Les Asianiques, peuple ancien et mystérieux, constituent une énigme dans l'histoire des migrations et des origines linguistiques. Divisés en deux branches dont la parenté linguistique reste hypothétique, ces populations ont joué un rôle clé dans la diffusion des innovations néolithiques à travers l'Eurasie. Leurs influences se retrouvent dans des régions s'étendant de l'Asie Mineure jusqu'à l'Europe de l’Ouest.
Les Asianiques se subdivisaient en deux groupes principaux :
L'expansion des Asianiques trouve ses racines dans le Croissant fertile, une région d’Asie mineure marquée par une abondance de ressources naturelles et un climat favorable à l’agriculture. Durant le Néolithique, les Asianiques participent activement à la révolution agricole : ils diffusent de nouvelles techniques d'agriculture, d’élevage et de poterie dans le Proche-Orient et l’Europe. Cette expansion est notamment facilitée par des avancées technologiques importantes, telles que l’irrigation, la culture du blé et de l’orge, et le développement de poteries variées, qui favorisent la conservation et la préparation des aliments.
Les Asianiques apportent également avec eux des croyances, des mythes et des symboles qui vont influencer les civilisations locales. Par exemple, des liens entre les cultes anciens de la Mésopotamie et certaines croyances de la Crète minoenne pourraient refléter ces anciennes connexions culturelles.
Les Asianiques ont donné naissance à plusieurs civilisations prospères. Par exemple :
Malgré leur avancée culturelle et technologique, les civilisations asianiques ne survivent pas à la vague des invasions pontiques qui se succèdent à la fin de l'âge du bronze. Ces invasions, menées par des peuples venus des steppes pontiques et souvent identifiés comme proto-Indo-Européens, marquent un tournant dans l’histoire de la région. L'arrivée de ces nouveaux groupes, avec leurs techniques guerrières et leurs structures sociales hiérarchiques, va progressivement transformer le paysage culturel de l’Eurasie.
Les langues et les cultures des Asianiques vont alors être soit assimilées soit détruites, et les peuples survivants se fondent dans les nouvelles sociétés émergentes, contribuant néanmoins à l'héritage culturel et linguistique. Par exemple, certaines caractéristiques des langues caucasiennes modernes, ainsi que des éléments linguistiques dans les langues européennes anciennes, pourraient être des vestiges de ces influences asianiques.
L’influence des Asianiques demeure une énigme dans l’étude des cultures préhistoriques, bien que leur contribution aux fondements des civilisations du Proche-Orient et d’Europe soit largement reconnue. Leurs innovations techniques et culturelles ont façonné les premières sociétés agraires et urbaines du Néolithique. Leurs langues disparues laissent cependant peu de traces, rendant leur héritage linguistique difficile à reconstituer et à étudier.
À ce jour, de nombreuses questions restent sans réponse, mais les études archéologiques et linguistiques avancent, redécouvrant peu à peu le rôle central que ces peuples ont pu jouer dans le développement de la civilisation humaine.
L’expansion des Asianiques au Proche-Orient (début du néolithique)
L’origine de l’expansion des peuples asianiques en Europe provient du croissant fertile en Asie mineure. Ces différents peuples ont subis différentes mutations et influences avant de fouler le sol européen.
Les Natoufiens (environ 12 500 - 9 500 avant J.-C.) sont souvent considérés comme l'un des premiers groupes humains ayant adopté un mode de vie semi-sédentaire, ce qui les place à un tournant décisif de l'évolution sociale humaine. Établis principalement dans la région du Levant (actuels Israël, Palestine, Jordanie, et Syrie), les Natoufiens sont les ancêtres des peuples asianiques. Ils forment une société avancée pour leur époque, adoptant des pratiques de collecte de céréales sauvages et développant des techniques de stockage des aliments, ce qui annonce les premiers pas vers une agriculture rudimentaire.
Leur culture, qui marque la transition entre le Paléolithique et le Néolithique, se distingue par des habitations semi-permanentes et des outils en pierre microlithiques. Ces innovations seront transmises aux Mureybetiens, un groupe vivant plus au nord qui établira les bases de l’agriculture proprement dite.
