Après la chute de la civilisation mycénienne à la fin de l’âge du bronze, la Grèce connut une période sombre marquée par l’effondrement des structures étatiques et le déclin de la culture matérielle. Cette phase, s'étendant du XIIᵉ au IXᵉ siècle av. J.-C., est qualifiée de "siècles obscurs" en raison du manque de documentation écrite et de la rareté des vestiges archéologiques. Cette période est cruciale pour comprendre la transition entre l’âge du bronze et l’époque classique, car elle jette les bases de l’organisation sociale et politique qui marquera le développement ultérieur de la Grèce antique.
La chute des centres mycéniens fut provoquée par une combinaison de facteurs, notamment des conflits internes, des invasions extérieures et des bouleversements climatiques. Les Doriens, un groupe indo-européen venu du Nord, jouèrent un rôle déterminant dans cette transition. Ils envahirent la Grèce continentale et les îles de la mer Égée, s’implantant durablement et provoquant un déplacement des populations locales.
Des Grecs fuyant ces envahisseurs auraient fondé des colonies sur les côtes de l’Asie Mineure, notamment en Ionie. Cependant, une majorité de la population grecque finit par accepter la domination dorienne, s’intégrant à un nouvel ordre social marqué par une décentralisation politique et une économie de subsistance.
Durant ces siècles obscurs, les Grecs vivaient en petites communautés rurales dominées par des basileis (chefs locaux ou seigneurs de guerre). Cette organisation s’apparente à un système féodal, où le basileus assurait la protection de sa communauté en échange du travail des paysans sur ses terres. La vie quotidienne des habitants restait rudimentaire : les habitations étaient souvent des structures simples en torchis ou en bois, groupées autour de la citadelle du chef.
L’artisanat et le commerce, florissants à l’époque mycénienne, déclinèrent considérablement. Seule l’industrie métallurgique connut un essor grâce à l’introduction du fer. À partir du XIᵉ siècle av. J.-C., la Grèce entra dans l’âge du fer, une période où les armes et outils en fer remplacèrent progressivement ceux en bronze. Ce matériau, plus économique et accessible, permit une démocratisation relative de l’accès aux armes et outils, augmentant ainsi l’autonomie des petites communautés.
La période fut marquée par une grande instabilité. Les communautés isolées étaient en proie à des raids fréquents menés par des basileis rivaux cherchant à s’approprier des richesses sous forme de bétail, d’esclaves et de terres. Dans une économie dépourvue de monnaie, la richesse se mesurait principalement à ces ressources tangibles.
Malgré cette insécurité, la population grecque continua de s’étendre. Les migrations, notamment vers la côte occidentale de l’Asie Mineure et Chypre, furent motivées par la recherche de terres plus sûres. Ces colonies ioniennes, bien qu’indépendantes, conservèrent une forte identité culturelle grecque et devinrent des foyers de renaissance culturelle et économique.
La cité grecque, ou polis, constitue l’un des piliers fondamentaux de la civilisation grecque antique. Toutefois, l’émergence de cette institution ne fut ni uniforme ni immédiate, et son apparition reste un sujet de débat parmi les historiens. Certains situent l’origine des cités à l’époque archaïque (VIIIᵉ-VIe siècle av. J.-C.), tandis que d’autres évoquent une continuité depuis l’époque mycénienne, suggérant des prémices dès le IIᵉ millénaire av. J.-C.
Les premières mentions explicites de la polis remontent au VIIIᵉ siècle av. J.-C. Une inscription retrouvée en Crète témoigne des décisions prises par une cité. Cependant, dans les récits homériques, comme l’Iliade, le monde est encore structuré autour de l’oikos (maisonnée) dirigé par un aristocrate. Dans l’Odyssée, contemporaine de la naissance des cités, on entrevoit des structures ressemblant à des poleis, avec des rassemblements publics (agora) et des regroupements de bâtiments désignés par le terme de cité.
Plusieurs facteurs interconnectés expliquent l’émergence de la cité grecque.
Le VIIIᵉ siècle av. J.-C. marque une croissance démographique significative, parfois estimée à une multiplication par sept de la population relative. Cette croissance a favorisé l’organisation de nouvelles structures sociales et économiques. Cependant, c’est au VIIᵉ siècle que l’explosion démographique devient évidente, entraînant des tensions liées à la répartition des terres et des ressources. Cette pression démographique a contribué à l’essor de la colonisation grecque, à travers laquelle des colonies furent fondées en Méditerranée et sur les rives de la mer Noire.
