Les Indo-Européens, et plus spécifiquement le groupe des peuples Pontiques, sont au cœur des racines linguistiques et culturelles de nombreuses civilisations européennes et asiatiques. Ces peuples, d'origine europoïde, se distinguaient par leur physique souvent décrit comme grand, à crâne allongé (dolichocéphale), avec des traits parfois blonds et aux yeux clairs. Les Pontiques, originaires des vastes steppes eurasiennes, sont considérés comme les ancêtres des populations de langues indo-européennes, incluant les branches celtiques, italiennes, germaniques, illyro-albanaises, thraco-arméniennes, grecques, baltes, slaves, indo-iraniennes, anatoliennes, et tokhariennes. Ils représentent donc une origine commune pour de nombreuses cultures qui se sont ensuite diversifiées.
Les Pontiques étaient principalement des pasteurs et des guerriers. La domestication du cheval, vers le IVe millénaire avant notre ère, a été cruciale dans leur développement. Les Pontiques se déplaçaient en effet à cheval, ce qui leur conférait une mobilité inédite pour l’époque et facilitait leur expansion. De plus, ils utilisaient des armes comme les haches de combat, d'abord en pierre puis en cuivre, marquant ainsi une avancée dans la technologie guerrière de leur temps.
En pénétrant en Europe, ces populations ont introduit des structures sociales hiérarchisées, souvent sous la forme de monarchies patriarcales centralisées. Ce modèle contrastait fortement avec les sociétés autochtones d’Europe, où régnaient souvent des systèmes plus égalitaires et parfois matriarcaux, comme ceux des cultures dites "Asianiques" antérieures. Les Pontiques ont ainsi joué un rôle majeur dans le passage à des systèmes sociaux plus hiérarchiques en Europe.
Les Pontiques établis dans la région de l’Aral, près de l’Oxus (aujourd’hui l’Amou-Daria), sont souvent considérés comme les ancêtres des populations aryennes indoues. Influencés à leurs débuts par les cultures de l'Iran, ces Indo-Européens du sud de l’Aral ont participé à la diffusion des langues et des cultures aryennes vers le sous-continent indien.
La culture d’Andronovo, qui s'est développée en Asie centrale autour du IIe millénaire avant notre ère, a été l'une des plus notables dans cette expansion. Les Proto-Iraniens issus de cette culture ont pénétré en Iran et en Afghanistan, repoussant vers le nord de l’Inde des populations à poteries grises, où elles se mêlèrent aux civilisations locales. Cette migration proto-iranienne a contribué à l’établissement de cultures indo-iraniennes dans des régions qui font aujourd’hui partie de l’Afghanistan, de l’Iran, et du nord de l’Inde.
Entre 4100 et 3500 avant notre ère, la région de la Dniepr et de la Volga a vu l’émergence d'un autre groupe indo-européen. Ces populations, issues de la culture de Seroglazovo, se situaient principalement entre l’ouest de la Volga et le fleuve Dniepr. Leur composition ethnique variait : on trouvait des traits proto-europoïdes à l’ouest, avec des influences cro-magnoïdes, tandis qu’à l’est, les traits europoïdes étaient plus évolués, formant une diversité physique et culturelle au sein même de ce groupe.
Les Pontiques de cette région ont été marqués par des interactions et des conflits avec d'autres cultures de la steppe. Notamment, les porteurs de la culture de Seredni-Stog, caractérisés par leurs poteries ovoïdes à fonds plats, issus de la culture de Samara, ont envahi la région. Ces migrations successives ont repoussé certains groupes du Dniepr-Volga vers l’ouest, en direction du Danube et des Balkans, renforçant ainsi la présence indo-européenne dans ces régions.
Les Pontiques de la région Azov-Caspienne, localisés entre les mers d'Azov et Caspienne, étaient des peuples indo-européens aux modes de vie semi-sédentaires, axés sur l’agriculture et l’élevage. Ils élevaient principalement des bovins et des porcs, vivant dans des habitations semi-enterrées aux plans irréguliers. Ces constructions souterraines permettaient une isolation contre les rigueurs climatiques, une caractéristique répandue chez les peuples de la steppe et des régions continentales de cette époque.
