Les Mycéniens, appelés “Achéens” par Homère dans ses récits épiques, sont à l'origine des tribus indo-européennes qui envahissent la péninsule des Balkans vers 2000 avant J.-C.. Ce peuple guerrier et féodal s’installe principalement à Argos, Mycènes et Tirynthe, où il construit des fortifications massives. Ces premières cités deviennent les centres de royaumes puissants, qui jouent un rôle crucial dans l'histoire de la Grèce antique.
Les Mycéniens entrent en contact avec la civilisation minoenne vers 1600 avant J.-C. à travers les échanges avec les Cyclades. Les objets minoens retrouvés dans les sépultures de Mycènes, notamment dans les « tombes du cercle B », témoignent de l'influence artistique et culturelle crétoise sur les Mycéniens. Rapidement, les Mycéniens adoptent certains aspects de la culture minoenne tout en préservant leurs caractéristiques martiales. Vers 1400/1450 avant J.-C., ils auraient conquis la Crète, contribuant à la fin de la civilisation minoenne, déjà affaiblie par l'éruption volcanique de Santorin.
La Grèce mycénienne se compose de plusieurs royaumes indépendants, chacun dirigé depuis un palais fortifié. À Mycènes, Tirynthe, Pylos, Thèbes, et Iolcos, des palais luxueux dominent le paysage, reflétant le pouvoir des élites mycéniennes. Contrairement aux vastes cités-états plus tardives, les centres mycéniens fonctionnent davantage comme des forteresses aristocratiques entourées de petits villages. Les classes dirigeantes habitent ces palais, tandis que les agriculteurs, artisans et esclaves vivent dans les environs, contribuant à l’économie de la région. Les palais mycéniens sont également les centres administratifs et économiques où des tablettes en linéaire B consignant des transactions et des inventaires révèlent une organisation bureaucratique avancée.
Mycènes est décrite par Homère comme « riche en or », un statut confirmé par les fouilles archéologiques qui ont révélé une abondance d’objets en or, tels que les célèbres masques funéraires trouvés dans les tombes royales. La prospérité de Mycènes résulte non seulement de l'agriculture et de l’artisanat local, mais aussi d'un commerce maritime florissant. Les poteries mycéniennes ont été retrouvées en Égypte, en Syrie, en Sicile, et même aussi loin que le Wessex en Angleterre. Les tombes contiennent également de l'ambre provenant de la mer Baltique, ce qui montre l'étendue de leurs réseaux commerciaux.
Les Mycéniens sont aussi réputés pour leur aptitude militaire, réalisant des expéditions à l’étranger pour acquérir richesses et territoire. L’une des expéditions les plus célèbres est celle contre Troie, immortalisée dans l’Iliade d’Homère. Bien que les détails de la guerre de Troie soient entourés de légendes, les chroniques hittites et les découvertes archéologiques confirment que les Mycéniens disposaient de chars, de casques en dents de sanglier, d'épées et de cuirasses. Les documents hittites mentionnent d’ailleurs des conflits avec des peuples égéens, probablement des Mycéniens, dans les régions côtières de l'Asie Mineure.
Après 1300 av. J.-C., la puissance mycénienne commence à décliner. Des sites tels que le palais de Pylos sont détruits et ne sont jamais reconstruits. Les seigneurs de Mycènes et d’autres villes renforcent leurs défenses, construisant des passages secrets vers des sources d'eau, mais cela ne suffit pas pour repousser les envahisseurs. Vers 1150 av. J.-C., Mycènes tombe, et l’écriture en linéaire B, tout comme les arts complexes, disparaît avec elle. Ce déclin est souvent attribué à une série d’incursions barbares, probablement menées par les Doriens, un peuple hellénophone venu du nord qui envahit la Grèce, forçant les Mycéniens à se réfugier en Asie Mineure et dans les îles de la mer Égée.
Malgré cette fin brutale, la civilisation mycénienne laisse un héritage fondamental pour le monde grec. Les techniques de céramique évoluent du style mycénien vers le proto-géométrique, annonçant l’art grec classique. Les tablettes en linéaire B, qui ont survécu aux destructions, révèlent que les Mycéniens honoraient déjà les dieux principaux du panthéon grec, tels que Poséidon, Dionysos, et Athéna. Bien que la culture mycénienne disparaisse, elle fournit une base sur laquelle les Grecs vont bâtir leur civilisation, influençant durablement leur mythologie, leur art et leur religion.
Auteur : Stéphane Jeanneyteau
Décembre 2006