Les Celtes, souvent qualifiés de « conquérants de l’Europe » ou décriés comme les « barbares de l’Europe », furent les premiers peuples organisés de l’Europe du Nord à établir une véritable civilisation. À leur apogée au IIe siècle avant J.-C., leur influence s'étendait des rives de l’Irlande à celles de la Turquie, et de l’Espagne jusqu’à l’Allemagne. Quelques colonies celtes s’implantèrent même en Ukraine, témoignant d’une expansion impressionnante.
Installés principalement le long des grands fleuves européens tels que le Danube, le Rhin, le Rhône, la Tamise et la Seine, les Celtes profitèrent de ces axes stratégiques pour tisser des liens commerciaux avec les civilisations méditerranéennes. Des objets retrouvés dans des tombes celtes en France et en Allemagne attestent de ces échanges : des marchandises venant du Moyen-Orient témoignent d’une connectivité remarquable pour l’époque.
Notre connaissance des Celtes repose sur des récits écrits par les Grecs et les Romains, souvent biaisés par les préjugés des auteurs, et sur des découvertes archéologiques. Les Celtes étaient à la fois redoutés et respectés : leurs armées envahirent l’Italie et l’Espagne avant que Rome ne les repousse. Ils s’illustrèrent également en tant que mercenaires dans des armées opposées à Rome, devenant des adversaires redoutables.
La civilisation celte était dominée par une aristocratie guerrière valorisant les prouesses militaires. Cependant, cette ardeur belliqueuse devint une faiblesse exploitée par les Romains, notamment par Jules César lors de la conquête de la Gaule en 50 avant J.-C. En moins d’un siècle, les Celtes perdirent leur indépendance sur le continent européen. Les îles Britanniques restèrent leur dernier bastion jusqu’à leur conquête par les Romains, suivis des Germains. Au Xe siècle, les Celtes n’étaient plus qu’un souvenir, confinés à des régions atlantiques comme l’Écosse, l’Irlande et le Pays de Galles.
Les Celtes se distinguent par leur talent artistique exceptionnel. Ils laissèrent des objets en fer finement décorés, considérés comme parmi les plus beaux de l’Antiquité. Leur sensibilité artistique se poursuivit avec leur conversion au christianisme, illustrée par des manuscrits enluminés tels que le Livre de Kells ou le Livre de Durrow. Ces œuvres, avec leurs motifs d’entrelacs complexes et leurs couleurs vibrantes, continuent de fasciner.
Les racines celtes remontent aux sociétés européennes du Néolithique et de l’âge du Bronze, notamment celles de la culture des Champs d’Urnes (Xe-VIIe siècles avant J.-C.). Ces populations se mêlèrent à des peuples de l’Est, probablement des cavaliers nomades, lors de migrations tumultueuses au VIIIe siècle avant J.-C. Cette période vit l’émergence de fortifications, des sacrifices humains accrus, et une instabilité générale, marquant l’apparition d’une nouvelle élite dirigeante.
La culture de Hallstatt (VIIIe-VIe siècles avant J.-C.), nommée d’après un site funéraire autrichien, représente la première société celte authentique. Ces Celtes étendirent leur influence sur une grande partie de l’Europe. Leur héritage fut poursuivi par la culture de La Tène (Ve-Ier siècles avant J.-C.), marquée par un raffinement artistique et une organisation militaire qui firent la renommée de la civilisation celte.
Bien que souvent décrits comme des « barbares » par les Grecs et les Romains, les Celtes furent en réalité les architectes d’une grande civilisation européenne. Leur héritage artistique, culturel et militaire continue d’influencer l’imaginaire collectif et reste une source d’admiration et d’étude.
La culture des Champs d’urnes, dominante en Europe centrale au début du 1ᵉʳ millénaire avant J.-C., marque une étape charnière dans l’histoire européenne. Considérés comme les ancêtres des Celtes, ces "Proto-Celtes" se distinguent par leurs innovations sociales, militaires et techniques. Leur transition vers l’âge du fer a donné naissance à la culture de Hallstatt, définissant le début de la civilisation celte.