Au-delà de leur organisation domestique et agricole, les Pontiques d'Azov-Caspienne ont également développé des techniques artisanales et probablement des échanges avec des groupes voisins. Cependant, au fil du temps, ces populations d’Azov-Caspienne subiront des pressions militaires de la part des Pontiques Dniepr-Volga, qui arrivaient de l’est avec une organisation militaire plus avancée et une meilleure maîtrise du cheval. Incapables de résister à cette force, les Pontiques d’Azov-Caspienne finiront par se replier vers la Crimée. Dans cette région de refuge, ils subsisteront encore pendant quelques générations avant de disparaître ou de se fondre dans les populations locales, probablement sous la domination des nouveaux arrivants.
Les peuples du Boug-Dniestr, situés entre les fleuves Boug et Dniestr en Europe de l'Est, se distinguent par leur appartenance à un type méditerranéen, avec une origine et une apparence physique différente des Pontiques. Bien que leur langue d'origine ne soit pas attestée avec certitude, certains chercheurs émettent l'hypothèse qu'ils parlaient peut-être une langue indo-européenne, ou du moins une langue qui aurait pu avoir des influences indo-européennes. Ces populations se sont formées sous l’influence des cultures asiatiques tripoljiennes, une civilisation avancée pour l'époque, notamment dans les domaines de l’agriculture, de la poterie, et de la construction.
La civilisation tripolienne, qui s’étendait de -4500 à -3200 avant notre ère, est célèbre pour ses vastes villages organisés, ses techniques de poterie décorée et son artisanat. Les peuples du Boug-Dniestr ont probablement bénéficié de cette influence tripolienne dans leur développement culturel et économique, tout en adoptant des aspects de leurs pratiques agricoles et sociales.
Avec le temps, les peuples du Boug-Dniestr finiront par être absorbés par les Tripoljiens, eux-mêmes influencés par l’arrivée progressive d’éléments indo-européens. Les Tripoljiens s’étant eux-mêmes partiellement « indo-européanisés », ce processus d’assimilation a contribué à la diffusion de certaines coutumes et éléments linguistiques indo-européens dans la région, tout en conservant une base culturelle distincte héritée des traditions locales.
Les peuples indo-européens des "Kourganes 1, 2 et 3" représentent des branches distinctes de la grande migration des Pontiques, un groupe majeur de l'âge du bronze, originaire de la région de la Volga et des steppes de Russie. Descendants des cultures de Seroglazovo et Samara, puis de Khvalynsk (dans le bassin de la Volga), ces Pontiques se sont étendus et divisés en plusieurs groupes, jouant un rôle fondamental dans l'évolution des sociétés indo-européennes d’Eurasie. Leur avancée, facilitée par l’équitation et un mode de vie nomade ou semi-nomade, a abouti à la formation de cultures distinctes, chacune marquée par les sépultures caractéristiques en tumulus ou "kourganes".
Les "Kourganes 1, 2 et 3" représentent des phases d’expansion successives de ces populations indo-européennes qui se sont étendues dans les régions au nord de la mer Noire. En descendant de la culture Khvalynsk (4000-3500 av. J.-C.), les cavaliers pontiques europoïdes de la Volga se sont installés dans diverses régions où ils ont développé des sous-groupes et des cultures distinctes, marquant leur influence sur de vastes territoires.
Serednig-Stog 1/Voloshskoje/Kourganes 1 et Serednig-Stog 2/Dereivka/Kourganes 2 (Sud de la Russie) :
Mikhajlovka, Kemi-Oba et Novodanilovka en Crimée :
Khvalynsk sur la Volga (3500-3000 av. J.-C.) :
Cernavoda 1 et 3 (tribu issue des Kourganes 1) au sud-ouest :
Usatovo, Gorotsk, Sofijewka/Kourganes 3 en Ukraine et Moldavie :
Maïkop dans le Caucase Nord-Ouest (2700-2200 av. J.-C.) :
Trialéti dans le Caucase central (Ibérie/Géorgie et Arménie, 1900-1100 av. J.-C.) :
Finalement, la plupart de ces cultures seront submergées par l’expansion des Pontiques de Yamnaya, une culture qui descend directement des traditions Khvalynsk mais qui s'étend plus à l'est et exerce une pression démographique considérable. Les Yamnaya, experts en élevage et maîtrise du cheval, s’imposeront comme un groupe dominant dans les steppes eurasiennes, introduisant une société de guerriers à structure sociale hiérarchique, avec une influence marquée sur de vastes territoires.
