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Les  Guerres  de  Messénie (-743 à -454)

Contexte Général des Guerres de Messénie

Les Guerres de Messénie, qui s’étendirent sur près de trois siècles, s’inscrivent dans un cadre historique complexe où plusieurs dynamiques géographiques, politiques, sociales et militaires convergèrent. Ces conflits opposèrent la cité-État de Sparte, en pleine expansion territoriale, à la région voisine de la Messénie, riche et fertile, située au sud-ouest du Péloponnèse. Le contexte général de ces guerres est marqué par les ambitions expansionnistes de Sparte, les caractéristiques uniques de la société spartiate et les tensions sociales entre les populations asservies et leurs oppresseurs.


1. La Messénie : Une région convoitée

La Messénie, bordée par l’Arcadie et la Laconie (territoire spartiate), était réputée pour la fertilité de ses terres. La vallée de la rivière Pamissos et les riches plaines environnantes permettaient une agriculture prospère, incluant la culture des céréales, des olives et du raisin. Ces ressources naturelles en faisaient une cible de choix pour Sparte, une cité-État dont l’économie était fondée sur l’agriculture, mais qui souffrait d’une pression démographique croissante.


2. Sparte : Une cité en quête d’expansion

Poussée démographique :

Au VIIIe siècle avant J.-C., Sparte traversa une période de croissance démographique importante. Pour maintenir son modèle économique, fondé sur une classe dominante réduite en nombre, les Spartiates avaient besoin de terres supplémentaires. La Messénie représentait une opportunité stratégique pour répondre à ces besoins.

Système social et économique spartiate :

Sparte était une cité oligarchique, où une élite militaire (les Homoioi ou « égaux ») dominait les Hilotes, une population d’esclaves agricoles. Ce système nécessitait une main-d’œuvre abondante pour exploiter les terres agricoles. En annexant la Messénie, Sparte visait non seulement à s’approprier ses ressources, mais aussi à assujettir sa population pour en faire des Hilotes.

Tensions frontalières :

Les frontières entre Sparte et la Messénie étaient floues, notamment dans les zones de pâturages partagées. Ces zones étaient souvent sources de conflits, car elles constituaient des terres communes revendiquées par les deux parties. Ces disputes territoriales fournirent à Sparte un prétexte pour justifier ses guerres d’annexion.


3. Le rôle des alliances et des rivalités régionales

La Grèce archaïque était un espace fragmenté, composé de cités-États souvent en conflit. Ces rivalités exacerbèrent les tensions entre Sparte et la Messénie :

  • Alliances spartiates : Sparte s’appuya sur des alliances stratégiques, notamment avec Corinthe et Crète, pour renforcer ses forces militaires.
  • Alliances messéniennes : En réponse, les Messéniens s’allièrent avec des cités voisines comme Argos, l’Arcadie et Sicyone pour tenter de contrer la puissance spartiate.

4. La stratégie militaire dans les conflits grecs archaïques

Les guerres de Messénie se déroulèrent à une époque où les techniques militaires grecques étaient en pleine évolution. L’apparition de la phalange hoplitique, une formation de combat disciplinée et structurée, joua un rôle crucial, notamment dans la Seconde Guerre de Messénie. Cette période marque une transition entre des combats sporadiques, typiques de l’époque mycénienne, et des batailles rangées plus organisées.


5. Facteurs culturels et mythologiques

Légitimation des conflits :

Les Spartiates justifièrent leurs conquêtes en invoquant des droits ancestraux et des griefs religieux. L’assassinat supposé du roi spartiate Télècle dans un temple messénien servit ainsi de casus belli pour déclencher la Première Guerre de Messénie.

Héritage mythologique :

Dans la mythologie grecque, la Messénie était associée aux légendes de Nestor, roi de Pylos, et au royaume d’Apharée. Ces récits renforçaient l’idée que la Messénie avait une histoire prestigieuse et une importance stratégique dans le Péloponnèse.


6. La Messénie comme enjeu stratégique dans le Péloponnèse

Contrôle géographique :

  • La Messénie servait de tampon naturel entre Sparte et les cités du nord-ouest du Péloponnèse, comme Élis et Arcadie. En contrôlant la Messénie, Sparte consolidait sa position stratégique dans la région.