La religion a joué un rôle central dans la formation des cités. Les cultes servaient à cimenter les communautés autour de sanctuaires partagés. Par exemple, l’Héraion d’Argos, situé à huit kilomètres de la cité, symbolisait l’unité d’Argos tout en marquant une rivalité avec les cités voisines, comme Sparte. Ces sanctuaires étaient souvent situés aux confins du territoire de la cité, soulignant son contrôle sur une région étendue.
Un autre aspect religieux est l’apparition du héros fondateur. De nombreuses cités se choisissaient un personnage mythique ou semi-mythique comme protecteur ou "père" de la cité. Par exemple, Mégare considérait Alcathoos comme son héros fondateur, valorisant son rôle dans la pacification et la délimitation de l’espace citadin.
L’évolution des techniques de combat fut un moteur majeur dans l’émergence des cités. Dans l’Iliade, le combat est décrit comme un duel aristocratique, où les chefs se distinguent individuellement. À l’époque archaïque, ce modèle laisse place à la formation de phalanges hoplitiques, une organisation collective de l’infanterie lourde.
Cette formation militaire repose sur la solidarité : chaque hoplite porte un bouclier (l’aspis koilè) qui protège à la fois son corps et le côté droit de son voisin. Une défaillance individuelle pouvait désorganiser l’ensemble de la phalange. Cette organisation nécessitait discipline, coopération, et égalité devant les risques, valeurs qui se retrouvent dans l’éthique communautaire des cités.
Le combat en phalange a contribué à renforcer l’isonomie (égalité devant la loi et les règles), posant les bases d’une société où la participation collective et la discipline étaient valorisées.
Avec l’émergence des cités, l’espace urbain fut organisé autour de lieux publics comme l’agora (place publique), où se tenaient les assemblées, et les sanctuaires, qui servaient de repères religieux et politiques. Cette structuration reflétait une séparation progressive entre les espaces privés (oikos) et publics, favorisant le développement d’une identité collective.
L’émergence de la cité fut un processus de construction d’une communauté civique. Les habitants de la cité, citoyens (en grec politai), participaient à des institutions communes, qu’il s’agisse de cultes religieux, d’assemblées délibératives ou d’efforts militaires. Cette participation renforçait l’unité et la cohésion interne, même si les droits et devoirs civiques n’étaient pas uniformément répartis.
Les premières cités grecques, ou poleis, sont apparues dans le monde égéen, une région caractérisée par une géographie singulière qui a profondément influencé leur développement. Ce territoire combine des montagnes de moyenne altitude, des côtes découpées, et un accès omniprésent à la mer. Cette configuration géographique a façonné la manière dont les communautés grecques se sont organisées, économiquement, socialement et politiquement.
Le monde grec est fondamentalement marqué par la proximité de la mer : aucun point n’est situé à plus de 100 kilomètres du littoral. Cette accessibilité favorisa l’essor d’un peuple de marins, dépendant du commerce et des voyages maritimes. La mer Égée, avec ses innombrables îles et ses côtes irrégulières, offrait un environnement idéal pour le développement d’échanges commerciaux, de voyages exploratoires et de colonies.
Par ailleurs, le paysage est dominé par une moyenne montagne d’altitude modérée (environ 1 500 mètres), qui, bien qu’entravant les grandes cultures de plaine, permettait la culture en terrasse, la chasse, et le pastoralisme. Ces régions montagnardes offraient également un refuge naturel contre les invasions, favorisant la survie de petites communautés isolées mais résilientes.
Les cités grecques continentales se sont installées dans des régions variées, souvent autour de plaines limitées ou dans des vallées fertiles, mais aussi à proximité des côtes.
Les archipels de l’Égée abritaient de nombreuses cités remarquables, qui, bien que souvent de petite taille, jouèrent un rôle significatif dans le commerce, la religion et la culture.
La longue côte de l’Asie Mineure fut un foyer d’expansion grecque, offrant des terres fertiles et des opportunités commerciales.