Apparue vers 850 avant J.-C., la culture des Champs d’urnes est nommée ainsi en raison de ses pratiques funéraires spécifiques : l'incinération des corps, avec les cendres placées dans des urnes. Cette culture partage des similarités frappantes avec la culture celte de Hallstatt, notamment dans la structure sociale et l’organisation militaire. Toutefois, la différence majeure réside dans leur maîtrise des métaux. Alors que les Proto-Celtes excellaient dans le travail du bronze, les Celtes de Hallstatt innovèrent avec le fer, inaugurant un nouvel âge technologique.
La transition vers le travail du fer, datée autour de 700 avant J.-C., permit la fabrication d’outils et d’armes plus robustes et efficaces. Des épées longues et lourdes furent conçues pour couper et tailler, marquant une avancée militaire significative. Cette supériorité technique fut également appliquée à l’agriculture, avec des charrues plus performantes facilitant l’exploitation des terres.
Bouclier de Battersea (II-Ie siècle) retrouvé dans la Tamise |
Les Proto-Celtes démontrèrent une grande habileté dans l’art de la guerre. L’augmentation de la production de bronze favorisa le développement d’armes et d’armures sophistiquées, tandis que les techniques de fortification se perfectionnèrent. Des villages fortifiés, protégés par des fossés, des palissades et des murailles, sont caractéristiques de cette époque. Ces structures montrent une réponse à une intensification des conflits, probablement due à la concurrence pour le contrôle des ressources métalliques.
L’essor de la métallurgie favorisa une spécialisation régionale : certains centres se consacrèrent à la fabrication d’armes, d’autres à la production d’objets utilitaires ou décoratifs. Parallèlement, l’agriculture connut des progrès notables, avec l’introduction de techniques comme la rotation des cultures et une meilleure exploitation des sols. Ces innovations permirent une augmentation des rendements agricoles, entraînant une croissance démographique et une amélioration des conditions de vie.
La culture des Champs d’urnes évolua progressivement en celle de Hallstatt, identifiée comme la première véritable culture celte. Cette transition ne doit pas être vue comme une rupture brutale, mais plutôt comme une continuité, marquée par l’introduction du fer comme matériau dominant. Les Celtes de Hallstatt continuèrent à occuper la même région géographique et à adopter des schémas sociaux, culturels et politiques similaires à ceux de leurs prédécesseurs, tout en bénéficiant des avantages du fer.
La culture de Hallstatt, qui tire son nom d’un petit village des Alpes autrichiennes, constitue l’une des premières manifestations majeures de la civilisation celte. Épanouie entre 700 et 500 avant J.-C., cette culture représente un âge de transition marqué par des innovations sociales, économiques et technologiques, notamment dans l’exploitation des ressources naturelles et le développement du fer.
Hallstatt se situe dans la région de Salzkammergut, riche en gisements de sel facilement exploitables. Dès le VIIᵉ siècle avant J.-C., le sel devint un moteur économique pour la région, servant à conserver les aliments et constituant une marchandise précieuse dans les échanges commerciaux. Le terme « hall », d’origine celte, reflète cette association historique avec le sel, comme en témoignent les noms locaux de Hallstatt et Hallein.
Au VIIᵉ siècle avant J.-C., les migrations de peuples des steppes, comme les Cimmériens, sous la pression des Scythes, eurent un impact significatif sur la région. Ces peuples furent probablement assimilés par les sociétés de l’âge du bronze d’Europe centrale, introduisant des pratiques et des technologies nouvelles. Les découvertes archéologiques, notamment des harnachements équestres retrouvés dans des tombes de guerriers, témoignent de cette interaction. Ces innovations enrichirent la culture hallstattienne, en particulier dans le domaine militaire.