Ressources militaires et économiques :

  • Les terres messéniennes offraient non seulement des ressources agricoles, mais aussi des avantages militaires, notamment des positions défensives sur le mont Ithômé. Cela faisait de la Messénie un enjeu de pouvoir clé dans la lutte pour la domination régionale.

7. Impact à long terme

Les Guerres de Messénie eurent un impact profond sur l’histoire grecque :

  • Renforcement du modèle spartiate : La domination de la Messénie permit à Sparte de consolider son système social fondé sur l’exploitation des Hilotes. Cependant, cette oppression continua d’alimenter des révoltes, fragilisant la cité à long terme.
  • Tensions sociales : La soumission des Messéniens exacerba les inégalités sociales, contribuant à des conflits internes et à une instabilité chronique dans le Péloponnèse.
  • Influence militaire : Ces guerres constituèrent un laboratoire pour le développement de tactiques militaires grecques, notamment l’utilisation de la phalange hoplitique.

Limite de la Messénie à son apogée

Première Guerre de Messénie (743-724 av. J.-C. ou v. 736-720 av. J.-C.)

La Première Guerre de Messénie marque l’un des conflits les plus emblématiques de la Grèce archaïque, opposant Sparte, en pleine expansion, à la Messénie, région voisine fertile et stratégiquement importante. Ce conflit, bien que mal documenté, constitue une étape décisive dans l’histoire de Sparte et dans l’établissement de son système politique et social basé sur l’exploitation des Hilotes.


1. Contexte et origines

Tensions territoriales et économiques

La Messénie, avec ses terres fertiles et son abondance de ressources agricoles, attirait depuis longtemps la convoitise de Sparte. À l’époque, Sparte faisait face à une forte croissance démographique et à des besoins accrus en terres pour nourrir sa population. La Messénie, située à l’ouest du Taygète, offrait des plaines riches et des zones favorables à l’agriculture intensive.

Casus belli : l’assassinat du roi Télècle

Le déclencheur immédiat de la guerre est attribué à l’assassinat du roi spartiate Télècle, qui aurait été tué dans le temple d’Artémis Limnatis, à la frontière entre Sparte et la Messénie. Les Spartiates accusèrent les Messéniens de ce meurtre, tandis que les Messéniens affirmèrent que Télècle avait orchestré un piège pour les accuser à tort. Cet événement fut utilisé par Sparte comme prétexte pour justifier son invasion de la Messénie.


2. Déroulement de la guerre

La Première Guerre de Messénie fut un conflit prolongé, marqué par des sièges, des raids et des batailles, sans affrontement décisif majeur.

Le début des hostilités

Dès les premières années, Sparte lança une offensive contre la Messénie, visant à s’emparer de ses plaines fertiles. Cependant, les Messéniens, dirigés par leur roi légendaire Aristodème, organisèrent une résistance acharnée. Selon les récits, Aristodème mobilisa non seulement les soldats messéniens, mais également des alliés issus des cités voisines, notamment l’Arcadie, Sicyone et Argos.

La forteresse d’Ithômé

La résistance messénienne se concentra autour du mont Ithômé, une forteresse naturelle située au cœur de la Messénie. Ithômé devint le symbole de la défense messénienne et le point central de leur stratégie. Les Spartiates tentèrent à plusieurs reprises de l’assiéger, mais les Messéniens résistèrent pendant près de deux décennies.

Les alliés de chaque camp

  • Côté spartiate : Sparte bénéficia de l’appui de cités comme Corinthe et d’un contingent de mercenaires crétois.
  • Côté messénien : Les Messéniens furent épaulés par les Arcadiens et les Argiens, qui voyaient en Sparte une menace commune.

Rôle de la guerre de siège

La Première Guerre de Messénie fut l’une des premières guerres grecques marquées par des sièges prolongés. La capacité des Spartiates à maintenir la pression sur Ithômé, tout en continuant à ravager les plaines messéniennes, fut un facteur décisif.