Les Mureybetiens (vers 9 500 - 8 000 avant J.-C.) sont issus des Natoufiens, mais ils s’installent plus au nord, notamment dans la vallée de l’Euphrate. C’est chez eux que l’agriculture connaît une avancée décisive, avec la culture de céréales domestiquées et l’élevage d’animaux. Ce passage à une agriculture véritable transforme les structures sociales, permettant des installations plus permanentes, l'accumulation de surplus alimentaires, et le développement d’une société plus complexe.
Les Mureybetiens, souvent appelés « méditerranéens graciles », viennent progressivement remplacer les « méditerranéens robustes » de la culture natoufienne. Ce changement représente non seulement une évolution biologique mais aussi culturelle, marquant le début de ce qui deviendra des civilisations sédentaires durables.
Les Mlecchas constituent un groupe distinct mais apparenté, se développant autour de la région du lac de Van et du lac d’Ourmia (dans l'actuel Iran et sud-est de la Turquie) entre 10 000 et 8 300 avant J.-C., avec les premiers représentants connus, les Zarziens. Les Zarziens introduisent certaines innovations comme la poterie de pierre et le début de l’élevage, particulièrement des chèvres et des moutons, vers 6 700 avant J.-C. Ces pratiques seront diffusées à d’autres groupes, comme les Hattis et les Mureybetiens, contribuant ainsi au développement de sociétés néolithiques dans l’ensemble de la région.
Les Mlecchas se divisent en deux branches au fil du temps : l’une près du lac de Van, l’autre près du lac d’Ourmia. Ces deux branches joueront des rôles différents dans l’évolution culturelle de la région :
Les Trialétiens caucasiens, également appelés proto-Caucasiens, sont les ancêtres des peuples modernes du Caucase. Leur culture, dont les traces sont retrouvées dans la région de Trialéti en Géorgie centrale, connaît plusieurs phases d’évolution. Initialement, ils développent une société centrée autour de l’agriculture, l’élevage, et la poterie, influencée par les peuples voisins comme les Mureybetiens et les Natoufiens.
Vers la fin du IIe millénaire avant J.-C., les Trialétiens de la culture Kouro-Araxe, localisée en Géorgie et en Arménie, sont progressivement soumis par les Indo-Européens venant du nord-ouest de la Géorgie. Cette interaction entraîne la formation d'une nouvelle culture en Géorgie centrale, souvent appelée la civilisation de Trialéti. Ce mélange entre influences asianiques et indo-européennes mène à l’émergence de pratiques culturelles uniques qui marquent le développement de cette région pendant l’âge du bronze.
Les Halafiens représentent une branche des Trialétiens et apparaissent autour de 7 200 - 7 000 avant J.-C., époque à laquelle ils subissent les influences des Mureybetiens. Ce contact les mène à adopter des pratiques agricoles, comme la culture du blé et de l’orge, et des innovations architecturales, telles que les maisons carrées en briques crues. Ils introduisent également l’utilisation du cuivre martelé pour la fabrication de bijoux et d’objets utilitaires, notamment des perles et des épingles, indiquant une première avancée vers la métallurgie.
La culture halafienne se diffuse dans tout le Moyen-Orient au cours du VIe millénaire avant J.-C., gagnant une influence considérable grâce à leur expansion. Mais avec l'arrivée des Sumériens d’El-Obeid, les Halafiens subissent un déclin, leurs terres et leurs ressources étant progressivement absorbées. Toutefois, certaines tribus halafiennes se réfugient dans les montagnes du nord, où elles deviennent les ancêtres de divers peuples montagnards, comme les Hourrites, les Goutis, les Kassites, et les Ourates. Ces groupes joueront un rôle important dans l’histoire ultérieure du Moyen-Orient et formeront des royaumes influents pendant l’âge du bronze.
Les Trialétiens Hattis sont une autre branche des proto-Caucasiens, originaires de la culture trialétienne, qui se développent vers 7 200 - 7 000 avant J.-C. dans l'est de l'Anatolie. Ils adoptent l'agriculture du blé et de l'orge et construisent des habitations carrées en briques crues, similaires aux Halafiens. Progressant vers l'ouest, les Hattis atteignent le centre de l’Anatolie, où ils développent une société bien établie.
