En 879, Boson, comte de Vienne et gouverneur de Provence, profite de l’instabilité qui suit la mort de Louis II le Bègue pour se faire proclamer roi de Provence lors d'une assemblée tenue à Mantaille. Cette proclamation, un acte de défiance directe contre l’autorité des Carolingiens, inquiète les rois de Francie occidentale et orientale :
Ces souverains décident d’unir leurs forces pour rétablir leur autorité sur la Provence et réduire Boson, perçu comme un usurpateur.
Vienne, capitale du Dauphiné et siège du pouvoir de Boson, est solidement fortifiée et bien approvisionnée. La défense de la ville est menée par Ermengarde, épouse de Boson et fille de l’empereur Louis II le Jeune, dont la détermination à ne pas céder devient un symbole de résistance.
Les armées des trois rois arrivent en Provence en 880, après avoir consolidé leurs forces. Elles mettent la ville sous siège, espérant rapidement forcer sa reddition.
Malgré des attaques répétées et sanglantes, les Carolingiens échouent à briser les défenses de Vienne. La garnison, renforcée par les préparations de Boson et la ténacité d’Ermengarde, résiste farouchement.
Face à ces échecs, les assiégeants changent de stratégie. Le siège se transforme en blocus prolongé, visant à épuiser les ressources de la ville et à forcer la reddition par la famine.
Après deux ans de siège, en 882, Vienne capitule. Ermengarde, accompagnée de sa fille Engelberge, est capturée et conduite à Autun. Boson, absent de la ville pendant le siège, échappe à la capture, mais son pouvoir est gravement affaibli.
Le siège de Vienne marque la fin des ambitions royales de Boson de Provence. Bien qu’il conserve une certaine influence locale, son autorité est considérablement réduite, et il ne retrouve jamais le prestige associé à son couronnement en 879.
La chute de Vienne démontre la capacité des Carolingiens à réprimer les rébellions, mais elle souligne également la fragilité de leur autorité dans les régions périphériques comme la Provence. Cette instabilité contribuera à l’éclatement de l’empire carolingien dans les décennies suivantes.
Ermengarde devient une figure emblématique de résistance. Son rôle durant le siège illustre l’importance des alliances dynastiques et des personnages féminins dans la politique médiévale.
Auteur : Stéphane Jeanneteau, décembre 2011.