La culture de Hallstatt connut son apogée au VIIᵉ et VIᵉ siècles avant J.-C., mais elle déclina progressivement après 600 avant J.-C., lorsque d’autres sources de sel furent découvertes et que de nouvelles technologies, notamment dans le travail du fer, transformèrent les sociétés environnantes. Ces changements provoquèrent un déplacement du pouvoir vers des régions plus dynamiques, comme le bassin rhénan (en Suisse, dans le sud-ouest de l’Allemagne et l’est de la France).
Environ 500 avant J.-C., la culture de Hallstatt fut éclipsée par la culture de La Tène, qui devint la forme la plus épanouie de la civilisation celte. Cette transition marqua un tournant, avec une expansion des Celtes vers l’ouest et une sophistication accrue de leur artisanat et de leurs structures sociales.
Depuis la découverte des tombes de Hallstatt en 1824, de nombreuses nécropoles ont été fouillées, révélant une richesse culturelle et économique remarquable. Ces sépultures, disséminées à travers l’Autriche, le sud de l’Allemagne et la République tchèque, contiennent des objets funéraires témoignant du rang social des défunts. Parmi ces artefacts, on trouve des armes, des bijoux, des céramiques, ainsi que des preuves de pratiques rituelles complexes.
Ces découvertes archéologiques ont permis de confirmer que l’Europe centrale, et plus particulièrement les régions autour de Hallstatt, représente le berceau des Celtes. La transition vers la culture de La Tène marqua leur expansion géographique et culturelle, les établissant comme l’une des civilisations les plus influentes de l’Europe antique.
La culture de Hallstatt, bien que dépassée par celle de La Tène, jeta les bases de la civilisation celte. Elle illustre une période de transition majeure dans l’histoire européenne, où des innovations économiques (exploitation du sel), techniques (travail du fer) et sociales façonnèrent les sociétés futures. Hallstatt reste un symbole des origines des Celtes, un peuple qui allait dominer une grande partie de l’Europe pendant des siècles.
La culture de La Tène, débutant au Ve siècle avant J.-C., marque l’apogée de la civilisation celte. Nommée d’après le site archéologique de La Tène, près du lac de Neuchâtel en Suisse, cette période est synonyme d’une expansion territoriale majeure, d’une sophistication artistique remarquable et d’un contact croissant avec d’autres grandes civilisations de l’époque, notamment les Grecs, les Carthaginois et les Romains. Elle s’étendit jusqu’à la conquête romaine, incarnant une ère de gloire et de transformation pour les Celtes.
Contrairement à Hallstatt, connue pour ses sépultures, La Tène est célèbre pour ses offrandes votives. Des milliers d’objets, principalement des armes, des bijoux et des pièces décoratives en métal, ont été retrouvés dans les eaux du lac, où ils furent déposés en offrande aux dieux. Ces découvertes, associées à celles de Hallstatt, permettent d’établir une chronologie du développement de la société celte durant l’âge du fer.
La période de La Tène est divisée en trois phases principales :
Dans les îles Britanniques, particulièrement en Irlande et en Écosse, La Tène III se prolongea jusqu’au Ve siècle après J.-C., car ces régions ne furent jamais conquises par Rome.
La culture de La Tène se distingue par l’expansion territoriale des Celtes, qui s’étendirent bien au-delà de leur cœur initial en Europe centrale (République tchèque, Hongrie, Autriche, Suisse, sud de l’Allemagne). À son apogée, le monde celte comprenait :
Des objets typiques de La Tène ont été retrouvés dans des lieux aussi éloignés que l’Écosse et la Turquie, témoignant de la portée géographique et de l’influence culturelle des Celtes.
La période de La Tène fut également marquée par des contacts avec les civilisations méditerranéennes. Les échanges avec les Grecs, les Carthaginois et les Romains enrichirent la culture celte, influencèrent leurs arts et leur artisanat, et introduisirent de nouvelles techniques. Les Celtes exportaient des biens tels que du métal, tandis qu’ils importaient du vin, des poteries et des idées.
Malgré leur expansion et leur richesse culturelle, les Celtes ne formèrent jamais un État unifié. Leur société reposait sur une organisation tribale, chaque tribu étant indépendante et souvent en conflit avec les autres. Cette absence de contrôle centralisé fut l’une des causes majeures de leur effondrement face à des adversaires mieux organisés, tels que les Romains.