Vers 5 000 - 4 400 avant J.-C., l'expansion des Pélasges, un autre groupe asianique, pousse les Hattis plus au nord, entraînant des changements importants dans la structure de leurs communautés. Plus tard, l'arrivée des Indo-Européens nésites (ou Hittites) dans la région bouleverse la situation : ces Indo-Européens assimilent plusieurs aspects de la culture hattie, au point de prendre le nom de Hittites en hommage aux Hattis. Cela marque le début de l'empire hittite en Anatolie, qui, bien qu'indépendant des Hattis d’origine, perpétue une partie de leur culture et de leur héritage.
Les Seskliens sont probablement un groupe descendant des Trialétiens, originaires d’Hacilar en Anatolie. Ils migrent vers la Grèce où ils fondent des villages prospères, introduisant des pratiques agricoles et des techniques artisanales en provenance d’Anatolie. Leur installation en Grèce coïncide avec la montée en puissance des Pélasges, un autre groupe asianique. Vers 4400 avant J.-C., les Pélasges envahissent et détruisent plusieurs villages seskliens, laissant des traces d’incendies dans les fouilles archéologiques. Certains Seskliens fuient et s’installent en Italie du Sud vers 4800 avant J.-C., introduisant des éléments culturels anatoliens en Italie.
Cependant, leur tranquillité en Italie est de courte durée : vers 3800-3200 avant J.-C., des Pélasges Diminiens venus de Grèce envahissent le sud de l’Italie, assimilant et transformant la culture sesklienne. Ces mouvements successifs témoignent de la dynamique des échanges et des affrontements entre les premiers peuples de la Méditerranée.
Les Sémites ne font pas partie des peuples asianiques, étant issus d’un groupe linguistique distinct. Leur langue, appartenant à la famille afro-asiatique, est apparentée à celles des Berbères, des Égyptiens et des Couchites, suggérant une origine plus méridionale. Les premiers Sémites apparaissent comme des pasteurs nomades de chèvres et de moutons dans le désert de Syrie vers 6300 avant J.-C.. En plus de leur élevage, ils chassent la gazelle à l’aide de pièges sophistiqués appelés "kites" et utilisent des flèches à pointes caractéristiques de Byblos, Amuq et Jéricho, similaires à celles des populations asianiques voisines.
À mesure qu'ils se répandent dans toute la Palestine, les Sémites établissent progressivement des communautés semi-nomades. Leur influence sur la région est considérable, et leur expansion mènera à la formation de sociétés plus complexes dans le Croissant fertile, créant ainsi les fondations de plusieurs grandes civilisations sémitiques à venir.
Les Samarriens, descendants des Mureybetiens orientaux, forment l'un des premiers groupes à développer des techniques agricoles fondées sur l’irrigation. Grâce à leurs innovations, ils parviennent à prospérer dans les régions situées à l'est de la Mésopotamie, autour de la chaîne du Zagros. Ils évitent cependant les marais mésopotamiens, peu adaptés à l’agriculture de l'époque.
Leur expansion vers l’est est toutefois freinée par les Halafiens, un autre groupe asianique venu du nord, qui finit par les vaincre. Cette confrontation limite l’expansion samarrienne, mais leur influence dans le domaine des techniques d’irrigation perdurera et influencera les cultures postérieures de la région mésopotamienne.
Les Amuqiens représentent une branche occidentale des Mureybetiens et s’installent dans la plaine d’Amuq, dans le nord-ouest de la Syrie. Vers 4 500 - 4 100 avant J.-C., les Amuqiens tombent sous la domination des Halafiens. Cependant, même sous cette domination, les Amuqiens conservent une identité culturelle distincte, notamment dans la poterie et certaines pratiques agricoles.
Plus tard, la région passe sous le contrôle des Sumériens d’El-Obeid, à l'exception de quelques groupes amuqiens qui migrent vers le sud, en Palestine. Ces derniers se mêlent aux populations sémitiques locales pour former la civilisation ghassoulienne caractérisée par des poteries noires lustrées. Ce brassage donne naissance à une culture unique, mais cette civilisation est finalement détruite par les pasteurs cananéens venus du désert d’Arabie. Après cette destruction, la région retrouve un mode de vie plus nomade, marquant la fin de l’influence amuqienne dans la région.