3. Fin de la guerre

La chute d’Ithômé

Après près de vingt ans de résistance, les Messéniens furent finalement submergés par la supériorité militaire spartiate. La forteresse d’Ithômé tomba, marquant la fin de la guerre. Selon certaines sources, le roi Aristodème, désespéré par la défaite imminente, se suicida pour ne pas assister à l’asservissement de son peuple.

Conséquences pour la Messénie

  • Réduction en esclavage : Les habitants messéniens furent en grande partie réduits à l’état d’Hilotes, une classe servile soumise à l’autorité spartiate. Ils furent contraints de travailler les terres pour les Spartiates et de leur céder une grande partie de leur production agricole.
  • Distribution des terres : Les terres conquises furent divisées en klèroi (lots de terres) et attribuées aux citoyens spartiates, consolidant ainsi leur système économique.
  • Disparition de l’aristocratie messénienne : L’élite messénienne fut soit tuée, soit contrainte à l’exil dans des cités alliées comme Argos ou Arcadie.

Conséquences pour Sparte

La victoire permit à Sparte de s’imposer comme une puissance militaire majeure dans le Péloponnèse. Les terres messéniennes enrichirent considérablement l’économie spartiate, tout en augmentant leur dépendance vis-à-vis des Hilotes, ce qui renforça les tensions sociales internes à Sparte.


4. Échos dans la tradition et la culture grecque

Le témoignage de Tyrtée

Le poète spartiate Tyrtée, qui vécut au VIIe siècle av. J.-C., fournit l’un des rares récits de cette guerre. Dans ses poèmes, il glorifie le courage spartiate et justifie la conquête de la Messénie comme une entreprise légitime. Il célèbre également la bravoure des soldats spartiates et leur droit divin à posséder les terres messéniennes.

L’héritage mythologique

La guerre de Messénie fut intégrée dans la mythologie grecque, avec des récits héroïques sur Aristodème et la résistance messénienne. La forteresse d’Ithômé devint un symbole de résilience, même après la défaite.


5. Analyse et interprétations historiques

Un conflit d’expansion territoriale

La Première Guerre de Messénie est aujourd’hui perçue comme une guerre d’expansion motivée par des besoins économiques et démographiques. Sparte, en quête de terres agricoles pour nourrir sa population croissante, utilisa des prétextes politiques pour justifier son invasion.

Le rôle de la géographie

La géographie joua un rôle clé dans ce conflit. La Messénie, avec ses riches plaines, était une cible idéale pour une cité comme Sparte, tandis que le mont Ithômé offrait une défense naturelle aux Messéniens.

Une guerre formatrice pour Sparte

Cette guerre contribua à façonner la société spartiate, notamment son militarisme et son système rigide de domination sur les Hilotes. Elle renforça également la solidarité entre les citoyens spartiates, qui se considéraient comme une élite militaire unie par un destin commun.

 

  

 

Seconde Guerre de Messénie (685–668 av. J.-C. ou v. 670–657 av. J.-C.)

La Seconde Guerre de Messénie marque un nouveau chapitre dans la rivalité historique entre Sparte et la Messénie. Ce conflit est largement perçu comme une révolte des Messéniens contre l’asservissement imposé après leur défaite lors de la Première Guerre de Messénie. Cette guerre, tout comme la précédente, met en lumière les tensions sociales, politiques et économiques qui sous-tendent les relations entre ces deux régions.


1. Contexte de la Seconde Guerre

Domination spartiate et asservissement des Messéniens

Après la victoire spartiate lors de la Première Guerre de Messénie, la population messénienne avait été réduite à l’état d’Hilotes (serfs attachés à la terre) et contrainte de céder une grande partie de leur production agricole à leurs maîtres spartiates. Ce système, bien qu’économiquement profitable pour Sparte, créa un ressentiment profond parmi les Messéniens, alimenté par l’humiliation et les lourdes charges qui leur étaient imposées.