L’art de La Tène se distingue par une grande sophistication et un style caractérisé par des motifs géométriques, des spirales, des courbes et des représentations stylisées de la nature. Les Celtes excellaient dans le travail du métal, créant des armes ornées, des bijoux, des torques (colliers rigides), et des objets du quotidien d’une beauté inégalée. L’influence méditerranéenne se reflète dans certains objets, mais les Celtes ont su préserver un style propre qui témoigne de leur créativité et de leur sens artistique.
Les Gaulois, issus de la civilisation celte, étaient parmi les tribus les plus influentes et les plus étendues d’Europe occidentale. Leur histoire est étroitement liée aux migrations, à la culture de La Tène, et à leurs interactions avec les puissances méditerranéennes, avant leur incorporation dans l’Empire romain.
Vers la fin de la période de Hallstatt, les Celtes commencèrent à migrer vers l’ouest, traversant le Rhin et s’établissant en Gaule. Cette migration, à son apogée au Ve siècle avant J.-C., fut stimulée par des pressions exercées par d’autres groupes, comme les Cimbres et les Teutons venus du nord, ainsi que par des tribus germaniques en expansion à l’est. Les contacts culturels avec ces peuples façonnèrent en partie l’identité gauloise.
Contrairement à une invasion brutale, les Celtes arrivèrent en Gaule majoritairement comme colons. Ils s’installèrent initialement dans le nord et le centre du territoire, laissant les régions côtières méridionales et occidentales en marge de leur influence jusqu’à une période plus tardive.
Les tribus gauloises étaient organisées autour des vallées fluviales, qui servaient de centres économiques, politiques et militaires. Les principales rivières — Seine, Loire, Garonne, Rhône, Saône — constituaient des axes de communication et structuraient les territoires tribaux. Les Éduens, les Séquanes, les Parisii et d’autres tribus contrôlaient ces régions, formant des alliances ou des confédérations pour consolider leur pouvoir.
La Gaule était une mosaïque d’unités politiques, appelées pagi (singulier pagus), regroupées sous des entités plus larges (nationes). Par exemple, les Éduens comptaient six pagi, dont le plus important, Bibracte, était leur capitale. Les pagi les plus prospères devinrent de grandes villes comme Paris (capitale des Parisii), Chartres (Carnutes) ou Titelberg (Trévires). Ces centres étaient à la fois des marchés commerciaux, des lieux de résidence pour les chefs tribaux, et des symboles du pouvoir.
Cependant, cette organisation restait décentralisée. Le manque d’unité politique fut l’une des faiblesses des Gaulois, permettant aux Romains de les conquérir en utilisant leur célèbre stratégie de « diviser pour régner ».
Entre le IVe et le IIIe siècle avant J.-C., les Gaulois étendirent leur influence bien au-delà de la Gaule proprement dite. Ils s’avancèrent en Italie du nord, formant la ligue celto-ligure avec les Ligures, mais cette expansion provoqua une réaction de Rome, qui annexa progressivement la région, notamment la Provence en 125 avant J.-C.
Dans le nord de la Gaule, une nouvelle vague de migrations amena les Belges au IVe et au IIIe siècle avant J.-C., chassés par les Germains. Ces derniers fondèrent une société distincte, influencée par la culture gauloise, mais conservèrent des traits identitaires propres. César les décrit comme se considérant « plus teutons que gaulois ». Leur résistance à Rome fut particulièrement acharnée, notamment dans le nord de la Gaule et en Angleterre.
Les tribus gauloises étaient hiérarchisées et gouvernées par des chefs ou des rois, parfois alliés pour former des confédérations. Ces alliances étaient souvent éphémères, éclatant sous les tensions internes. Par exemple, les Éduens, les Arvernes et les Séquanes, autrefois alliés, s’affrontèrent pour la suprématie régionale peu avant l’invasion romaine.