Les Pélasges Diminiens apparaissent comme un groupe asianique provenant des régions de Can-Hasan et de Beycesultan en Anatolie du sud, qui migre vers la Grèce vers 4400 avant J.-C.. Ils y établissent des colonies et introduisent des pratiques culturelles uniques, comme des hypogées et des poteries à motifs en spirale. Leur culture se distingue par des avancées dans l’artisanat et l’architecture. Plus tard, ils envahissent l’Italie du sud, où ils influencent la culture de Serra d’Alto.
Cependant, avec l'arrivée des Indo-Européens grecs en provenance du nord, cette civilisation subit une destruction progressive. Les Indo-Européens imposent leurs propres traditions culturelles et linguistiques, laissant les Pélasges Diminiens en tant que vestiges partiels dans certaines régions méditerranéennes.
Les Sumériens constituent l’une des premières grandes civilisations de la Mésopotamie, parlant une langue distincte des groupes asianiques environnants. Leur influence s’étend largement, avec une expansion maximale dans la Mésopotamie du nord entre 4 500 et 3 100 avant J.-C. Cependant, face aux infiltrations des Sémites vers 2 900 avant J.-C., les Sumériens reculent vers le sud.
Les Sumériens développent un système d’écriture hiéroglyphique vers 2 700-2 100 avant J.-C., qui évolue ensuite pour devenir l’écriture cunéiforme. Cette invention leur permet de documenter la gestion des ressources, les lois, et les transactions, renforçant leur administration et leur culture. Vers la fin de cette période, une ou plusieurs grandes crues (qui inspirent probablement le mythe du Déluge) mettent fin à cette époque.
Après cette catastrophe, les Sumériens sont intégrés à la culture sémitique des Akkadiens, particulièrement à Kish. Ils apportent cependant une influence durable sur la culture, la langue et la religion mésopotamiennes.
Les Cardiaux, originaires des proto-Seskliens, sont des pionniers de la culture méditerranéenne occidentale. Après avoir fondé la culture de Magoulitsa dans le nord de la Grèce, l’Albanie et la Serbie, les Cardiaux développent des compétences en navigation qui les mènent à s’installer dans tout le bassin occidental de la Méditerranée. Ils fondent ainsi la culture des poteries impressio-cardiales vers 5 100 avant J.-C. Ces poteries, décorées de motifs imprimés au coquillage, se retrouvent dans de nombreux sites archéologiques en Méditerranée, attestant de leur vaste réseau d'échanges.
À partir de 4 900 avant J.-C., ils établissent la culture de Guadone dans le sud de l’Italie, où les cabanes rondes sont remplacées par des maisons carrées en bois et torchis. Plus tard, entre 4 500 et 3 500 avant J.-C., les Cardiaux se divisent en plusieurs sous-cultures :
Ces sous-cultures témoignent de l'adaptabilité des Cardiaux et de leur influence dans les premières communautés méditerranéennes occidentales.
Les peuples Thénaciens occupent principalement la France et ses environs, où ils cohabitent avec des tribus mésolithiques comme les Tardenoissiens et les Castelnoviens. Les Thénaciens adoptent progressivement l’agriculture, l’élevage et la poterie grâce aux contacts avec les Cardiaux. Ils fondent la civilisation péri-cardiale de Roucadour dans le sud-ouest de la France, marquant le début de l’influence néolithique dans cette région.
Leur expansion connaît plusieurs étapes et influences :
Vers 2 500 avant J.-C., la région subit des infiltrations de tribus indo-européennes de Seine-Oise-Marne, qui fondent la civilisation mixte de Vienne-Charente et la culture de l’Isle-dordogne dans le sud de l’Aquitaine. En 2 200 avant J.-C., les peuples Thénaciens parviennent à soumettre ces groupes, s’établissant dans le bassin parisien.
Cependant, l’influence des Celtes indo-européens de Hollande devient prédominante à partir de 1 950 avant J.-C. : ils s’établissent dans le nord de la France (avec les Argenteuilliens), sur les côtes de la Manche, et en Bretagne (peuples des tumulus), et, peu à peu, ils dominent toute la France.
