Les Goths, peuple germanique d’origine, tirent leur nom et leur mythe fondateur de la Scandinavie, en particulier de l’île de Gotland. Probablement originaires du sud de la Suède, ils migrèrent d'abord vers la Pologne, avant de s’établir en Ukraine et Biélorussie, où ils se divisèrent au IIIe siècle en deux groupes : les Ostrogoths (« Goths brillants ») à l’est, et les Wisigoths (« Goths sages ») à l’ouest.
Dès le IIIe siècle, les Goths jouèrent un rôle majeur dans les invasions barbares contre l’Empire romain. Leur attaque notable en 267 menaça la Grèce, mais ils furent repoussés en 269 par l’empereur Claude II à la bataille de Naissus. Les Wisigoths s’établirent ensuite en Dacie, tandis que les Ostrogoths formèrent un puissant royaume près de la mer Noire.
Sous le règne de Théodoric le Grand au VIe siècle, les deux branches gothiques furent brièvement unifiées. Ce roi ostrogoth dirigea un royaume en Italie tout en exerçant une régence sur les Wisigoths d'Espagne.
Les Goths furent également les premiers barbares à adopter le christianisme, grâce à l'évêque Wulfila, qui traduisit la Bible en gotique. Cependant, leur conversion à l'arianisme, une doctrine chrétienne déclarée hérétique par l'Église, renforça leur distinction culturelle par rapport aux Romains catholiques.
Les origines des Goths, peuple germanique emblématique des migrations barbares, plongent leurs racines dans un passé mêlant traditions orales, témoignages historiques et découvertes archéologiques. Selon leurs propres légendes et les récits anciens, ils proviendraient de Scandinavie, et plus précisément de l'île de Gotland, en mer Baltique. Cette théorie, bien que soutenue par plusieurs indices, reste sujette à débat parmi les historiens.
L'une des principales sources sur les origines gothiques est le récit de Jordanes, historien goth romanisé du VIe siècle. Dans son ouvrage Getica, il rapporte que les Goths auraient quitté la Scandinavie, leur berceau ancestral, pour migrer vers le sud. Ces migrations les auraient conduits à travers la Pologne jusqu'aux rives de la mer Noire.
Jordanes évoque également deux tribus scandinaves liées aux Goths : les Gautigoths (probablement originaires de la Västergötland, en Suède) et les Ostrogoths (rattachés à l’Östergötland). Ces liens étymologiques entre les Goths et ces régions suédoises sont renforcés par des similitudes linguistiques entre le gotique (langue des Goths) et le gutnisk, le dialecte du Gotland.
Les données archéologiques appuient l'idée d'une migration progressive des Goths. Pendant le premier millénaire avant notre ère, le sud de la Scandinavie, notamment le Gotland, a connu une diminution notable de population. Cette période coïncide avec l'apparition de la culture gothique dans la plaine de la Vistule, en Pologne actuelle, au IIe siècle avant J.-C.
Les vestiges de la culture de Wielbark, trouvés en Pologne et liés aux Goths, montrent des similitudes avec les pratiques funéraires scandinaves, telles que l'usage de tumulus et l'absence d'armes dans les tombes féminines. Cette culture a progressivement évolué en direction du sud-est, s'intégrant à la culture de Chernyakhiv dans les actuelles Ukraine et Biélorussie, où les Goths s'installèrent durablement.
La langue gotique, dont la version écrite nous est connue grâce à la traduction de la Bible par Wulfila au IVe siècle, renforce l'hypothèse scandinave. Le gotique appartient au groupe ostique des langues germaniques, qui est plus proche du groupe scandinave que des dialectes westiques (germanique occidental). Des termes communs entre le gotique et le gutnisk du Gotland soulignent cette connexion. Par exemple, la racine du mot Goth (Gut- ou Gaut-) est identique à celle de Gotland, ce qui alimente l'idée que cette île pourrait être leur berceau.
Entre le Ier et le IIIe siècle après J.-C., les Goths amorcèrent une migration massive vers le sud. Ils atteignirent la région de la Vistule, puis les bords de la mer Noire, où ils prospérèrent. C’est là qu’ils se divisèrent en deux branches principales :
L’idée d’une origine scandinave, bien qu’appuyée par des preuves linguistiques et archéologiques, n’est pas sans controverses. Certains historiens pensent que ces récits relèvent davantage du mythe fondateur destiné à légitimer l'identité et la grandeur des Goths dans un contexte de compétition avec Rome.
Malgré ces débats, il est clair que les Goths émergent comme un peuple dynamique, capable d'adapter ses pratiques culturelles et sociales aux environnements variés qu'il rencontre, tout en conservant un récit fondateur fort qui unifie ses différentes branches.
Les Goths laissèrent un impact durable sur l’Europe médiévale. Les Wisigoths fondèrent un royaume en Espagne, tandis que les Ostrogoths dominèrent l’Italie sous Théodoric. Leur christianisation anticipée, bien qu’hétérodoxe, marqua une étape dans l’intégration des peuples barbares à la culture romaine. La tradition et la langue gothique influencèrent les sociétés médiévales et continuèrent d’être étudiées pour comprendre les interactions entre cultures barbares et romaines.
CHRONOLOGIE
vers 180 : Installation des Goths sur les rives de la mer Noire.
200 : L’empire des Goths se constitue sur les bords de la mer Noire.
220 : Les Goths envahissent l’Asie Mineure et la péninsule des Balkans.
238 : En dépit du paiement d’un tribut, les Romains échouent à persuader les Goths et Carpi de se retirer de la province de Moesie.
247 : Débuts des invasions des Goths.
250 : Dans les Balkans, les Carpi envahissent la Dacie et les Goths la Moesie.
250 : Début de la première guerre des Goths (fin en 269).
257 : Les Goths flotte sur la mer Noire.
257 : Les Goths se séparent en Ostrogoths et Wisigoths.
267 : Les Goths pillent la Thrace, la Macédoine et la Grèce.
269 : Fin de la première guerre des Goths.
332 : Les Goths alliés à Rome protègent les frontières du Danube.
332 : Les Romains sous Constantin Ier battent les Goths sur le Bas-Danube.
334 : Les Goths protègent l’Empire romain contre une invasion vandale dans la région danubienne.
350 : Début de la deuxième guerre des Goths (fin en 360).
350 : Fondation de Kiev, la capitale de l’Empire goth de Russie.
360 : Fin de la deuxième guerre des Goths.
369 : L’évêque goth Wulfila (ou Ulfilas) compose un alphabet gotique à partir des lettres grecques et latines ainsi que de quelques runes germaniques.
379 : Théodose Ier prend en charge la guerre contre les Goths.
401 : Début de la Troisième guerre des Goths.
413 : Fin de la Troisième guerre des Goths.
512 : Théodoric le Grand publie son Edictum Theodorici, code pour les Romains et les Goths.
531 : L’écrivain latin Cassiodore, historien des Goths, en fait les égaux des Romains.
Auteur : Stéphane Jeanneteau
Septembre 2010