La tribu d’Usatovo/Gorotsk/Sofijewka parviendra cependant à échapper à cette vague d’invasion en migrant vers l’ouest. En Roumanie, elle formera la civilisation de Foltesti/Cernavoda 2 (Kourganes 3), continuant ainsi l'héritage des traditions pontiques en Europe de l’Est.
Les Proto-Polgariens et les Pontiques des Balkans illustrent des étapes cruciales dans l'expansion et la diversification des cultures indo-européennes en Europe centrale, orientale et méridionale. Ces populations ont influencé de manière significative le développement des sociétés préhistoriques en introduisant de nouvelles technologies, en restructurant les hiérarchies sociales, et en fusionnant avec des cultures autochtones pour former de nouvelles entités culturelles qui ont façonné l'histoire ancienne de l'Europe.
Les Proto-Polgariens, qui apparaissent vers 4000 av. J.-C., étaient des groupes indo-européens descendants des Pontiques. Leurs troupes de cavaliers pénètrent en Europe centrale, notamment en Pologne, où ils s’infiltrent parmi les peuples rubannés, créant ainsi la culture de Malice (4000-3500 av. J.-C.). Cette culture se divise ensuite en plusieurs groupes distincts :
Brzesc-Kujawski (3750-3200 av. J.-C.) et Jordansmühl/Jordanow (3500-3000 av. J.-C.) : Ces groupes se développent en Pologne, où ils adoptent et adaptent des techniques locales de poterie et d’agriculture, tout en introduisant leurs traditions indo-européennes.
Expansion vers le sud : Dès 3600 av. J.-C., un groupe de Proto-Polgariens se dirige vers la Tchéquie, puis s’établit dans le nord de la Hongrie (cultures de Tchitcharovce et Csöshalom-Oborin). Vers 3450 av. J.-C., ils fondent la culture de Polgar, connue pour ses innovations dans le travail du cuivre et ses poteries rouges non décorées, puis plus tard décorées de motifs pointillés et sillonnés.
Les Polgariens se dirigent ensuite vers la Thuringe (culture de Gatersleben) et la Hongrie (Tisza-Polgar, Bodrogkeresztur), fusionnant avec les Rubannés orientaux et les populations Pélasges Lengyéliens (Lengyel 4-5-6). En avançant vers le sud, ils se mélangent aussi avec des Pélasges en Croatie, Autriche, et Bavière, formant la culture de Lasinja-Balaton 2.
Après leur période de domination, vers 3000 av. J.-C., les Polgariens commencent à perdre du terrain face aux nouvelles cultures indo-européennes. Ils seront finalement absorbés par les Indo-Européens des cultures proto-Baden (Hunyadi-Halom et Lasinja-Balaton 3) au sud, ainsi que par les peuples à gobelets en entonnoir au nord.
Les Pontiques des Balkans, originaires du Dniepr-Volga, forment des bandes armées d’Indo-Européens qui s’infiltrent dans les Balkans à la fin du Néolithique. Ces groupes établissent des aristocraties guerrières qui dominent les populations autochtones, formant ainsi des structures proto-féodales où une noblesse indo-européenne règne sur des paysans asianiques.
La culture de Gumelnitza (3800-3100 av. J.-C.) : Située principalement sur la côte bulgare de la mer Noire, Gumelnitza est une société prospère, riche en or et en cuivre, en grande partie sous l’influence du puissant royaume de Varna. Cette culture sera détruite par l'invasion des Pontiques de Cernavoda 1-3, qui introduisent des traditions guerrières plus centralisées et une élite indo-européenne renforcée.
Les Balkans centraux (3750-3000 av. J.-C.) : Les peuples de cette région incluent les cultures de Salcuta 3, Gradeshnica-Krivodol, Shuplevec, et Bubanj-Hum-1A, composées principalement de Pélasges Vinciens à poteries graphitées et incisées, eux-mêmes sous la domination d’aristocraties indo-européennes. Avec l’invasion des Pontiques de Cernavoda 1-3, ces peuples migreront vers l’ouest pour échapper à la domination, trouvant refuge en Macédoine (Shuplevec, Bakarno-Gumno, et Crnobuki) et en Albanie (Maliq-2), où ils maintiendront leurs cultures pour encore quelques générations.