Les Starceviens représentent la branche nordique des Seskliens, originaires d’Anatolie et adeptes de la construction de maisons carrées en torchis. Ils migrent vers l'Europe centrale et s’installent aux alentours de 6 000-5 500 avant J.-C. dans la région des Balkans, en particulier dans le bassin danubien. Leur installation en Europe marque un tournant pour les populations locales mésolithiques, notamment les pêcheurs de Lepenski Vir, qui vénéraient un dieu-poisson et vivaient selon des traditions de chasse et de pêche.
L'intégration des populations locales par les Starceviens a probablement entraîné un brassage culturel, combinant pratiques néolithiques et croyances plus anciennes. Cependant, cette culture florissante est interrompue par l'arrivée des Pélasges vers 4 400 avant J.-C., qui envahissent la région et détruisent les villages starceviens. Les Starceviens sont alors absorbés ou déplacés, leur influence laissant toutefois des traces dans l'architecture et les traditions céramiques de la région.
Les Rubannés orientaux, également connus sous le nom de peuples de la céramique rubannée linéaire, forment un rameau distinct des Starceviens septentrionaux, originaires de la région de Körös (Hongrie actuelle) autour de 4 800 avant J.-C. Leur culture se caractérise par des céramiques ornées de motifs linéaires complexes, souvent réalisés à l’aide de rubans et de cordes, d’où leur nom. Ce style distinct de poterie marque une transition importante dans l’artisanat de la région et devient un symbole de la culture rubannée, largement diffusée en Europe centrale.
Vers 3 600 avant J.-C., les Rubannés orientaux sont confrontés à l'arrivée des Polgariens, un groupe indo-européen qui s'installe dans le nord de leur territoire. Les Polgariens progressent progressivement vers l’est de la Hongrie et finissent par s’emparer de l’ouest en 3 450 avant J.-C. Cette expansion indo-européenne affecte profondément la culture rubannée, qui se transforme sous l’influence polgarienne, intégrant certains éléments culturels et techniques indo-européens tout en perdant progressivement ses spécificités originelles.
Les Cardiaux Adriates sont une branche occidentale des Cardiaux, un peuple maritime connu pour son expansion dans le bassin méditerranéen. Vers 4 000 avant J.-C., poussés par les pressions des Pélasges lengyéliens et des Rubannés orientaux tibiscins, les Adriates envahissent le nord de l'Italie, où ils établissent des colonies influencées par leurs pratiques méditerranéennes et leur tradition de poterie à décor cardial. Ils marquent la région par leurs techniques agricoles et leurs compétences en poterie, caractéristiques de la culture cardiale méditerranéenne.
Cependant, entre 3 100 et 2 500 avant J.-C., les Adriates sont repoussés vers l'est par l'arrivée des Chasséens de Lagozza, un groupe venu de France, qui envahit le nord de l'Italie. Cette nouvelle vague d'influence introduit des changements dans les structures sociales et artisanales de la région. Plus tard, les Proto-Latins de Remedello et Rinaldone, d’origine indo-européenne et issus de la culture balkanique de Vučedol, conquièrent l'ensemble du nord de l’Italie, transformant encore davantage la culture adriate et assimilant progressivement les peuples autochtones.
Les Cardiaux Tyrrhéniens sont un sous-groupe des Cardiaux, installés principalement dans différentes régions d’Italie. Agriculteurs et éleveurs, ils vivent dans des grottes ou des cabanes ovales dans des villages entourés de fossés. Durant l’époque épicardiale (4 900-3 500 avant J.-C.), les Tyrrhéniens fondent plusieurs cultures locales en Italie, marquées par un développement agricole et une organisation villageoise avancée.
Toutefois, leurs différentes branches subissent des invasions successives qui mènent à leur disparition progressive :
Les Cardiaux Franco-Ibériques forment un autre rameau des Cardiaux, s’établissant dans le sud de la France et les régions voisines de l’Espagne. Entre 4 500 et 3 600 avant J.-C., ils se divisent en de nombreux groupes tribaux, tels que les Roucadouriens, Montboliens, Fagiens, Escaniens, Biziens, et Fontbrégouates. Ces tribus partagent une culture de poterie cardiale, mais avec une variation locale marquée dans leurs pratiques.
Vers 3 600 avant J.-C., les Cardiaux Franco-Ibériques adoptent progressivement les poteries lisses et peu décorées de la céramique d’Europe occidentale sous l’influence des Chasséens venus du sud de la France, qui finiront par unifier ces tribus en une entité culturelle plus cohérente.