Tensions sociales et expansion spartiate

La structure sociale spartiate, qui dépendait fortement du travail des Hilotes, nécessitait une répression constante pour prévenir les révoltes. Sparte continuait par ailleurs à étendre son influence dans le Péloponnèse, notamment en entrant en conflit avec d’autres cités comme Argos, ce qui affaiblit temporairement son contrôle sur la Messénie.

Opportunités pour une révolte

Les Messéniens profitèrent de la défaite spartiate face aux Argiens à la bataille d’Hysiai (669 av. J.-C.), qui affaiblit l’autorité spartiate. Avec le soutien d’alliés tels que les Arcadiens, les Argiens et les Pisates, les Messéniens saisirent cette opportunité pour se rebeller.


2. Déroulement de la guerre

Les chefs et les alliés

Les Messéniens trouvèrent un leader en la personne du roi Aristomène, une figure héroïque qui incarna la résistance messénienne. Aristomène rassembla une armée et chercha l’appui de plusieurs cités du Péloponnèse opposées à Sparte, notamment les Arcadiens, qui fournirent des troupes et des ressources.

Côté spartiate, les armées furent dirigées par le poète et stratège militaire Tyrtée, dont les chants patriotiques galvanisèrent les troupes spartiates et renforcèrent leur moral.

L’apparition de la phalange hoplitique

Cette guerre vit l’apparition de la phalange hoplitique, une formation militaire organisée de soldats lourdement armés (hoplites), qui transforma la manière de mener les batailles en Grèce. Cette innovation tactique joua un rôle clé, favorisant d’abord les Messéniens, mais permettant finalement aux Spartiates de triompher grâce à leur discipline et leur entraînement.

La bataille du Grand Fossé

L’un des événements marquants de la Seconde Guerre de Messénie fut la bataille du Grand Fossé, où les Messéniens subirent une défaite décisive, notamment en raison de la trahison d’un de leurs alliés, le roi Aristocrates II d’Orchomène. Cette trahison permit aux Spartiates de prendre l’avantage et de démoraliser leurs adversaires.

La résistance messénienne à Eira

Après leur défaite sur le champ de bataille, les Messéniens se replièrent sur le mont Eira, une forteresse naturelle située dans le sud de la Messénie. De là, Aristomène organisa une résistance acharnée contre les Spartiates, menant des raids sur les plaines et attaquant les convois spartiates.

La défense du mont Eira dura plusieurs années, témoignant de la détermination messénienne à résister malgré des conditions difficiles. Selon les récits, Aristomène échappa à plusieurs tentatives d’assassinat et continua à inspirer ses troupes jusqu’à la chute finale.


3. Fin de la guerre

La chute d’Eira

Après environ 17 ans de guerre, la forteresse d’Eira tomba sous les assauts spartiates. Aristomène et une poignée de survivants réussirent à s’échapper et trouvèrent refuge à Arcadie ou à Rhodes, où il finit ses jours. La majorité des Messéniens restants furent réduits à l’état d’Hilotes, subissant à nouveau la domination spartiate.

Conséquences pour la Messénie

  • Répression accrue : Les Spartiates renforcèrent leur contrôle sur la Messénie, imposant des mesures encore plus sévères pour prévenir de nouvelles révoltes.
  • Expansion spartiate : La victoire permit à Sparte de consolider son territoire et de renforcer sa position comme puissance majeure du Péloponnèse.
  • Dissolution des élites messéniennes : L’élite messénienne fut soit exilée, soit assimilée, contribuant à l’effacement temporaire de l’identité politique messénienne.

4. Conséquences pour Sparte

Renforcement de la structure sociale

La victoire permit à Sparte de pérenniser son système social basé sur la domination des Hilotes. Cependant, cette dépendance accrue envers une population servile exacerba les tensions internes et contraignit Sparte à maintenir un état de vigilance permanente.

Apprentissage militaire

La Seconde Guerre de Messénie joua un rôle crucial dans le développement de la machine de guerre spartiate. L’usage de la phalange hoplitique, combiné à une discipline stricte, devint la marque de fabrique des Spartiates et leur permit de dominer les champs de bataille grecs pendant plusieurs siècles.