Acropole d'Athènes | |
1. Pyrgos du temple d’Athèna Nikè | 2. Temple d’Athèna Nikè |
3. Piédestal du monument d’Agrippa | 4. Rampe d’accès aux propylées |
5. Propylées | 6. Propylées (aile nord) |
7. Propylées (aile sud) | 8. Téménos d’Artémis Brauronia |
9. Téménos d’Athèna Erganè | 10. Chalcothèque |
11. Athèna Promachos | 12. Parthénon |
13. Temple de Rome et d’Auguste | 14. Hérôon de Pandion (?) |
15. Remise (?) | 16. Autel de Zeus |
17. Autel d’Athéna | 18. Erechtéion |
19. Cecropion | 20. Pandroseion |
21. Ancien temple d’Athéna | 22. Maison des Arrhéphores |
23. Cour du jeu de paume | 24. Escalier mycénien |
25. Escalier vers le chemin circulaire | 26. Logements, locaux administratifs, |
Dans le monde grec antique, les rivalités entre cités-États étaient constantes et déterminées par des intérêts politiques, économiques et militaires divergents. Deux cités émergèrent comme les principales puissances de la période classique : Sparte, avec son modèle militariste et oligarchique, et Athènes, avec son orientation démocratique et maritime. Ces rivalités façonnèrent l'histoire grecque, culminant dans la guerre du Péloponnèse.
À l’opposé de Sparte, Athènes se développa grâce à son commerce maritime, sa culture et ses institutions démocratiques. Au VIᵉ siècle av. J.-C., Athènes connut des réformes majeures sous Solon, qui jetèrent les bases de sa démocratie, et sous Pisistrate, qui établit un régime tyrannique mais stable. Après l’expulsion de la dynastie des Pisistratides en 510 av. J.-C., les Athéniens consolidèrent leur démocratie sous Clisthène.
L'intervention de Sparte dans les affaires athéniennes au début du Vᵉ siècle av. J.-C. souligna les tensions entre ces deux cités. En 511 av. J.-C., le roi spartiate Cléomène entra en Attique pour expulser les Pisistratides. Toutefois, sa tentative de prendre le contrôle d’Athènes échoua face à une résistance acharnée.
Cette défaite spartiate fut un tournant : elle affaiblit la perception de l’invincibilité spartiate et motiva Athènes à développer une flotte pour protéger ses intérêts. Ces préparatifs allaient jouer un rôle crucial dans la rivalité à venir.
Contrairement à la majorité des cités grecques, Sparte était gouvernée par une double monarchie héréditaire, soutenue par une armée redoutable. Les Spartiates se considéraient comme les descendants des Doriens, un peuple guerrier dont ils revendiquaient l’héritage. Au VIIᵉ siècle av. J.-C., Sparte était la cité-État dominante du sud de la Grèce, grâce à ses conquêtes et à son organisation sociale unique.
La société spartiate était rigidement hiérarchisée :
Le système spartiate reposait sur l’exploitation des hilotes, qui étaient bien plus nombreux que les citoyens. Ces derniers vivaient dans une peur constante de révoltes, qu'ils réprimaient par des mesures brutales, y compris des massacres préventifs.
Sparte étendit son territoire en conquérant la Laconie et la Messénie, réduisant ces populations à l'état de hilotes. Elle établit ensuite la Ligue du Péloponnèse, un réseau d’alliances militaires et politiques qui fit de Sparte la puissance dominante de la Grèce du Sud au VIᵉ siècle av. J.-C.
Cependant, cette domination n’était pas sans tensions. Les cités alliées voyaient Sparte comme une hégémonie oppressante, et ses méthodes brutales, notamment envers les hilotes, lui attirèrent de nombreux ennemis.
Hoplite Athénien
Contrairement à la majorité des cités grecques, Sparte était gouvernée par une double monarchie héréditaire, soutenue par une armée redoutable. Les Spartiates se considéraient comme les descendants des Doriens, un peuple guerrier dont ils revendiquaient l’héritage. Au VIIᵉ siècle av. J.-C., Sparte était la cité-État dominante du sud de la Grèce, grâce à ses conquêtes et à son organisation sociale unique.
La société spartiate était rigidement hiérarchisée :
Le système spartiate reposait sur l’exploitation des hilotes, qui étaient bien plus nombreux que les citoyens. Ces derniers vivaient dans une peur constante de révoltes, qu'ils réprimaient par des mesures brutales, y compris des massacres préventifs.
Sparte étendit son territoire en conquérant la Laconie et la Messénie, réduisant ces populations à l'état de hilotes. Elle établit ensuite la Ligue du Péloponnèse, un réseau d’alliances militaires et politiques qui fit de Sparte la puissance dominante de la Grèce du Sud au VIᵉ siècle av. J.-C.
Cependant, cette domination n’était pas sans tensions. Les cités alliées voyaient Sparte comme une hégémonie oppressante, et ses méthodes brutales, notamment envers les hilotes, lui attirèrent de nombreux ennemis.