Les Rubannés du Danube représentent un sous-groupe des Rubannés occidentaux, concentré dans la région du Bas-Danube. Ce groupe se retrouve pris entre les invasions des Lengyéliens sur leur flanc ouest et la pression des peuples voisins, ce qui limite leur domaine au seul Bas-Danube, où ils forment le groupe d’Hamangia. Ils subsistent dans cette région jusqu’à leur absorption par les Pélasges Vinciens et les Indo-Européens vers 2 900 avant J.-C.
Les Rubannés de l’Elbe forment un autre sous-groupe des Rubannés occidentaux, établi le long de la rivière Elbe. Leur société évolue vers une structure moins égalitaire, avec l’émergence d’une aristocratie et des conflits violents entre tribus. L’arrivée des Polgariens, un groupe indo-européen, vers 4 000-3 500 avant J.-C. en Pologne, entraîne une fusion culturelle, formant la culture de Malice, qui marque une nouvelle ère pour les Rubannés de l’Elbe.
Les Rubannés du Rhin (ou Rubannés du nord-ouest) s’établissent dans la région du Bade-Wurtemberg et en Alsace. Lorsqu’ils arrivent, ils assimilent des tribus locales de chasseurs-cueilleurs, ce qui contribue à renforcer leur culture. Avec le temps, une aristocratie locale consolide son pouvoir, marquée par la construction de maisons géantes de prestige atteignant jusqu’à 60 mètres de long.
Cependant, l’invasion des Indo-Européens de Michelsberg déstabilise cette société. Les Rubannés du Rhin se fragmentent en plusieurs petits groupes avant de disparaître progressivement, laissant des sites archéologiques tels que Menneville, Entzheim, Aichbühl, et Münchshöfen comme traces de leur présence.
Les Rubannés de l’Ouest s’établissent dans le bassin parisien où ils rencontrent des tribus de chasseurs Ertebölliens venus du nord, notamment les Campiniens et les Limbourgiens. De 4 500 à 4 300 avant J.-C., ces interactions aboutissent à une fusion culturelle marquée par l’apparition de poteries ovoïdes du Limbourg. Sous l’influence des peuples épicardiaux du sud, ils finissent par absorber ces tribus locales.
Ensuite, les Chasséens venus du sud de la France s’installent progressivement dans le bassin parisien. Les Rubannés de l’Ouest finissent par être absorbés par les Chasséens, formant la culture campino-chasséenne ou chasséens du nord.
Les Pélasges Vinciens migrent depuis l'Anatolie pour s'installer en Grèce aux côtés des Pélasges Diminiens vers 4 400 avant J.-C. Ils s’établissent dans les Balkans, formant une culture agricole avec des pratiques artisanales qui témoignent de leur origine asiatique. Avec l'arrivée des premières vagues d’Indo-Européens dans les Balkans vers 3 800 avant J.-C., les Pélasges Vinciens se divisent :
Ces deux branches Vinciens survivent temporairement dans leurs refuges respectifs, mais lors d'une deuxième phase d'invasions indo-européennes, ils finissent par succomber. Leur héritage se retrouve dans des éléments culturels balkaniques, mais leur identité spécifique disparaît progressivement sous la pression des nouvelles influences indo-européennes.
Les Tripoljiens, également appelés Tripoliens ou Trypiliens, apparaissent dans la région de Tripoljé/Tripolye en Ukraine actuelle. Ils naissent d'un mélange culturel entre les Rubannés du Danube et les Starceviens, créant une société agricole caractérisée par une poterie raffinée et des villages fortifiés. La culture tripolienne se développe et devient l'une des plus importantes de l’Europe orientale, avec de grands villages et des structures communautaires avancées.
Vers 2 400-2 100 avant J.-C., les Tripoljiens sont absorbés par les Pontiques Indo-Européens d'Usatovo, un peuple des steppes qui les intègre dans ses rangs. Ces Pontiques exploitent les compétences des Tripoljiens pour les accompagner dans leurs raids vers l’ouest, ce qui marque la fin de la culture tripolienne en tant qu'entité distincte, mais laisse une empreinte durable sur les structures sociales et les techniques agricoles de la région.