Au IIIe siècle avant J.-C., les Bituriges établirent une domination temporaire sur leurs voisins, mais ce fut au Ier siècle avant J.-C. que les Arvernes émergèrent comme la tribu dominante, menant une coalition contre Rome sous la direction de Vercingétorix. Toutefois, les dissensions internes parmi les Gaulois affaiblirent leur résistance.
Jules César exploita avec habileté les divisions internes des Gaulois lors de sa conquête, débutée en 59 avant J.-C. Malgré une tentative d’unification menée par Vercingétorix, qui rallia les tribus lors du siège d’Alésia en 52 avant J.-C., les Gaulois furent vaincus. La Gaule devint une province romaine, marquant la fin de l’indépendance gauloise.
Sous la domination romaine, les Gaulois adoptèrent les institutions et la culture romaines, intégrant progressivement leur société à l’Empire. Cependant, la conquête entraîna la disparition de la culture celte sur le continent, laissant les îles Britanniques comme dernier refuge de cette civilisation.
Les Gaulois étaient réputés pour leur artisanat, en particulier pour leur travail des métaux. Ils fabriquaient des bijoux, des torques, des gobelets, et d’autres objets d’une grande qualité artistique. Les marchés locaux et les centres tribaux devinrent des plaques tournantes du commerce, facilitant les échanges avec d’autres régions d’Europe, notamment la Méditerranée.
Bien que la civilisation gauloise ait été absorbée par Rome, son influence se fit sentir dans l’organisation des territoires, les techniques agricoles, et certains aspects de l’artisanat. De nombreuses villes modernes en France, comme Paris et Chartres, trouvent leurs racines dans ces anciennes capitales tribales.
Les Celtibères, issus d’un mélange culturel entre les Celtes venus d’Europe centrale et les Ibères indigènes, incarnent une branche unique de la civilisation celte. Leur histoire s’étend sur plusieurs siècles, marqués par des conflits, des alliances, et une assimilation progressive par Rome.
Les origines des Celtibères remontent à l’âge du bronze, lorsque la culture des vases campaniformes se répandit à travers l’Europe, marquant les débuts de la civilisation protocelte. Ces populations migrèrent ensuite vers la péninsule Ibérique, où elles rencontrèrent les Ibères, un peuple autochtone occupant l’est et le sud de la péninsule. Cette rencontre donna naissance à une culture hybride.
Au VIᵉ siècle avant J.-C., les Ibères coupèrent les Celtes installés dans l’intérieur des terres de leurs voisins du sud de la Gaule, renforçant ainsi l’autonomie culturelle des Celtibères. Les influences de la culture de La Tène sont néanmoins visibles dans les vestiges retrouvés en Espagne, notamment des objets métalliques tels que des fibules et des armes.
CORDOBA - Fibule de style de la Tène (Espagne - III/I s. av. JC). |
Les Celtibères étaient organisés en tribus, chacune centrée autour de villages fortifiés situés sur des hauteurs stratégiques. Ces oppida, comme celui de Numance, étaient des bastions militaires et culturels. Les Celtibères excellaient dans l’art de la guerre, utilisant des épées courbes (falcata), des boucliers légers et une cavalerie mobile.
Leur culture guerrière fit d’eux des mercenaires prisés. Pendant les guerres puniques, les Celtibères furent recrutés en masse par les Carthaginois, notamment par Hannibal. En 218 avant J.-C., lors de son passage des Alpes, près de la moitié de l’armée d’Hannibal était composée de guerriers celtes, y compris des Celtibères.
Après la défaite de Carthage lors de la bataille de Zama en 203 avant J.-C., Rome s’intéressa directement à l’Ibérie. Les Celtibères, farouchement indépendants, résistèrent à l’expansion romaine.
Après leur conquête, les Celtibères furent assimilés dans la province romaine d’Hispania. Bien que leur identité politique disparût, certains aspects de leur culture persistèrent, notamment dans des régions isolées comme la Galice et le Pays basque.