Hoplite Spartiate
La montée en puissance d’Athènes inquiéta Sparte et ses alliés. Au milieu du Vᵉ siècle av. J.-C., Athènes créa la Ligue de Délos, une alliance maritime destinée à protéger la Grèce des Perses, mais qui évolua en un empire athénien. L’expansion d’Athènes et son hégémonie maritime s'opposèrent à l’hégémonie terrestre de Sparte.
Cette opposition de modèles politiques et économiques alimenta les tensions, conduisant à des conflits armés intermittents. La guerre du Péloponnèse (431-404 av. J.-C.) fut l'aboutissement de cette rivalité, une lutte prolongée qui allait affaiblir durablement l’ensemble du monde grec.
Les VIIIᵉ et VIIᵉ siècles av. J.-C. constituent une période charnière de l’histoire grecque, marquée par une vaste expansion coloniale et une intensification du commerce maritime. Ce phénomène a profondément transformé la culture grecque, consolidé le modèle de la cité (polis), et introduit des innovations cruciales comme l’écriture et la monnaie.
La colonisation grecque, loin d’être un processus pacifique ou uniforme, a consisté en l’établissement de cités (apoikiai) à travers le bassin méditerranéen et la mer Noire. Ces colonies, tout en restant autonomes, conservaient des liens religieux et culturels avec leurs cités-mères (métropoles).
La création d’une colonie suivait un rituel précis :
Par exemple, Cyrène, fondée par la cité de Théra, a connu une fondation difficile, marquée par des conflits et des réinstallations successives. La cité devint néanmoins prospère grâce à l’agriculture et au commerce
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La colonisation permit aux Grecs de développer un réseau commercial étendu, favorisant l’échange de biens tels que les céréales, le vin, l’huile d’olive, et les métaux. Certaines cités, comme Égine, prospérèrent en devenant des intermédiaires entre les colonies occidentales et orientales.
Le contact avec les populations locales dites "barbares" a enrichi la culture grecque, notamment par l’adoption de technologies et d’innovations.
Le processus de colonisation a consolidé le modèle de la polis, même dans des régions éloignées de la Grèce. Les colons grecs recréaient des structures politiques similaires à celles de leur cité-mère, introduisant ainsi la culture civique grecque dans de nouvelles régions.
Les conditions hostiles rencontrées par les colons, notamment les conflits avec les populations locales, ont renforcé la solidarité interne des communautés. Les citoyens de ces colonies étaient souvent confrontés à des défis communs, favorisant la cohésion sociale et l’entraide.
L’adoption de l’écriture alphabétique a marqué une révolution culturelle. Elle a permis :
La colonisation, bien que vectrice de prospérité, a exacerbé les tensions entre cités et avec les populations locales. Les conflits pour le contrôle des terres et des routes commerciales se sont multipliés, comme en témoigne l’épisode des Thasiens, contraints de se battre contre les indigènes pour établir leur domination.
L’introduction de la monnaie a permis une nouvelle organisation économique. Utilisée pour payer les mercenaires et favoriser le commerce, elle est devenue un symbole de souveraineté pour chaque cité. À l’époque archaïque, la frappe de monnaie était irrégulière, mais elle joua un rôle croissant dans l’affirmation de l’identité des cités.
La colonisation et les interactions qu’elle a générées ont contribué à l’émergence de réflexions politiques dans le monde grec. Les défis d’organisation des colonies, ainsi que les relations complexes avec les populations locales, ont favorisé la formalisation des institutions politiques, donnant naissance à une culture politique qui allait influencer durablement le monde occidental.
L'expansion coloniale grecque, qui s'étendit sur environ deux siècles (du VIIIᵉ au VIᵉ siècle av. J.-C.), fut un phénomène marquant de l'histoire antique. Elle permit aux Grecs de diffuser leur civilisation à travers le bassin méditerranéen et la mer Noire, tout en développant des relations commerciales et culturelles avec les populations locales. Ce processus a joué un rôle essentiel dans la structuration des sociétés grecques et dans l'émergence de nouvelles dynamiques économiques, sociales et politiques.
Pression démographique et sténochoria
La sténochoria, ou "exiguïté des terres", était un facteur majeur. L'augmentation de la population dans les cités grecques entraînait une pénurie de terres agricoles, ce qui forçait certaines familles à émigrer pour survivre.
Renaissance du commerce
Les nécessités commerciales étaient également cruciales. Les premiers comptoirs grecs, comme Al-Mina (Orient) et les îles Pithécusses près de l’Étrurie (Occident), témoignent de la recherche de métaux précieux et de nouvelles opportunités économiques.