Les survivants de Gumelnitza et la migration vers l’Anatolie : Après l’effondrement de la culture de Gumelnitza vers 2300 av. J.-C., certaines populations Pontiques se replient vers le sud de la Bulgarie (culture d’Ezero), d’où elles seront finalement chassées par les Pontiques de Foltesti. Ces groupes migreront alors vers l’Anatolie et la Grèce, où ils fonderont des civilisations connues pour leur poterie spécifique, les « vases dépás », et formeront ce que l’on appelle les Indo-Européens anatoliens.
Les Pontiques qui migrent vers l'Anatolie donneront naissance aux groupes connus sous les noms de Nésites (Hittites), Palas (Paphlagoniens), Luwites (Lyciens et Lycaoniens), et Lydiens. Ces peuples, tous classés parmi les "Indo-Européens anatoliens", se distinguent par leur langue et leur culture, et joueront un rôle central dans le développement de l'Anatolie. Ils marqueront leur histoire en formant des royaumes organisés et en introduisant des pratiques militaires, culturelles et religieuses qui influenceront profondément la région.
Les Pontiques à vases-entonnoirs et les Pontiques de Michelsberg représentent des branches significatives de la diaspora indo-européenne en Europe du nord et centrale. Leur expansion et leur adaptation aux cultures locales ont permis la formation de sociétés complexes et ont joué un rôle majeur dans la diffusion de l’artisanat céramique, de la métallurgie et des structures sociales hiérarchisées, caractéristiques des Indo-Européens de l'âge du bronze. Ces groupes ont également façonné les paysages culturels des régions dans lesquelles ils se sont installés.
Les Pontiques à vases-entonnoirs constituent un rameau distinct des Pontiques de la région du Dniepr-Donec. Vers 3800 av. J.-C., ils ont entamé leur progression le long de la Baltique, en prenant le contrôle des territoires habités par les peuples Ertebôlliens. Ces nouveaux arrivants ont apporté des innovations en poterie, avec des gobelets aux formes caractéristiques en entonnoir ("Trichterbecker"), et ont établi des cultures distinctes dans diverses régions d'Europe du Nord :
Le peuple des gobelets-entonnoirs septentrionaux (Trichterbecker) en Scandinavie :
Le peuple des gobelets-entonnoirs occidentaux (Hollande et Basse-Saxe) :
Le peuple des gobelets-entonnoirs méridionaux (Thuringe et Bohême) :
Le peuple des gobelets-entonnoirs orientaux (Pologne et Ukraine) :
Le peuple de Michelsberg en Allemagne centrale :
Infiltration en Angleterre :
À la suite de leur installation, les Pontiques à vases-entonnoirs subissent l’invasion des Pontiques à amphores globulaires de Bernburg, venus de l’est. Ces derniers repoussent le peuple des céramiques à impressions profondes vers la Rhénanie et la Westphalie, tandis que les tribus de Walternienburg sont poussées vers la Hesse (culture de Wartberg), entraînant la destruction de la civilisation de Michelsberg.
Les Pontiques de Michelsberg, situés en Allemagne centrale, sont issus d’une fusion des Pontiques à gobelets-entonnoirs avec les cultures Rubannées de Rôssen. Ce groupe, particulièrement bien implanté, développe une culture riche et diversifiée, avec des pratiques funéraires et une poterie distincte. Parmi les tribus de la culture de Michelsberg, on trouve :
La culture de Michelsberg montre une grande diversité régionale et se distingue par des pratiques agricoles avancées, ainsi qu’un usage généralisé de la poterie pour le stockage et la conservation des denrées.
Après une période de prospérité, la culture de Michelsberg est envahie par les peuples de Walternienburg-Wartberg et les poteries à impressions profondes, eux-mêmes repoussés par les Pontiques à amphores globulaires venus de l’est. Ces invasions forcent la culture de Michelsberg à se fragmenter en sous-groupes, formant l’« épi-Michelsberg ». Ces groupes incluent :
Parmi ces sous-groupes, deux se démarquent par leur rôle dans l’expansion culturelle :
Le groupe de Pfyn : Ce groupe migre en Suisse orientale, où il fonde la culture de Horgen, caractérisée par des pratiques agricoles avancées et des poteries distinctives.
