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Le Siège de Nicée (727) : Une Résistance Byzance et un Tournant Militaire.

En 727, les armées omeyyades lancent une nouvelle offensive majeure contre l'Empire byzantin, visant Nicée, un centre stratégique en Bithynie. Ce siège intervient dans le contexte d’une série de raids omeyyades intensifiés après l’échec du grand siège de Constantinople (717-718). L’issue du siège de Nicée marque un tournant dans les campagnes musulmanes contre Byzance, renforçant la position stratégique et morale de l’Empire byzantin.


Contexte : Raids Omeyyades et Résistance Byzantine

Les campagnes omeyyades après 717

Après leur défaite lors du siège de Constantinople en 717-718, les Omeyyades recentrent leurs offensives contre Byzance sur des raids réguliers en Asie Mineure.

  • Objectifs stratégiques : Ces raids visent à affaiblir l'économie byzantine et à exploiter les faiblesses de la défense impériale.
  • L’armée omeyyade : Sous le calife Hisam (723-743), les raids deviennent plus ambitieux, impliquant de grandes armées dirigées par des généraux comme Muʿāwiya ibn Hisam et Abdallah al-Battal.

La stratégie défensive byzantine

L'Empire byzantin, sous le règne de Léon III, adopte une stratégie de défense en profondeur :

  • Fortifications renforcées : Les Byzantins se replient derrière des positions bien fortifiées plutôt que de risquer des batailles rangées.
  • Consolidation interne : L’Empire utilise ces années pour réorganiser ses thèmes militaires et renforcer son économie.

Le Siège de Nicée (727)

L’invasion omeyyade

À l’été 727, une armée omeyyade, dirigée par Muʿāwiya ibn Hisam et Abdallah al-Battal, envahit l’Asie Mineure.

  • Avancée initiale : L’avant-garde met à sac Gangra (en Paphlagonie) et Tabya (Phrygie), mais subit de lourdes pertes lors des assauts.
  • Cible principale : L’armée omeyyade se dirige ensuite vers Nicée, capitale du thème de l’Opsikion et clé stratégique du nord-ouest de l’Asie Mineure.

Le siège de Nicée

En juillet 727, les Arabes atteignent Nicée et lancent un siège de 40 jours :

  • Assauts directs : Les Omeyyades utilisent des machines de siège pour attaquer les murs, détruisant partiellement les fortifications.
  • Résistance byzantine : Les défenseurs, probablement commandés par Artabasde, refusent de s’engager en bataille ouverte et se concentrent sur la défense des murailles.
  • Le rôle des fortifications : Les remparts de Nicée, bien conçus, permettent de contenir les attaques arabes.

Malgré des efforts considérables, les Arabes ne parviennent pas à prendre la ville et lèvent le siège à la fin août, emportant un butin et de nombreux prisonniers.


Conséquences du Siège

Un succès stratégique pour Byzance

La résistance victorieuse de Nicée marque un point d’inflexion dans les campagnes omeyyades :

  • Fin des incursions profondes : Après le siège de Nicée, les raids arabes se limitent principalement aux régions frontalières.
  • Alliances byzantines : Le mariage de Constantin V avec une princesse khazare en 731 renforce l’alliance byzantino-khazare, augmentant la pression sur le califat au Caucase.

Impact moral et religieux

Pour Léon III, cette victoire est perçue comme une confirmation divine de sa politique iconoclaste, malgré les controverses internes qu’elle génère :

  • Récits symboliques : Théophane le Confesseur relate des épisodes interprétés comme des signes divins, bien qu'ils soient contestés historiquement.
  • Renforcement de l’iconoclasme : Encouragé par cette victoire, Léon III intensifie la persécution des iconodules.

L’affaiblissement omeyyade

L'échec de Nicée coïncide avec une série de revers pour le califat :

  • Défaite contre les Khazars (730) : Les Khazars infligent une lourde défaite aux forces omeyyades dans le Caucase.
  • Déclin des raids : Les campagnes arabes deviennent moins fréquentes et moins ambitieuses, marquant un essoufflement des offensives contre Byzance.

 

Le siège de Nicée en 727 illustre la résilience byzantine face à l’expansion omeyyade. Cette victoire, tant militaire que symbolique, marque la fin des incursions profondes en Asie Mineure et renforce la position stratégique et morale de l’Empire byzantin. En repoussant une offensive majeure, Byzance parvient non seulement à protéger ses territoires clés, mais aussi à poser les bases de sa reprise militaire dans les décennies suivantes.

  

Sources et Références :

  • Théophane le Confesseur, Chronique.
  • J.B. Bury, History of the Later Roman Empire.
  • Cyril Mango, Byzantium: The Empire of New Rome.

Auteur : Stéphane Jeanneteau, février 2012.