Les Ertebölliens sont originellement des chasseurs-cueilleurs mésolithiques de Scandinavie et du nord de l'Allemagne, appartenant au groupe des Cro-Magnoïdes. Ils vivent dans des régions côtières et exploitent les ressources marines, mais l'influence des cultures néolithiques, notamment des Rubannés et des Pontiques, transforme leurs modes de vie. Sous cette influence, les Ertebölliens adoptent l'agriculture et l'élevage, introduisant le bétail (bœufs, chèvres, moutons) dans leurs pratiques quotidiennes, marquant ainsi la transition vers une société plus sédentaire.
Vers 3 700-3 300 avant J.-C., les Ertebölliens fusionnent avec les Indo-Européens aux Vases-Entonnoirs, une culture néolithique apparue en Europe centrale. Cette fusion entraîne leur assimilation dans une culture mixte, où les traditions mésolithiques et néolithiques coexistent temporairement avant de se transformer en une société indo-européenne plus structurée.
Les Lengyéliens sont issus des Pélasges qui remontent depuis les régions méridionales vers le nord et se mêlent aux Rubannés présents dans le nord des Balkans et l’Europe centrale. Cette fusion donne naissance à la culture lengyélienne, marquée par une poterie raffinée, des pratiques agricoles avancées, et un artisanat élaboré. Les Lengyéliens jouent un rôle important dans la diffusion de techniques agricoles et de poterie dans les régions d’Europe centrale et orientale.
Les Mégalithiques et les Chasséens sont des groupes culturels préhistoriques d’importance majeure en Europe occidentale, ayant influencé la construction monumentale et les pratiques funéraires, ainsi que l'organisation sociale de la région durant le Néolithique et le début de l’âge du cuivre. Leur histoire reflète un processus complexe d’échanges, de migrations, et de conflits, qui a façonné la préhistoire de l’Europe de l’Ouest.
Les Mégalithiques trouvent leurs origines dans un mélange de peuples Cardiaux, venus d’Espagne, du Portugal ou du sud de la France, et de Rubannés, arrivés des régions du bassin parisien vers 4 530 avant J.-C. Ce mélange se produit particulièrement dans les régions de Vendée, Charentes, et Bretagne, où les deux groupes fusionnent pour donner naissance à la civilisation des mégalithes, qui se caractérise par la construction de structures monumentales en pierre.
Les étapes de l'évolution de cette civilisation sont marquées par des événements-clés :
Les constructions mégalithiques laissent un héritage monumental, témoignant d'une société complexe capable de mobiliser de grandes ressources pour construire des monuments funéraires et rituels imposants.
Les Chasséens constituent une civilisation née autour de 3 800 avant J.-C., probablement sous l'influence des Cardiaux Tyrrhéniens de Fiorano et des Cardiaux Franco-Ibériques de Provence. Ils forment une culture marquée par une poterie distincte et des pratiques agricoles avancées, qui s’étend sur une large partie de l’Europe de l’Ouest, notamment dans les régions suivantes :
Les Chasséens forment un réseau de peuples interconnectés par des échanges et des traditions communes, mais cette cohésion est ébranlée par l’arrivée des Indo-Européens à l’âge du cuivre.
Les Almériens, Windmilliens, Ligures, et Pélasges des Hypogées représentent des cultures néolithiques et protohistoriques diverses qui ont marqué l'Europe occidentale et la Méditerranée. Leur histoire, riche en migrations, échanges culturels, et confrontations avec des peuples voisins, a façonné le développement des civilisations de cette région avant l'arrivée des grands empires classiques.
Les Almériens descendent des Asianiques Cardiaux Franco-Ibériques Montserratiens et développent, à l’époque épicardiale (4 500 - 4 000 avant J.-C.), un mode de vie de pasteurs nomades. Cette culture, parfois appelée culture des grottes ou culture hispano-maurétanienne, se distingue par un élevage diversifié (bœufs, porcs, chèvres et moutons) et des habitats dans des grottes ou des abris naturels.
