Les cités-États grecques, épuisées par des décennies de guerres, comme le conflit du Péloponnèse, se retrouvèrent dans un état de faiblesse chronique. Les querelles intestines, les luttes pour la domination régionale, et les alliances fragiles empêchèrent toute forme d’unité durable.
Face à ce contexte chaotique, une puissance jusqu’alors sous-estimée, la Macédoine, émergea comme force dominante sous la conduite de Philippe II.
Philippe II, roi de Macédoine, transforma son royaume grâce à des réformes militaires et stratégiques révolutionnaires. Il introduisit la phalange macédonienne, une infanterie équipée de longues lances (sarisses), et développa une cavalerie lourde redoutable. Ces innovations permirent à la Macédoine de surpasser les cités-États grecques sur le champ de bataille.
Philippe entama une série de campagnes pour asseoir son pouvoir sur le nord de la Grèce, puis sur l’ensemble du monde grec :
Après Chéronée, Philippe convoqua un conseil à Corinthe pour établir une alliance panhellénique sous sa direction : la Ligue de Corinthe. Bien que les cités grecques conservaient une certaine autonomie, elles étaient désormais subordonnées à la Macédoine. Philippe prévoyait d’utiliser cette alliance pour lancer une expédition contre l’Empire perse.
Au printemps de 334, Alexandre de Macédoine, à la tête de 35000 hommes, envahit l’Asie Mineure et lança une campagne éclair destinée à soumettre le puissant Empire perse. Il ne pouvait se permettre de perdre, car il avait besoin des ressources de cette région pour payer ses troupes, constituées de Macédoniens réguliers, d’alliés grecs et de partisans thraces et crétois.
La force principale était constituée de 5000 cavaliers très entraînés, comprenant la garde personnelle d’Alexandre (les Compagnons), la cavalerie lourde macédonienne et une cavalerie légère composée de mercenaires. Si ces troupes montées représentaient le marteau de son armée, les phalanges de son infanterie lourde en étaient l’enclume - un mur de sarisses (piques) rendait ces troupes supérieures aux lanciers et à la cavalerie ennemis. L’élite de cette division d’infanterie était constituée de 3000 «porteurs de boucliers », les hypaspistes et de phalangistes de la maison royale. Quand il retourna en Macédoine, Alexandre laissa à Antipater, un vieux général proche de son père, la charge de maintenir l’ordre en Grèce.
La première confrontation survint pendant l’été lorsque Alexandre se heurta à l’armée perse retranchée derrière le fleuve Granique. Elle était commandée par un trio de satrapes perses, conseillés par un mercenaire grec expérimenté, Memnon de Rhodes. Alexandre brisa l’armée de son adversaire grâce à une vigoureuse charge de cavalerie à travers le fleuve, soutenue par l’avance régulière de son infanterie. Malgré une contre-attaque destinée à capturer ou à tuer le jeune roi, les Perses cédèrent devant l’assaut.
Portrait de Philippe II : pièce en ivoire haute de 320mm, qui ornait le lit de bois dans la tombe de Philippe |
Au printemps 334 av. J.-C., Alexandre le Grand entreprit une campagne ambitieuse contre l’Empire perse avec une armée de 35 000 hommes, composée de cavaliers d’élite (les Compagnons), de phalangistes macédoniens équipés de longues sarisses, d’hypaspistes (infanterie légère) et de mercenaires alliés grecs, thraces et crétois. Cette armée combinait la mobilité de la cavalerie et la discipline impénétrable de l’infanterie.
La campagne débuta par une victoire éclatante au fleuve Granique, où Alexandre défit les satrapes perses commandés par Memnon de Rhodes. Cette victoire ouvrit la voie à la libération des cités grecques de la côte ionienne. Après avoir sécurisé Sardes, la capitale perse régionale, Alexandre poursuivit sa route en prenant Milet et Halicarnasse, privant la flotte perse de bases stratégiques dans la mer Égée.
Après avoir assuré son contrôle sur l’ouest de l’Asie Mineure, Alexandre se dirigea vers le centre du territoire perse. L’hiver 334-333 av. J.-C. fut marqué par la soumission de la Phrygie et la célèbre légende du nœud gordien à Gordion. Selon l’histoire, Alexandre, incapable de le dénouer, le trancha avec son épée, accomplissant ainsi une prophétie selon laquelle celui qui déferait le nœud deviendrait le roi de l’Asie.
En automne 333 av. J.-C., Alexandre affronta pour la première fois le roi perse Darius III à Issos, dans le sud de l’Asie Mineure. Bien qu’inférieure en nombre, son armée utilisa un terrain étroit à son avantage, empêchant les Perses d’exploiter leur supériorité numérique. La cavalerie macédonienne brisa les lignes ennemies, obligeant Darius à fuir et laissant derrière lui sa famille et un trésor immense. Cette victoire renforça le prestige d’Alexandre et marqua un tournant dans la guerre.
Après Issos, Alexandre tourna son attention vers la Phénicie et l’Égypte :
Le siège de Tyr (332 av. J.-C.) : Cette cité fortifiée, située sur une île, résista des mois à l’assaut macédonien. Alexandre fit construire une gigantesque digue pour atteindre ses murs. Après une résistance acharnée, Tyr fut prise et rasée, envoyant un message clair à ceux qui s’opposeraient à lui.