L’arrivée de réfugiés celtes d’Aquitaine au Ier siècle avant J.-C., fuyant la conquête romaine de la Gaule, renforça l’héritage celte en Espagne. Aujourd’hui, les traditions celtes survivent en Galice et au Pays basque, où la musique, la danse et les légendes rappellent l’influence celtique.
Les Celtibères sont un exemple fascinant de fusion culturelle entre les Celtes et les peuples autochtones de la péninsule Ibérique. Leur influence perdure dans l’artisanat, la musique traditionnelle, et même la toponymie de certaines régions. Leur résilience face à Rome illustre leur rôle crucial dans l’histoire celte.
L'histoire des Celtes d'Italie, connus sous le nom de Gaulois cisalpins, illustre une période de conquête, d’interactions culturelles et de conflits prolongés avec les Étrusques et les Romains. Installés dans la vallée du Pô, ces tribus celtes jouèrent un rôle déterminant dans la transformation de l’Italie antique avant leur intégration dans l’Empire romain.
Vers 475 avant J.-C., des tribus celtes, notamment les Boïens, les Insubres et les Sénons, franchirent les Alpes pour s’installer dans la vallée du Pô. Leur victoire sur les Étrusques à Melpum marqua leur domination sur cette région fertile. Cette conquête permit aux Celtes de contrôler les plaines au nord des Apennins, faisant de la vallée du Pô un territoire celte pendant près de deux siècles.
En 390 avant J.-C., les Sénons, menés par le chef Brennus, assiégèrent Rome après avoir défait l’armée romaine à Allia. Cet événement, marqué par le sac de Rome, resta gravé dans la mémoire collective romaine comme une humiliation majeure. La légende raconte que Brennus, en exigeant une rançon, lança son épée sur les poids de la balance et déclara : « Vae victis » (« Malheur aux vaincus »). Cet épisode contribua à alimenter la crainte romaine des Celtes pendant des générations.
Les relations romano-celtes demeurèrent tendues au cours des siècles suivants, ponctuées de traités précaires et de conflits intermittents. Les incursions celtes dans le territoire romain se poursuivirent jusqu’à la fin du IVᵉ siècle avant J.-C., lorsque les Sénons furent repoussés vers la côte adriatique.
Au IIIᵉ siècle avant J.-C., les Celtes d’Italie cherchèrent à renforcer leur position en s’alliant avec d’autres peuples italiques, notamment les Samnites et les Étrusques. Ces alliances permirent quelques victoires, comme celle de Camerium en 298 avant J.-C., mais elles ne purent empêcher l’avancée romaine.
En 224 avant J.-C., les Celtes lancèrent une offensive unifiée contre Rome, mais leur défaite à Telamon scella leur sort. En 222 avant J.-C., les Romains prirent définitivement le contrôle de la vallée du Pô, marquant la fin de l’indépendance celte dans cette région.
Pendant la seconde guerre punique (218-201 avant J.-C.), les Celtes jouèrent un rôle clé en soutenant Hannibal. Des milliers de mercenaires celtes, recrutés dans la vallée du Pô, accompagnèrent Hannibal lors de son passage des Alpes et participèrent à ses victoires spectaculaires, comme celles de Trébie et de Cannes. Malgré leurs efforts, l’alliance avec Carthage échoua, et la domination romaine fut rétablie dans la vallée du Pô après la défaite de Carthage.
Après la soumission des Boïens en 191 avant J.-C., la vallée du Pô fut intégrée à l’Empire romain sous le nom de Gaule Cisalpine. Bien que la culture celte ait été absorbée dans la structure romaine, des traces de leur présence subsistent dans l’onomastique, les traditions locales, et certains aspects de l’urbanisme dans la région.
L'histoire des Celtes d’Italie illustre leur rôle en tant que guerriers redoutables et partenaires politiques influents dans les conflits de l’Antiquité. Leur culture, bien que finalement submergée par celle de Rome, a laissé une empreinte durable sur le nord de l’Italie, notamment dans les noms de lieux et les légendes locales.
