Les Étrusques ont développé une économie diversifiée, combinant agriculture, artisanat raffiné et exploitation minière. Grâce à leurs forêts abondantes, ils excellent dans la construction navale, indispensable à leur commerce maritime florissant en Méditerranée. Leurs mines, riches en cuivre, fer, plomb et étain, contribuent à une industrie métallurgique prospère, notamment à Populonia, ville stratégique qui approvisionne les Grecs et les Carthaginois en fer.
Dès le VIIIe siècle av. J.-C., des regroupements de villages sous la direction d’aristocraties locales donnent naissance aux cités étrusques ou lucumonies. Ces cités s’enrichissent par le commerce du vin, de l’huile et des produits métallurgiques. Au VIIe siècle, les Étrusques forment une fédération de douze cités (dodécapole toscane), comprenant des villes telles que Caere, Volterra, Tarquinia, et Clusium, avec un sanctuaire commun à Voltumna à Volsinies. Bien que cette ligue permette des rencontres entre les élites sociales des cités, elle ne constitue pas un véritable état fédéral. Chaque cité mène ainsi des actions indépendantes, et l’expansion étrusque, souvent qualifiée de belliqueuse, s’avère davantage une diffusion culturelle.
Au VIe siècle, les Étrusques forment des dodécapoles dans la plaine du Pô et en Campanie. Felsina (Bologne) en Étrurie padane contrôle notamment Marzabotto et Spina. En Campanie, la dodécapole étrusque inclut Capoue, Nola et Pompéi. Le Latium, y compris Rome, fait aussi partie de leur sphère d’influence, comme en témoigne l’origine étrusque du nom même de Rome.
Les Étrusques s’allient aux Carthaginois pour chasser les Grecs de Corse lors de la bataille d’Alalia (535 av. J.-C.). Toutefois, la bataille de Cumes (474 av. J.-C.), où les Étrusques sont vaincus par Hiéron de Syracuse, marque le début du déclin de leur puissance maritime. Cumes et les îles Lipari restent sous contrôle grec, et les défaites successives restreignent l’influence étrusque en Méditerranée.
La société étrusque est dominée par une aristocratie de seigneurs terriens et de puissantes familles qui exercent leur influence tant dans les villes que dans les campagnes. Le roi ou lucumon, détenteur d’un pouvoir sacré, est le chef d’une grande famille. Les femmes étrusques jouent un rôle notable dans la vie sociale et politique, participant aux banquets et intervenant parfois dans les affaires de succession, comme le montre Tanaquil, l’épouse du roi Servius Tullius à Rome.
Le Ve siècle av. J.-C. marque une période de mutation pour les Étrusques. L’enrichissement par le commerce attire des immigrants grecs, tandis que la structure aristocratique commence à se fragmenter. Dans les nécropoles, les tombes deviennent plus modestes, signe de l’apparition d’une classe moyenne. Les cités passent progressivement d’une monarchie à un régime républicain avec des magistrats élus, tels que les préteurs ou zilaths. La révolution de 509 av. J.-C. à Rome, encore influencée par les Étrusques, reflète ce changement.
Après leur défaite navale à Cumes, les Étrusques perdent le contrôle de la mer Tyrrhénienne, et les expansions samnite et romaine menacent leur territoire. Rome, libérée de l’hégémonie étrusque après sa victoire sur Véies en 396 av. J.-C., consolide son pouvoir en Latium et en Étrurie méridionale. Le raid gaulois de 390 av. J.-C. affaiblit temporairement Rome, mais elle renforce rapidement ses défenses et reprend son expansion, gagnant en influence sur les cités étrusques.
Les cités étrusques résistent sporadiquement à Rome, mais les tensions internes entre patriciat et plèbe affaiblissent leur cohésion. Finalement, Rome impose son autorité sur les cités toscanes comme Arezzo (294 av. J.-C.) et Volsinies (264 av. J.-C.), intégrant l’Étrurie dans son système impérial.
Au IIe siècle av. J.-C., l’Étrurie fait désormais partie intégrante de la République romaine. Des consuls issus de familles étrusques commencent à apparaître parmi les magistrats romains, et l’intégration se formalise après la Guerre des Alliés en 88 av. J.-C., accordant aux Étrusques la pleine citoyenneté romaine.
La civilisation étrusque, marquée par une richesse culturelle, une société aristocratique dynamique et un rôle maritime important, a laissé une empreinte durable sur l’Italie. Leur savoir-faire en métallurgie, leur organisation politique et sociale, ainsi que leur influence sur la Rome archaïque, témoignent de leur importance dans l’histoire méditerranéenne. Toutefois, en raison de conflits internes et des pressions externes, les Étrusques finissent par être absorbés par la République romaine, tout en contribuant de manière significative au développement de la culture romaine.
Auteur : Stéphane Jeanneteau
Janvier 2010