandis que Capoue et Bénévent passent sous le contrôle de branches cadettes des Landulfides.

En Germanie

La défaite d’Otton II a des répercussions majeures dans l’Empire romain germanique. Les Slaves de l’Elbe, menés par Mistivoï, profitent de la faiblesse impériale pour se soulever, interrompant temporairement les efforts de germanisation et d’évangélisation dans la région. Ces insurrections ralentissent l’expansion germanique vers l’est pendant plusieurs décennies.


Conséquences à long terme

Le déclin des ambitions impériales en Italie du Sud

Otton II ne pourra pas reprendre l’offensive en Italie du Sud. Sa mort en décembre 983 laisse la région dans une situation précaire, marquée par l’absence de pouvoir centralisé. Son successeur, Otton III, bien qu’acclamé roi d’Italie, ne parvient pas à reprendre l’initiative face aux forces musulmanes, et l’Italie méridionale reste divisée entre Grecs, Lombards et Sarrasins.

Renforcement de la présence musulmane

La victoire sarrasine au cap Colonne, bien que suivie d’un repli vers la Sicile, renforce la position kalbide dans la Méditerranée centrale. Les raids contre l’Italie méridionale et les possessions byzantines se poursuivent, affaiblissant davantage la région.

Impact symbolique

La défaite d’Otton II a un retentissement important dans l’Occident chrétien. Les pertes parmi les élites impériales, combinées à la fuite dramatique d’Otton, symbolisent la vulnérabilité de l’Empire face aux forces musulmanes. En revanche, elle galvanise également la propagande chrétienne, qui présente le conflit comme une lutte existentielle contre l’islam.



Références

  1. Ibn al-Athir, Al-Kamil fi al-Tarikh (La Chronique complète).
  2. Timothy Reuter, Germany in the Early Middle Ages.
  3. Chris Wickham, Early Medieval Italy: Central Power and Local Society, 400-1000.

Auteur : Stéphane Jeanneteau - Juin 2012