L’Égypte et Alexandrie : Après la prise de Gaza, Alexandre entra en Égypte, où il fut accueilli comme un libérateur. À Siouah, l’oracle d’Amon le déclara fils de Zeus-Amon, consolidant sa légitimité en tant que dirigeant divin. Il fonda la ville d’Alexandrie, destinée à devenir un centre culturel et économique majeur du monde hellénistique.
Le 1ᵉʳ octobre 331 av. J.-C., Alexandre rencontra l’armée de Darius à Gaugamèles, près de Babylone. Les Perses, avec une armée estimée à 250 000 hommes, semblaient imbattables face aux 35 000 soldats d’Alexandre. Cependant, grâce à une stratégie supérieure, Alexandre brisa les lignes perses. La charge de cavalerie menée par ses Compagnons perça le centre de l’armée perse, forçant une fois de plus Darius à fuir.
Cette victoire ouvrit la voie à Babylone, Suse, et Persépolis, qui tombèrent successivement aux mains d’Alexandre. La prise de ces cités, riches en trésors et en symboles, marqua la fin de l’Empire achéménide.
Après la victoire décisive à Gaugamèles (331 av. J.-C.), Alexandre s’empara de Babylone, Suse, et de la capitale perse, Persépolis, où il fit brûler le palais royal des Achéménides dans un acte controversé de vengeance et de symbolisme. Il poursuivit ensuite Darius III, qui avait été capturé par son propre général, Bessus. Alexandre trouva Darius mort, abandonné par ses ravisseurs, et organisa des funérailles d’État pour le dernier roi achéménide, marquant son respect pour son adversaire.
Avec la mort de Darius et l'exécution de Bessus, Alexandre s’autoproclama Grand Roi et consolida son autorité sur l’ensemble de l’ancien empire perse.
Après la chute de la Perse, Alexandre tourna son attention vers les régions plus orientales, en particulier la Bactriane et la Sogdiane (aujourd'hui l'Afghanistan et l'Ouzbékistan). Ces campagnes, entre 330 et 327 av. J.-C., furent parmi les plus ardues :
Les défis militaires : Alexandre fit face à une résistance acharnée, notamment de la part de Spitaménès, un chef bactrien spécialisé dans la guérilla. Les pertes furent importantes, et ce n’est qu’après l’assassinat de Spitaménès par ses propres alliés que la région fut pacifiée.
Les mariages mixtes : Pour favoriser la fusion culturelle et l'intégration des peuples conquis, Alexandre encouragea les mariages entre ses soldats et des femmes locales. Lui-même épousa Roxane, une princesse bactrienne, en 327 av. J.-C., marquant son intention de créer une élite multiculturelle.
En 327 av. J.-C., Alexandre franchit l’Hindou-Kouch pour envahir l’Inde. Sa progression culmina avec la victoire à la bataille de l’Hydaspe (326 av. J.-C.) contre le roi Porus, dont les éléphants de guerre constituèrent une nouvelle menace pour les armées macédoniennes. Alexandre, impressionné par la bravoure de Porus, le maintint comme souverain vassal.
Cependant, à la veille d'une invasion de la vallée du Gange, les troupes d’Alexandre, épuisées après huit ans de campagne et éloignées de leurs foyers, refusèrent d’aller plus loin. Alexandre, contraint de battre en retraite, descendit l’Indus et retourna en Perse en traversant le désert de Gédrosie, une marche marquée par de lourdes pertes.
De retour à Babylone en 324 av. J.-C., Alexandre entreprit de consolider son empire :
Réformes administratives : Alexandre nomma des gouverneurs locaux tout en intégrant des élites perses dans son administration. Cela provoqua des tensions avec ses soldats macédoniens, qui voyaient d’un mauvais œil cette « orientalisation » de leur roi.
Expéditions punitives : Alexandre dut réprimer des révoltes dans les provinces orientales et renforcer son autorité sur ses territoires.
Après la mort prématurée d’Alexandre le Grand en 323 av. J.-C., son empire, trop vaste pour être gouverné par un seul souverain, se désintégra rapidement. Ses généraux, les diadoques, se disputèrent violemment le contrôle des territoires lors des guerres des Diadoques (322-281 av. J.-C.). Ces conflits aboutirent à la création des États successeurs, dont les deux plus puissants furent :
D’autres États plus modestes jouèrent également un rôle important :
Malgré les efforts d’Alexandre pour créer une unité politique et culturelle, les États successeurs échouèrent à maintenir cette cohésion. Les luttes intestines entre les diadoques et leurs héritiers affaiblirent ces royaumes, qui devinrent incapables de résister aux pressions extérieures :
Si l’unité politique du monde grec fut brisée, son influence culturelle persista et s’étendit largement :
La disparition des États successeurs entraîna une perte de l’identité politique grecque en tant qu'entité indépendante. Cependant, la civilisation hellénistique continua de prospérer grâce à son intégration dans l’Empire romain. Cette synthèse gréco-romaine forma les bases de la culture occidentale et influença également les civilisations du Moyen-Orient.
Bien que les États successeurs aient échoué à maintenir l’unité politique d’Alexandre, leur rôle dans la transmission de la culture grecque fut essentiel. L’hellénisme, plus qu’un simple âge de conquêtes, devint une ère de diffusion culturelle, établissant des ponts entre l’Orient et l’Occident. Cet héritage durable, transmis par les Romains, a façonné les civilisations ultérieures et continue d’influencer le monde moderne.
Auteur : Stéphane Jeanneteau
Mars 2009