5 min lu
Les Ourartéens : Le Royaume de Van

Les Ourartéens : Le Royaume de Van et ses Héritages

Le royaume d’Ourartou, également appelé royaume de Van, fut une puissance influente de l’Antiquité au cœur du plateau arménien. Mentionné dès le XIIIe siècle av. J.-C., ce royaume non indo-européen ni sémitique s’imposa comme un acteur stratégique entre les grandes civilisations de la région, avant de disparaître sous la pression des invasions et des transformations politiques.


Origines et Émergence

Premières mentions

  • Le nom Ourartou apparaît pour la première fois dans les annales assyriennes sous le règne de Salmanasar Ier (XIIIe siècle av. J.-C.), sous la forme d’Uruatri.
  • Le royaume est également désigné comme les « Terres de Naïri » dans les écrits de Tukulti-Ninurta Ier, attestant déjà d’une région montagneuse regroupant plusieurs tribus indépendantes.

Formation du royaume

  • C’est au IXe siècle av. J.-C. que l’Ourartou acquiert une véritable importance politique. Il se structure en un royaume unifié sous le roi Arame, qui fonde Tushpa (aujourd’hui Van), la capitale située près du lac de Van.
  • Ce royaume succède en partie aux Hurrites et aux Hittites dans une région marquée par des influences multiples.

© Jean Savaton Porte en bronze de Balawat représentant la campagne de Salmanasar III contre l’Ourartou - British Museum.  

Origines et Émergence

Premières mentions

  • Le nom Ourartou apparaît pour la première fois dans les annales assyriennes sous le règne de Salmanasar Ier (XIIIe siècle av. J.-C.), sous la forme d’Uruatri.
  • Le royaume est également désigné comme les « Terres de Naïri » dans les écrits de Tukulti-Ninurta Ier, attestant déjà d’une région montagneuse regroupant plusieurs tribus indépendantes.

Formation du royaume

  • C’est au IXe siècle av. J.-C. que l’Ourartou acquiert une véritable importance politique. Il se structure en un royaume unifié sous le roi Arame, qui fonde Tushpa (aujourd’hui Van), la capitale située près du lac de Van.
  • Ce royaume succède en partie aux Hurrites et aux Hittites dans une région marquée par des influences multiples.

© Musée des Civilisations Anatoliennes Statuette de lion assis - ivoire. 

Géographie et Territoire

Le royaume d’Ourartou occupait un territoire étendu, regroupant :

  • La vallée de l’Araxe (aujourd’hui en Arménie),
  • L’Azerbaïdjan iranien,
  • La Turquie orientale, autour du lac de Van,
  • Des zones périphériques comme la Sophène (région mentionnée par les Grecs) et le bassin du lac d’Ourmia.

Ce territoire montagneux et difficile d’accès offrait une position défensive solide tout en contrôlant les routes commerciales stratégiques reliant l’Assyrie à la Méditerranée. Cela fit de l’Ourartou un rival important de l’Assyrie.


Langue, Culture et Inscriptions

Langue et écriture

  • La langue ourartéenne est un dialecte apparenté à celui des Hurrites, distinct des langues indo-européennes ou sémitiques.
  • Les Ourartéens adoptèrent également l’écriture cunéiforme assyrienne au IXe siècle av. J.-C. pour leurs inscriptions officielles.
  • Les hiéroglyphes hittites, adaptés à des usages spécifiques (comme la comptabilité), furent également utilisés.

Inscriptions et documents

  • Contrairement aux textes assyriens souvent narratifs, les inscriptions ourartéennes étaient essentiellement administratives ou consacrées à des édifices monumentaux. Elles étaient gravées sur des blocs de pierre ou des rochers.

Économie et Société

L’économie de l’Ourartou reposait sur :

  1. Métallurgie : Les Ourartéens étaient réputés pour leur travail du bronze et du fer, témoignant de leur maîtrise technologique.
  2. Élevage : Le cheval, élevé dans les régions montagneuses, occupait une place importante.
  3. Contrôle commercial : Le royaume contrôlait les routes entre l’Assyrie et la Méditerranée, ce qui provoqua de nombreux conflits avec les Assyriens.

La société ourartéenne était hiérarchisée, avec un roi au sommet portant le titre prestigieux de "Roi des Rois". Cette désignation reflétait son autorité sur plusieurs vassaux et tribus.


Rivalité avec l’Assyrie

Le royaume d’Ourartou et l’Assyrie s’affrontèrent à plusieurs reprises pour le contrôle des routes commerciales et des régions frontalières. Ces conflits érodèrent progressivement la puissance ourartéenne, mais la géographie montagneuse du royaume permit de retarder son effondrement face aux campagnes assyriennes.


Déclin et Intégration dans l’Arménie

Invasions scythes et mèdes

Vers 600 av. J.-C., le royaume d’Ourartou fut anéanti par une combinaison de facteurs externes :

  • Les attaques des Scythes et des Mèdes affaiblirent ses structures politiques et militaires.
  • Les Mèdes annexèrent le cœur du royaume, autour du lac de Van.

Transition vers l’Arménie

Contrairement à l’idée initiale selon laquelle les Ourartéens auraient migré vers le nord, les recherches modernes indiquent qu’ils restèrent sur place et furent progressivement intégrés aux populations arméniennes émergentes. Ce processus de fusion se manifesta par :

  • La disparition de la langue ourartéenne, remplacée par l’arménien.
  • L’adoption du nom Arménie pour désigner l’ancien territoire du royaume de Van.

Héritage de l’Ourartou

  1. Architecture et fortifications :

    • Les vestiges des forteresses ourartéennes, notamment autour du lac de Van, témoignent de leurs avancées en ingénierie.
    • Leur réseau de fortifications influença les techniques de défense des civilisations ultérieures.
  2. Métallurgie et artisanat :

    • Leur maîtrise des métaux inspira les cultures voisines, notamment les Arméniens.
  3. Transmission culturelle :

    • L’Ourartou a servi de lien entre les civilisations du Moyen-Orient ancien et celles du plateau arménien.
    • Son intégration dans la culture arménienne a influencé la formation de l’identité arménienne.

Références et Sources

  1. Annales assyriennes : Salmanasar Ier, Tukulti-Ninurta Ier.
  2. Piotrovsky, B. B., The Ancient Civilization of Urartu (1969).
  3. Zimansky, P., Urartu and Assyria: A Study in Frontier Relations (1985).
  4. Barnett, R. D., The Kingdom of Urartu (1961).
  5. Hewsen, R. H., Armenia: A Historical Atlas (2001).


Auteur : Stéphane Jeanneteau

Janvier 2010