Le nom latin du peuple est donné entre parenthèses lorsque le nom francisé sert de titre à l’article détaillé. La liste est présentement incomplète.
1 - Gaule cisalpine
au sud du Pô
• les Boïens (boii)
• les Lingons (lingones)
• les Sénons (senones)
au nord du Pô
• les Cénomans (cenomani)
• les Insubres
• les Anares
• les Comasques
• les Laevi
• les Libici
• les Lépontiens (lepontii)
• les Marici
• les Orobiens (orobii, orumbovii)
• les Salasses (salassi)
• les Salyens (salluvii)
• les Vertamocoriens (vertamocorii)
2 - Gaule transalpine
Belgique
Remarque : Tous les peuples belges n’étaient probablement pas des Celtes au sens propre du terme, mais leur aristocratie était celtisée.
• les Ambiens (ambiani)
• les Atrebates
• les Bellovaques (bellovaci)
• les Condruses ou Condruzes
• les Éburons
• les Leuques (leuci) ? (nom de la période romaine)
• les Lingons (lingones)
• les Médiomatriques (mediomatrices)
• les Ménapiens ou Ménapes (menapii)
• les Morins (morini)
• les Nerviens (nervii)
• les Rèmes (remi)
• les Silvanectes
• les Suessions
• les Trévires (treveri)
• les Tricasses
• Les Viromanduens (viromandui)
Gaule Chevelue (gallia comata)
• les Abrincates
• les Ambarri
• les Ambiliati
• les Ambivareti
• les Ambivariti
• les Andecaves (parfois Andes ?)
• les Arvernes (arverni)
• les Aulerques Éburovices
• les Aulerques Cénomans
• les Baïocasses
• les Bituriges
• les Blannovii
• les Brannovices
• les Cadurques (Cadurci)
• les Calètes (caletes)
• les Carnutes
• les Catuvellauni
• les Cénomans (cenomani)
• les Coriosolites
• les Diablintes
• les Éburons (eburones)
• les Éduens (aedui)
• les Gabales (gaballi)
• les Helviens (helvii)
• les Helvètes (helvetii)
• les Latobici
• les Lémovices (lemovices)
• les Lexoviens (lexovii)
• les Meldes (meldi)
• les Namnètes
• les Osismes (osismii)
• les Parisiens (parisii)
• les Pétrocoriens ou Petrocores (petrocorii)
• les Pictons ou Pictaves, parfois improprement nommés Pictes (pictavi ou pictones)
• les Riedones (redones)
• les Rutènes (ruteni)
• les Santons (santones)
• les Segusiaves (segusiavi)
• les Senones
• les Séquanes (sequani)
• les Tulingi
• les Turons (turones)
• les Unelles (unelli)
• les Vadicasses
• les Vellaves (vellavi)
• les Vénètes (veneti)
• les Véliocasses
• les Viduc
Aquitaine
Remarque : Les Aquitains n’étaient pas des Celtes. Ils sont probablement apparentés aux Basques.
• les Ausques (Auscii)
• les Bigerriones
• les Bituriges Vivisques (bituriges vivisci)
• les Cocosates
• les Consoranni
• les Conuènes (convenae)
• les Elusates
• les Lactorates
• les Nitiobroges
• les Sibusates
• les Sotiates
• les Tarbelles (tarbelli)
• les Tarusates
Narbonnais
• les Albiques (albici)
• les Allobroges (allobrogae)
• les Atacini
• les Cavares
• les Helviens (helvii)
• les Meminii
• les Salyens ou Salluviens (salluvii)
• les Sardones
• les Segovellauni
• les Tricastins (tricastini)
• les Voconces (Vocontii)
• les Volques Arécomiques (volcae arecomici)
• les Volques Tectosages (volcae tectosages)
Alpes
• Les Ceatrones
• les Bodiontici
• les Caturiges
• les Deciates
• les Medulli
• les Nantuates
• les Nerusi
• les Oxybii
• les Sédunes
• les Suetri
• les Vediantii
• les Veragri
3 - Germanie
Ces noms sont connus pour la période romaine
• les Rauraques (rauraci) ?
