Les Sarmates, parfois appelés Sauromates dans les textes anciens, étaient un peuple de nomades scythiques issus du rameau iranien septentrional du grand ensemble indo-européen. Originaires des steppes situées entre le Don et l’Oural, ils ont marqué l’histoire de l’Eurasie par leur culture, leurs structures sociales et leur puissance militaire. Leur histoire, étroitement liée à celle des Scythes, illustre les bouleversements des steppes eurasiatiques sur près d’un millénaire.
Les Sauromates, prédécesseurs des Sarmates historiques, vivaient autour de la Volga et dans les steppes au sud de l’Oural. Ces peuples, apparentés aux Scythes, partageaient des racines linguistiques et culturelles avec eux. Du VIe au IVe siècle av. J.-C., ils cohabitèrent pacifiquement avec les Scythes, participant notamment à leurs côtés à la guerre contre Darius Ier, roi des Perses, au Ve siècle av. J.-C.
Cependant, à partir du IVe siècle av. J.-C., les Sauromates commencèrent à s’étendre au-delà du Don, envahissant les régions situées au nord du Caucase et de la mer Noire. Cette expansion les amena à supplanter les Scythes au IIIe siècle av. J.-C., prenant progressivement le contrôle de leurs territoires.
Sous le nom de Sarmates, ce peuple émergea comme une puissance dominante à partir du Ier siècle av. J.-C. Une coalition de quatre grandes tribus sarmates se forma alors :
À partir du Ier siècle ap. J.-C., une nouvelle tribu, les Alains, domina cette coalition et joua un rôle majeur dans l’histoire des Sarmates.
Les Sarmates se distinguaient par la place originale qu’occupaient les femmes dans leur société. Selon Hérodote, les Sauromates descendaient de Scythes et d’Amazones. Cette légende reflète sans doute la réalité des femmes Sauromates, qui participaient à la guerre et à la chasse à cheval au même titre que les hommes. Une tradition voulait qu’une femme ne puisse se marier tant qu’elle n’avait pas tué un homme à la guerre. Les Scythes les surnommaient « les seigneurs des hommes ».
Les découvertes archéologiques confirment ce rôle militaire des femmes. De nombreuses tombes féminines, riches en armes et ornements, témoignent de leur rang élevé et de leur participation active aux combats.
Les Sarmates se différenciaient également des Scythes par leurs pratiques funéraires. Leurs défunts étaient inhumés dans des niches, des catacombes ou des puits à rebords. À l’époque tardive, deux pratiques distinctives apparurent :
La société sarmate était hautement militarisée. Les tombes révèlent une abondance d’armes, notamment des épées et des arcs. Ce sont les Sarmates qui inventèrent l’étrier, une innovation majeure qui révolutionna la cavalerie. Leur cavalerie lourde, équipée de cataphractes (cavaliers et chevaux bardés d’armures), supplantait la cavalerie légère des Scythes et constituait une force redoutable.
Les Sarmates jouèrent un rôle clé dans les conflits frontaliers de l’Empire romain. Les Iazyges, par exemple, s’installèrent sur la rive nord du Danube et affrontèrent Marc Aurèle, qui les vainquit en 175 ap. J.-C. Ces interactions avec Rome permirent aux Sarmates de maintenir leur influence dans les steppes et les régions adjacentes.
Cependant, l’arrivée des Huns au IVe siècle ap. J.-C. mit fin à la domination sarmate. Face à cette invasion, certains Sarmates migrèrent vers l’Ouest, atteignant même l’Espagne, tandis que d’autres furent assimilés par les Huns. Les Sarmates jouèrent un rôle dans les attaques contre l’Empire romain aux côtés des Huns.
Malgré leur disparition en tant qu’entité politique, les Sarmates laissèrent un héritage durable. Leur influence militaire, notamment l’introduction de l’étrier, marqua l’histoire de la cavalerie. La place des femmes dans leur société et leurs pratiques culturelles uniques continuent de fasciner les chercheurs.
Auteur : Stéphane Jeanneteau
Janvier 2010