5. Héritage et légendes

Le rôle d’Aristomène

Aristomène devint une figure mythique dans l’histoire grecque, célébrée pour son courage et sa ténacité. Sa lutte contre Sparte symbolisa la résistance face à l’oppression, et son nom fut préservé dans les traditions orales et écrites.

Les poèmes de Tyrtée

Les poèmes de Tyrtée, bien que pro-spartiates, fournissent des informations précieuses sur l’idéologie militaire spartiate et la perception de la guerre. Ils exaltent la discipline, le sacrifice et l’unité en temps de crise.


Troisième Guerre de Messénie (464–454 av. J.-C.)

La Troisième Guerre de Messénie marque l’un des épisodes les plus marquants de l’histoire de la lutte entre Sparte et les Messéniens, cette fois sous la forme d’une révolte massive déclenchée par une catastrophe naturelle : le tremblement de terre dévastateur de 464 av. J.-C. Cette guerre fut à la fois une révolte d’Hilotes et une insurrection nationale messénienne, et elle souligna la vulnérabilité structurelle de Sparte face à sa dépendance envers une population servile importante.


1. Contexte et causes

Les tensions préexistantes

Après la Seconde Guerre de Messénie, les Messéniens avaient été intégrés à l’ordre spartiate en tant qu’Hilotes (serfs attachés à la terre), contraints de fournir la majeure partie de leur production agricole à leurs maîtres spartiates. Ce système oppressif maintenait une hostilité latente, et des poches de résistance continuaient de subsister.

Le tremblement de terre de 464 av. J.-C.

La révolte fut précipitée par un tremblement de terre catastrophique qui ravagea Sparte et ses environs. Cet événement détruisit une grande partie de la ville et tua un grand nombre de citoyens spartiates. Il affaiblit considérablement les institutions militaires et politiques de la cité.

Les Hilotes messéniens, ainsi que certaines cités périèques (cités dépendantes mais non asservies), profitèrent de cette opportunité pour se soulever. Ce soulèvement est souvent décrit comme un événement spontané, mais il est probable que des préparatifs et une organisation préalable aient existé.

Le rôle du mont Ithômé

Le mont Ithômé, lieu symbolique de la résistance messénienne lors des deux premières guerres, devint une nouvelle fois le centre de la révolte. Les rebelles s’y retranchèrent, transformant le site en une forteresse naturelle difficile à prendre.


2. Déroulement de la guerre

La réaction spartiate

Bien que gravement affaiblie par le tremblement de terre, Sparte réagit rapidement sous la direction du roi Archidamos II. Ce dernier rassembla les forces restantes pour contenir l’insurrection et appela ses alliés, notamment les cités du Péloponnèse et Athènes, à l’aide.

L’intervention des alliés

Les alliés spartiates, parmi lesquels figurèrent Égine, Mantinée et Platées, répondirent à l’appel. Cependant, l’intervention athénienne fut marquée par des tensions politiques croissantes entre les deux cités. Ces tensions culminèrent lorsque Sparte, méfiante envers les Athéniens, renvoya leur contingent, alimentant ainsi l’hostilité qui déboucha plus tard sur les guerres du Péloponnèse.

Le siège d’Ithômé

Les Hilotes et les Messéniens rebelles résistèrent sur le mont Ithômé pendant près de dix ans. Les Spartiates, incapables de déloger les insurgés par la force, recoururent à une stratégie d’usure, espérant affamer les rebelles et les contraindre à se rendre. La forteresse d’Ithômé devint un symbole de défi pour Sparte et un bastion de la résistance messénienne.


3. Fin de la guerre

La reddition des rebelles

Après dix années de résistance acharnée, les rebelles furent contraints de se rendre. Cependant, plutôt que d’être exécutés ou réduits à nouveau en esclavage, les survivants furent autorisés à partir sous la médiation d’Athènes, marquant ainsi une solution inhabituelle pour Sparte.

Réinstallation à Naupacte

Les Messéniens exilés furent réinstallés à Naupacte, une cité située sur la côte nord du golfe de Corinthe, sous la protection athénienne. Cette réinstallation permit à Athènes de disposer d’un avant-poste stratégique dans sa lutte contre Sparte, renforçant ainsi l’hostilité entre les deux puissances.