Entre 3 900 et 3 150 avant J.-C., ils sont influencés par les peuples de Montbolo, qui étendent leur influence vers l’Aquitaine et le littoral atlantique de la France, ainsi que vers l’Espagne orientale. Ce groupe se divise en plusieurs tribus (Solsoniens, Empordaniens, et Vallesiens) et est progressivement assimilé par les Chasséens et les Véraziens. En Espagne, les Almériens subissent l'influence des Pélasges Ibères, qui introduisent des constructions de forteresses inspirées des modèles anatoliens, une pratique qui s’étendra aux Ligures du Portugal et à d’autres cultures locales. Les Almériens de Valence restent cependant isolés de la civilisation mégalithique.
Les Ibères, ultérieurement, s'opposent aux Celtes venus du nord, mais finissent par fusionner avec eux, formant les Celtibères. Ce peuple, à son tour, sera intégré à l’empire romain.
Les Windmilliens, un groupe Asianique venu de France vers 3 800 avant J.-C., s’installent dans le sud-ouest de l'Angleterre et le nord de l'Irlande. Dans ces nouvelles terres, ils introduisent l’agriculture et établissent des maisons en bois, formant les premières communautés agricoles de la région. Ils sont le produit d'un mélange d'Asianiques venus de Bretagne et de Rubannés de Normandie.
Vers 2 700 - 2 400 avant J.-C., les premiers Indo-Européens commencent à s’infiltrer dans le sud-est de la Grande-Bretagne. Plus tard, vers 1 800 avant J.-C., une nouvelle vague d’Indo-Européens introduit la culture de Rinyo-Clacton dans l’est et le nord de la Grande-Bretagne. Finalement, les Indo-Européens Celtes porteurs de gobelets campaniformes arrivent en traversant la Manche, consolidant leur influence dans les îles britanniques.
Les Ligures, peuples des statues-menhirs, descendent des Chasséens et des Mégalithiques des côtes atlantiques. Ils sont répartis en plusieurs tribus dans le sud de la France et les régions voisines :
La tribu la plus puissante, les Durfortiens, domine les Véraziens entre 2 000 et 1 800 avant J.-C. et s'étend jusqu’en Suisse pour former la civilisation d’Auvernier (2 200 - 1 800 avant J.-C.). Sous l’influence des Celtes de Hollande vers 2 200 avant J.-C., les Ligures adoptent des innovations métallurgiques comme les poignards triangulaires en cuivre, les brassards d’archers, et les gobelets campaniformes. Par la suite, entre 1 800 et 1 400 avant J.-C., les Celtes du Rhin moyen introduisent le bronze dans les tribus ligures de Suisse, établissant la civilisation rhodanienne.
Armés de haches en bronze, les Ligures rhodaniens dominent les autres Ligures du sud de la France et étendent leur influence. Cependant, la région subit des infiltrations celtiques depuis le nord et est finalement conquise par les Italiotes romains, entraînant la disparition des Ligures en tant qu'entité culturelle distincte. Certaines tribus, comme les Vascons, ancêtres des Basques, pourraient avoir des liens avec les Ligures.
Les Pélasges des Hypogées, descendants des Pélasges Diminiens, migrent de Grèce vers l'Italie du sud vers 3 800 avant J.-C. pour établir la civilisation de Serra d’Alto. Leur présence s’étend jusqu’en Sardaigne, où ils établissent des colonies à Ozieri vers 3 250 avant J.-C.. Leur culture se distingue par l'utilisation d'hypogées (tombes souterraines) et la construction de forteresses, qui marquent le paysage méditerranéen.
Après 3 250 avant J.-C., une seconde vague de Pélasges, identifiés par leurs poteries rouges lustrées, quitte la Grèce et s’installe dans le sud de l'Anatolie. De là, ils s’étendent vers les îles et les côtes de la Méditerranée occidentale, contribuant à la diffusion de la civilisation des Hypogées et des forteresses. Cependant, cette culture sera balayée vers 1 200 avant J.-C. par une troisième vague d'invasion pélasgienne, celle des Peuples de la Mer venus d’Anatolie occidentale :
Voici des références générales pour l'étude de ces sujets :
Néolithique européen et Mégalithisme :
Cultures Chasséennes et Cardiales :
Cultures Ibériques et Celtibères :
Peuples des Hypogées et Peuples de la Mer :
Peuples Rubannés, Windmilliens et autres cultures préhistoriques d’Europe du Nord-Ouest :
Auteur : Stéphane Jeanneteau
Mars 2007