Le groupe de Seine-Oise-Marne : Ce sous-groupe s’établit dans le Bassin parisien et la Belgique, donnant naissance à la culture de Seine-Oise-Marne, connue pour son artisanat en poterie et son organisation sociale complexe.
Les Pontiques à vases-entonnoirs et de Michelsberg ont joué un rôle central dans l’introduction de l’agriculture, de la métallurgie, et des pratiques artisanales en Europe du Nord et centrale. Leur expansion a marqué le passage à une société plus structurée et hiérarchisée, tout en influençant les pratiques culturelles et technologiques des peuples autochtones. Ces cultures ont contribué à établir des réseaux de commerce et d’échange qui faciliteront le développement des civilisations européennes de l’âge du bronze, laissant un héritage qui perdurera dans les cultures suivantes.
En fusionnant avec des cultures locales et en intégrant de nouvelles influences, les Pontiques ont jeté les bases de sociétés qui ont façonné les traditions, l’organisation sociale et l’artisanat de nombreuses régions d’Europe. Leur influence s’étend au-delà des frontières géographiques, marquant les débuts de la diffusion culturelle indo-européenne en Europe et posant les fondations des civilisations européennes préhistoriques.
Les Pontiques des tombes à puits, de Foltesti et des amphores globulaires représentent trois grands rameaux de la vaste diaspora indo-européenne des steppes eurasiennes. Ces groupes se sont développés à partir de la culture de Khvalynsk et de la civilisation de Yamnaya, puis ont divergé en plusieurs sous-groupes distincts qui se sont dispersés dans différentes régions, en fusionnant avec les populations locales et en fondant des cultures variées à travers l’Europe et l’Asie.
La civilisation des tombes à puits, également connue sous le nom de culture de Yamnaya ou Kourganes 4, descend de la culture de Khvalynsk, puis de Bikovo, dans le bassin de la Volga. Datant du IIIe millénaire avant notre ère, cette culture s’est répandue dans les steppes pontiques. Elle est particulièrement notable pour ses pratiques funéraires : les individus étaient inhumés dans des tombes en forme de fosses ou de puits, souvent accompagnés d’objets personnels, dans des positions recroquevillées et recouverts de monticules ou "kourganes". Cette expansion de la culture Yamnaya a donné naissance à plusieurs sous-groupes distincts :
Culture des sépultures à catacombes (Thraces) :
Culture des sépultures à charpentes (Irano-Aryens) :
Culture proto-Slave du Dniepr moyen :
Cultures proto-Baltes des haches de combat :
Culture des poteries cordées :
Culture des sépultures individuelles :
Les Pontiques de Foltesti représentent un autre rameau des Indo-Européens qui ont marqué le développement des cultures d’Europe de l’Est et des Balkans. Ce groupe comprend divers peuples tels que :
Les Gètes de Roumanie :
Les Illyriens d’Albanie :
Les Thraces de Bulgarie :
Les Arméniens :
Les Pontiques des amphores globulaires forment un rameau distinct des Kourganes, issu des Pontiques à amphores sphériques des Kourganes 1-2. Entre 2700 et 2400 av. J.-C., ils se sont diffusés au sud de la Baltique, introduisant des céramiques caractéristiques en forme d’amphores globulaires. Cette culture se distingue par l'importance accordée aux poteries et aux objets en forme de sphères ou d’amphores, probablement liés à des rituels funéraires ou religieux.
Avec le temps, leur territoire est occupé par d’autres groupes indo-européens, notamment :
Les Pontiques des haches naviformes :
Les poteries cordées :
Les sépultures individuelles :
Les Pontiques de Cernavoda et les Séquaniens de Seine-Oise-Marne et de Horgen représentent des branches distinctes de la diaspora indo-européenne qui ont contribué, chacune à leur manière, à la transformation des sociétés européennes pendant l’âge du bronze. Leur expansion, ainsi que leur interaction avec les cultures locales, ont influencé l’évolution des pratiques agricoles, artisanales et sociales dans les Balkans et en Europe occidentale.