4. Conséquences

Pour Sparte

  • Vulnérabilité révélée : La guerre souligna la dépendance structurelle de Sparte envers les Hilotes et le danger constant que représentait une révolte généralisée.
  • Crise intérieure : La guerre affaiblit la position spartiate dans le Péloponnèse et accentua les tensions internes, notamment avec les périèques et les Hilotes restants.
  • Détérioration des relations avec Athènes : Le renvoi des forces athéniennes contribua à la montée des tensions qui éclatèrent plus tard dans les guerres du Péloponnèse.

Pour les Messéniens

  • Perte de la Messénie : Les terres messéniennes restèrent sous domination spartiate, mais la révolte renforça l’identité messénienne comme peuple résistant.
  • Émergence en exil : L’installation des Messéniens à Naupacte leur permit de maintenir leur culture et leur identité tout en jouant un rôle dans la politique grecque, souvent en opposition à Sparte.

Pour la Grèce antique

  • Affirmation des tensions entre cités : La guerre mit en lumière les fragilités des alliances grecques et les rivalités croissantes, notamment entre Sparte et Athènes.
  • Impact sur la stratégie militaire : Les dix années de siège et la résistance des rebelles soulignèrent l’importance des fortifications naturelles et des stratégies défensives dans les guerres grecques.

5. Héritage

La Troisième Guerre de Messénie reste un symbole de la lutte contre l’oppression et de la résistance face à une puissance dominante. Elle marqua également le début de l’affaiblissement progressif de l’hégémonie spartiate, qui culmina des siècles plus tard avec la chute définitive de son système social basé sur l’exploitation des Hilotes.


Sources antiques primaires

  1. Pausanias, Description de la Grèce (IVe siècle ap. J.-C.)

    • Pausanias est l’une des principales sources pour les Guerres de Messénie, notamment dans son livre IV qui relate en détail les conflits entre Sparte et la Messénie.
    • Il s’appuie sur des traditions orales, des monuments, et d'autres auteurs grecs antérieurs, bien que ses récits puissent être teintés d’un certain légendaire.
  2. Tyrtée (VIIe siècle av. J.-C.)

    • Poète spartiate qui évoque la Première et la Seconde Guerre de Messénie dans ses poèmes.
    • Ses écrits sont souvent considérés comme des propagandes spartiate, glorifiant la victoire et la bravoure des Spartiates.
  3. Thucydide, Histoire de la guerre du Péloponnèse (Ve siècle av. J.-C.)

    • Bien que son œuvre ne traite pas directement des Guerres de Messénie, Thucydide mentionne la révolte messénienne de 464 av. J.-C. et le rôle des Hilotes dans la société spartiate.
  4. Strabon, Géographie (Ier siècle av. J.-C.)

    • Strabon fournit des informations sur la géographie et l’histoire de la Messénie, notamment sur les implications stratégiques de ses conflits avec Sparte.
  5. Diodore de Sicile, Bibliothèque historique (Ier siècle av. J.-C.)

    • Bien qu’il n’entre pas dans les détails, Diodore évoque la domination spartiate sur la Messénie et les révoltes des Hilotes.
  6. Xénophon, Helléniques (IVe siècle av. J.-C.)

    • Mentionne indirectement les tensions entre Sparte et ses dépendances, mais il n'aborde pas directement les Guerres de Messénie.

Sources modernes

Les chercheurs modernes se basent sur ces récits antiques et les complètent par des analyses archéologiques et anthropologiques :

  1. William Smith, A Dictionary of Greek and Roman Geography (1873)

    • Analyse approfondie des territoires impliqués dans les Guerres de Messénie.
  2. N.G.L. Hammond, A History of Greece to 322 B.C.

    • Étudie le contexte historique et politique des Guerres de Messénie.
  3. Victor Davis Hanson, The Other Greeks: The Family Farm and the Agrarian Roots of Western Civilization (1999)

    • Examine le rôle économique et social des Hilotes dans les conflits entre Sparte et la Messénie.


Auteur : Stéphane Jeanneteau

Octobre 2010

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