Motivations politiques et sociales
Les tensions politiques et sociales dans certaines cités encourageaient également l’émigration. Des factions vaincues ou des populations marginalisées pouvaient chercher refuge dans de nouvelles colonies.
Rôle de l’oikiste
Chaque expédition coloniale était dirigée par un oikiste (fondateur), choisi par la cité-mère et souvent consacré par l’oracle de Delphes. Ce leader jouait un rôle central dans l’établissement de la colonie et devenait parfois l’objet d’un culte héroïque après sa mort.
Rituels et organisation
Les colons emportaient une flamme sacrée du foyer de leur cité d’origine pour la réinstaller dans la nouvelle colonie. Les liens religieux avec la métropole restaient forts, même si les colonies devenaient rapidement autonomes, tant politiquement qu’économiquement.
Relation avec les populations locales
Les colons grecs entraient souvent en conflit avec les populations indigènes, qu’ils chassaient, asservissaient ou, dans certains cas, avec lesquelles ils négociaient un partage des terres, comme à Mégara Hyblaia en Sicile.
Premières fondations en Méditerranée occidentale
Dès 775 av. J.-C., les Eubéens s’établirent sur les îles Pithécusses, près de l’Italie. En 757, ils fondèrent Cumes en Campanie. Ces établissements furent suivis par de nombreuses autres colonies en Sicile, en Italie du Sud, et jusqu’en Gaule, avec la fondation de Massalia (Marseille) par les Phocéens en 600 av. J.-C.
Colonisation de la Méditerranée orientale et de la mer Noire
Les cités de la mer Égée et de l’Asie Mineure, notamment Milet, furent particulièrement actives dans la colonisation de la mer Noire. Milet fonda près de 75 colonies, dont Byzance (660 av. J.-C.), qui allait devenir un centre majeur de l’Antiquité tardive.
Colonisation en Égypte et en Libye
En Égypte, les Grecs obtinrent le droit d’établir un comptoir commercial à Naucratis, tandis qu’en Libye, ils fondèrent Cyrène, qui devint une riche cité agricole.
Prospérité économique
Les colonies grecques exploitèrent les ressources locales pour développer des économies prospères. Par exemple :
Urbanisme et architecture
Les colonies grecques furent souvent des laboratoires d’innovation. L’urbanisme de certaines cités, comme Sélinonte et Agrigente, préfigurait le système "hippodamien" de planification urbaine en îlots réguliers.
Échanges culturels et intellectuels
Les colonies grecques furent des vecteurs de la culture hellénique, tout en s’enrichissant des influences locales. À Crotone, Pythagore fonda son école philosophique et mathématique, jouant un rôle crucial dans la pensée grecque.
Monuments et sanctuaires
L’opulence des colonies est attestée par leurs édifices religieux, comme les temples d’Agrigente et de Paestum, qui témoignent de la magnificence de leur architecture et de leur dévotion religieuse.
La cohabitation entre les Grecs et les populations locales variait selon les régions. Dans certains cas, comme à Cumes, les Grecs affrontèrent les Étrusques pour protéger leurs intérêts. Ailleurs, des échanges culturels et économiques s’établirent, enrichissant les deux parties. Par exemple, l’art des colonies italiennes montre des influences phéniciennes et étrusques, tandis que les populations locales adoptèrent certains aspects de la culture grecque.
Diffusion de l’hellénisme
Les colonies grecques jouèrent un rôle clé dans la propagation de la culture grecque en Méditerranée. Elles servirent de points de contact avec d'autres civilisations, notamment les Étrusques et les Romains.
Développement économique
Le réseau commercial et les innovations agricoles des colonies contribuèrent à la prospérité générale du monde grec.
Échanges intellectuels et artistiques
Les colonies grecques devinrent des foyers intellectuels et artistiques brillants, rivalisant parfois avec les cités-mères en Grèce propre.
Émergence du monde latin
Les contacts entre les Grecs de Grande-Grèce et les populations locales, notamment les Latins, favorisèrent la naissance d'une culture romano-hellénique. Des écrivains comme Livius Andronicus, premier auteur de langue latine, sont issus de cette interaction.
Les colonies grecques furent bien plus que des extensions territoriales de la Grèce. Elles furent des creusets d’innovation, des relais commerciaux, et des vecteurs de l’hellénisme dans des régions aussi éloignées que la Gaule et la mer Noire. Grâce à elles, la civilisation grecque a non seulement survécu mais s’est enrichie au contact d’autres cultures, marquant durablement l’histoire du monde méditerranéen.
Auteur : Stéphane Jeanneteau
Février 2008