Les Pontiques de Cernavoda constituent un rameau de la culture de Kemi-Oba, une civilisation pontique qui s’est propagée dans les Balkans. Ces populations indo-européennes ont introduit des techniques agricoles et pastorales avancées, ainsi que des styles de poterie variés. Leur expansion dans les Balkans a entraîné une diversification en plusieurs sous-groupes :
Roumanie :
Hongrie :
Balkans centraux :
Bulgarie du Nord :
Les Séquaniens de Seine-Oise-Marne et de Horgen représentent une autre branche des Indo-Européens, descendante des peuples à gobelets-entonnoirs et tulipiformes de Michelsberg. Ces groupes se distinguent par leur organisation sociale et leurs pratiques artisanales qui influenceront le développement des cultures en Europe de l’Ouest.
La formation de la culture de Horgen (2700-2200 av. J.-C.) :
La culture de Seine-Oise-Marne (2700-2200 av. J.-C.) :
Vers 2300 av. J.-C., les peuples autochtones asiatiques de France commencent à repousser les Séquaniens. Les peuples d’Artenac, dans le bassin aquitain, reconquièrent l’Aquitaine, le centre-ouest et le bassin parisien. En Suisse, les Lücherziens d’Auvernier, originaires de la région Saône-Rhône, récupèrent une partie des territoires occupés par les Séquaniens en Horgen. Cette contre-offensive des peuples locaux conduit à la fin de la première invasion indo-européenne en France, marquant ainsi un échec des Séquaniens dans leur expansion en Europe de l’Ouest.
Les Pontiques des tombes à catacombes, également associés à la culture de Sroubnaya, sont un groupe indo-européen fondamental dans la transition vers l'âge du bronze dans les steppes eurasiennes. Leur maîtrise de la métallurgie, l'utilisation de chars et de haches de bataille, ainsi que leurs traditions funéraires distinctes, ont laissé une empreinte durable sur l'évolution des cultures indo-européennes en Europe de l’Est et en Asie centrale.
La culture des tombes à catacombes, qui se développe dans les steppes au nord de la mer Noire, est caractérisée par des pratiques funéraires où les défunts sont enterrés dans des chambres souterraines, souvent dotées de structures élaborées. Ces tombes sont le reflet d'une société hiérarchisée, dans laquelle l’élite guerrière occupait une place prépondérante. Les Pontiques de cette culture ont introduit la métallurgie du bronze et perfectionné l'usage du char de guerre, tiré par des chevaux, symbolisant une avancée technologique significative pour l’époque.
Les Pontiques des tombes à catacombes élevaient principalement des bovins, des chevaux, des moutons et des chèvres, et produisaient des objets artisanaux distinctifs, tels que des gobelets à fond plat, décorés de motifs cordés ou incisés. Leur expansion a permis de diffuser la technologie du bronze et les techniques d’élevage dans les territoires qu’ils ont occupés.
Les derniers représentants de cette culture se sont diversifiés en plusieurs groupes en fonction des régions qu’ils occupaient ou vers lesquelles ils ont migré :
Ukraine occidentale : Civilisations de Bagato-Valikov / Mnogovalikova et Sabatinovka :
Fuite vers les Balkans et formation des cultures Daces et Thraces :
Les proto-Méotes du Kouban-Terek au nord du Caucase :
Les peuples de Zlota en Pologne et du Dniepr-Desna moyen : ancêtres des Slaves :
Le peuple de Vucedol : ancêtres des Italiotes :
Proto-Aryens iraniens du Turkestan :
Les peuples indo-européens des haches de combat, des tombes individuelles, des poteries cordées, des tombes à charpentes, ainsi que les Vénètes et les Italiotes de la culture de Vucedol, constituent des branches diversifiées de l'expansion indo-européenne en Europe et en Eurasie. Leur contribution s’étend sur plusieurs millénaires et a influencé les cultures de l'Europe de l'Est, de l'Ouest, des Balkans et de l'Italie, laissant des traces profondes dans l’organisation sociale, les pratiques artisanales et les traditions militaires des civilisations qui en sont issues.
Les peuples des haches de combat, ancêtres des Baltes et des Slaves, descendent des Pontiques de Yamnaya. Ils sont réputés pour leurs haches naviformes, symboles de prestige militaire, et leurs poteries cordées. Ils se divisent en plusieurs sous-cultures régionales :
Baltes occidentaux aux haches de combat de la Baltique :
Baltes septentrionaux de Finlande (Kiukainen) :
Baltes orientaux de la Volga (Fatyanovo) :
Vénèdes du Dniepr moyen (proto-Slaves) :
À l’époque byzantine, les Vénèdes, désormais divisés en Antes de Penkovka et Kolotchin et Stavanes/Sklavènes de Prague-Kortchak, se lanceront dans une grande expansion vers la Russie et les Balkans, devenant ainsi les ancêtres des Slaves modernes.