• les Triboques ?
• les Ubiens ?
4 - Alpes orientales
(actuels Frioul, Autriche, Slovénie), Pannonie
• les Carni
• les Cotini (Celto-Daces, celtes selon Strabon)
• les Iapodes
• les Istri
• les Liburni
5 - Thrace
• les Tylènes (? royaume de Tylis)
6 - Bohème
• les Boïens
7 - Espagne
Voici une liste de noms associés à des peuples celtes et celtibères d’Espagne
•Alibiones : (Albio : « Blanc, monde d’en haut »)
•Arevaci : établis à Numance, aux limites de l’Aragon et de la vieille Castille
•Artabres :
•Astures :
•Autrigones :
•Berones :
•Bracari :
•Callaeci :
•Cantabres :
•Carpetani :
•Celtiberi :
•Celtici :
•Cunetes / Cynetes : (Cvno : « le chien »)
•Lvsones :
•Olcades :
•Oretani :
•Orgenomesci / Orgenomesvi : (« Ivres de massacres »)
•Vaccaei :
8 - Ile de Bretagne
La question d’un peuplement à « caractère celtique » de l’île de Bretagne doit être considéré séparément pour deux périodes distinctes et distantes de près de mille ans : d’une part durant la préhistoire et la protohistoire de l’île, avant la conquête romaine ; et d’autre part durant le haut Moyen âge.
Ainsi, on peut distinguer
•les Bretons (latin britanni), c’est-à-dire les habitants de la Grande-Bretagne protohistorique, parmi lesquels on peut inclure les peuples belges (latin belgae) qui s’établirent à l’embouchure de la Tamise en -75.
•les Scots, envahisseurs celtes de l’île de Bretagne au haut Moyen âge.
•les autres peuples dont le caractère celtique est soit incertain, soit controversé pour la période protohistorique, comme les Calédoniens.
Bretons :
• Atrebates (Belges)
• Belgae (Belges)
• Brigantes (Belges)
• Carvetii (?)
• Catuvellauni (Belges)
• Coritani
• Cornovii
• Demetae
• Dobunni
• Dumnonii (attesté en Armorique)
• Durotriges
• Dumnoni ?
• Icènes (iceni, Belges)
• Ordovices
• Parisii (attesté sur la Seine)
• Regnences ?
• Silures
• damnonii
• novantae
• selgovae
Pictes, Calédoniens :
Les populations du nord de l’île de Bretagne n’avaient vraisemblablement que peu de caractéristiques ethno-culturelles celtiques, du moins jusqu’à ce qu’elles soient soumises à l’influence des Scots venus d’Irlande au Moyen âge. Voici quelques noms de peuples associés aux « Pictes » :
9 - Suisse
Différents peuples celtiques ont vécu sur le territoire de la Suisse actuelle :
•Helvètes : sur le plateau suisse (de Genève non compris jusque dans la région de Zurich). Les Helvètes étaient composés par quatre tribus: les Verbigènes, les Tigurines, les Ambrones et les Tugènes
•Rauraques : Région de Bâle et partie de l’Alsace, du canton du Jura, Jura bernois et soleurois.
•Séquanes : nord du canton de Neuchâtel et du Jura (jusqu’aux crêtes du Jura - les Séquanes habitent la Franche-Comté, Besançon). Avant l’arrivée des Helvètes, les Séquanes débordaient sur le Plateau suisse.
•Nantuates : Chablais vaudois et valaisan (jusqu’à Saint-Maurice)
•Véragres : Valais (région de Martigny)
•Sédunes : Valais (région de Sion)
•Ubères : Valais (région de Brigue, Simplon)
•Lépontiens : tribus celtiques rattachées aux Insubres et aux Orumbovies, au sud du Tessin
•Allobroges : Genève (rive gauche du Rhône), Savoie
•Rhètes : vallées des Grisons et région de Saint-Gall; le caractère celtique de ce peuple est controversé.
Auteur : Stéphane Jeanneteau
Novembre 2010