Les Pontiques des sépultures individuelles résultent de la fusion vers 2400 av. J.-C. des peuples des vases-entonnoirs, des poteries cordées et des haches de combat de la Baltique. Ils représentent les ancêtres des Germains et se distinguent par leur usage de chars tirés par des chevaux, qui symbolisent leur mobilité et leurs compétences militaires.
Les Pontiques des poteries cordées sont les ancêtres des Celtes et résultent de la fusion des peuples aux amphores globulaires avec les Pontiques des poteries cordées et des haches de combat venus de l’est. Ils se propagent vers 2400 av. J.-C. en Europe de l’Ouest, introduisant un style distinct de poterie et une culture guerrière qui marqueront le développement des futures sociétés celtiques.
Les Pontiques des tombes à charpentes se développent vers 1800 av. J.-C. dans la région de la Volga et de l’Oural. Issus des derniers Pontiques des tombes à puits, ce groupe invente le pastoralisme nomade, mode de vie qui influencera profondément les cultures de la steppe. Ils se divisent en sous-unités culturelles :
Cimmériens de Crimée :
Syginnes de Poltavka sur la Volga :
Scythes de Tazagabiab autour de la mer d'Aral :
Les Pontiques de Vucedol sont nés de la fusion entre les Pontiques de Baden-Kostolac et des Pontiques des sépultures à catacombes venus du nord-est. Ils sont connus dans l’Antiquité sous le nom de Vénètes en Italie du nord-est et en Slovénie, et certaines tribus de Vucedol migreront en Italie, formant le groupe des Italiotes ou Italiques, qui donneront naissance aux peuples latins (Romains et Falisques) et aux Osco-Ombriens.
Proto-Italiotes de Remedello (Italie du Nord et Suisse du Sud, 2300-2100 av. J.-C.) :
Civilisation des Apennitiques de Rinaldone :
Expansion et influence ligure (1900-1800 av. J.-C.) :
Références :
Ouvrages généraux sur les Indo-Européens et les cultures des steppes
La culture de Yamnaya et les sépultures à catacombes
Gimbutas, M. (1970). Proto-Indo-European Culture: The Kurgan Hypothesis. Journal of Indo-European Studies.
Rassamakin, Y. (1999). The Eneolithic of the Black Sea Steppe: The Dynamics of Cultural and Economic Development 4500-2300 BC. JIES Monograph.
Les cultures des haches de combat et la culture des poteries cordées
Kristiansen, K., & Larsson, T.B. (2005). The Rise of Bronze Age Society: Travels, Transmissions and Transformations. Cambridge University Press.
Väkeväinen, I. (2019). Corded Ware Culture in the Baltic Region. In The Oxford Handbook of the European Bronze Age. Oxford University Press.
Les peuples proto-Slaves et proto-Baltes (Vénèdes, Fatyanovo, Trzciniec)
Duchesne-Guillemin, J. (1986). The Cultural and Social Dynamics of the Proto-Slavic People. Slavica Publishers.
Carpelan, C., & Parpola, A. (2001). Emergence of the Indo-Iranian Languages in the Eastern Steppe. In The Bronze Age and Early Iron Age Peoples of Eastern and Central Asia.
Les Indo-Européens de Vucedol, Vénètes et Italiotes
Benac, A. (1994). The Prehistoric Cultures of Vucedol and their Influence in the Balkans and Italy. In Illyrians and Indo-Europeans. Balkan Studies Press.
Torelli, M. (2001). The Etruscans and Their Legacy in Italy. In The Oxford Classical Dictionary.
Les Pontiques des tombes à charpentes et proto-Iraniens
Di Cosmo, N. (2002). Ancient China and its Enemies: The Rise of Nomadic Power in East Asian History. Cambridge University Press.
Kuzmina, E.E. (2007). The Prehistory of the Silk Road. University of Pennsylvania Press.
Auteur : Stéphane Jeanneteau
Novembre 2009