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1 - NÉOLITHIQUE TARDIF / ÂGE DU CUIVRE EUROPE DU SUD-EST

La fin de la période néolithique dans le sud-est de l’Europe, située entre 5000 et 4500 av. J.-C., a marqué une transformation notable des sociétés agricoles, menant à l’âge du cuivre, ou chalcolithique, entre 4500 et 3000 av. J.-C. Ce passage s’est accompagné d’évolutions significatives dans les modes de vie et les structures sociales des communautés. La région du sud-est européen, couvrant le bassin des Carpates jusqu'à la Thessalie, incluant des pays comme la Hongrie, la Roumanie, l’ex-Yougoslavie, la Bulgarie, l’Albanie, la Macédoine et le nord de la Grèce, se présente comme une mosaïque de sous-régions géographiques disposant de ressources variées. Ce contexte a favorisé la différenciation culturelle et la structuration de sociétés agricoles distinctes.

Chronologie et caractéristiques de l’âge du cuivre

Contrairement à l’Europe de l’Ouest, où le Néolithique précède directement l’âge du bronze, le sud-est européen introduit une phase intermédiaire dédiée à l’exploitation intensive du cuivre. Cet âge du cuivre débute vers 4500 av. J.-C. et coïncide avec une nouvelle organisation des sociétés humaines. En Grèce, ce « néolithique final » se poursuit jusqu'à environ 3300 av. J.-C., tandis que dans les Balkans et le bassin des Carpates, les termes Énéolithique et Chalcolithique désignent cette phase où le cuivre commence à jouer un rôle important dans l’économie et les rituels. Bien que le cuivre soit présent en faible quantité dans certaines régions dès le néolithique, son utilisation au cours de cette période était limitée à des objets décoratifs de petite taille. Ce n’est qu’au début de l’âge du cuivre que les sociétés de cette région exploitent intensivement le minerai pour produire des outils comme des haches et herminettes, à partir de minerais extraits puis fondus.

Les communautés chalcolithiques adoptent des techniques de métallurgie plus élaborées, impliquant la fusion et le moulage de cuivre extrait de minéraux tels que la malachite. Ce changement technologique marque un tournant, car l’exploitation minière et la production d’artefacts en cuivre augmentent considérablement. Cette intensification de la métallurgie s’accompagne de transformations sociales et économiques marquées, qui posent les bases de structures politiques plus complexes observées durant l’âge du bronze.

Zones culturelles au Néolithique tardif

Au Néolithique tardif, une diversité culturelle régionale apparaît clairement. Les groupes agricoles montrent des variations significatives dans les styles de céramique, l’organisation des habitats et les pratiques agricoles, reflétant des spécialisations économiques et sociales qui contrastent avec l’homogénéité des périodes précédentes.

Dans la région de la plaine de Thessalie en Grèce, des fouilles comme celles de Dimini (fin du VIe millénaire av. J.-C.) révèlent une occupation sédentaire et des structures tell, illustrant un mode de vie qui s’étend également à Sesklo. Plus au nord, le tell de Karanovo en Bulgarie, occupé dès le début du VIe millénaire av. J.-C., est un autre exemple de site néolithique majeur. Ses couches d’occupation de plus de 12 mètres sont divisées en niveaux qui permettent de relier les phases culturelles de l’Europe du sud-est à celles de l’Anatolie, fournissant un cadre de référence chronologique essentiel pour la région.

Plus loin, dans l’actuelle Serbie, le tell de Vinča, un site central pour l’étude du Néolithique moyen et de l’âge du cuivre, présente des niveaux d’occupation étendus. Ce site est le cœur de la culture de Vinča, qui s’étendait en Serbie, Bosnie, Croatie et Roumanie du sud-ouest. À Vinča, les fouilles montrent quatre niveaux d’occupation successifs : les niveaux A et B sont associés au Néolithique moyen et tardif, tandis que les niveaux C et D se rattachent au début du Chalcolithique, illustrant ainsi une transition progressive vers l’utilisation du cuivre.

Dans le bassin des Carpates, deux voies culturelles distinctes apparaissent à l’époque du Néolithique tardif. Dans l’est, le long de la rivière Tisza en Grande plaine hongroise, les cultures Tisza, Herpály et Csőszhalom émergent et illustrent une fragmentation culturelle. Ces groupes sont caractérisés par une organisation en petits villages avec une diversité de pratiques agricoles et de styles de poterie, reflétant des stratégies de subsistance adaptées aux spécificités de chaque micro-région. À l’ouest du Danube, en Transdanubie, la culture Lengyel prédomine. Cette dernière, représentée par les phases Lengyel I et II, montre une continuité de l’occupation vers l’âge du cuivre (phase Lengyel III), contrairement aux transformations plus abruptes observées à l’est du Danube.

Transformations économiques et sociales

La période de l’âge du cuivre voit une intensification de la production d’artefacts métalliques et des pratiques agricoles diversifiées, facilitée par l’exploitation accrue de ressources naturelles locales. Les structures sociales deviennent plus complexes avec la mise en place de systèmes de stratification sociale, suggérée par la présence de sépultures avec des objets précieux et des armes en cuivre, témoignant d’une élite émergente. Des sites comme Dimini en Thessalie et Karanovo en Bulgarie montrent des indices de pratiques rituelles complexes, incluant des dépôts votifs en cuivre, qui renforcent probablement le statut de certains membres de la communauté.

La différenciation économique et culturelle des sociétés chalcolithiques mène à une nouvelle organisation territoriale où des réseaux d’échange interrégionaux se forment. Les artefacts en cuivre et en céramique, témoins de ces échanges, montrent une circulation des biens et des idées entre régions, contribuant à la diffusion des technologies métallurgiques et à l’extension des réseaux sociaux.



LATE NEOLITHIC: ORGANISATION ECONOMIQUE ET SOCIALE

Au Néolithique tardif, l’organisation économique et sociale des sociétés du sud-est européen repose sur des pratiques agricoles et pastorales bien établies, avec une dépendance accrue aux ressources domestiques complétées par l’exploitation de ressources sauvages. La diversité écologique des microrégions a permis aux communautés de s’adapter localement, variant les proportions de plantes et d’animaux domestiques en fonction des besoins et des ressources disponibles. Ces groupes exploitaient principalement des variétés de blé (einkorn et amidonnier) et d’orge, ainsi que des légumineuses telles que les lentilles et les pois chiches, qui non seulement diversifiaient le régime alimentaire, mais favorisaient aussi la fertilité des sols. Dans les Balkans, la répartition des animaux domestiques révèle un contraste entre les régions : au nord, les populations préféraient l’élevage de bovins, tandis qu’au sud, dans les Balkans et la Grèce, les ovicapridés (moutons et chèvres) étaient davantage représentés.

L’utilisation des animaux au Néolithique tardif, encore essentiellement pour la viande, commence cependant à évoluer vers la production de produits secondaires comme le lait et la traction animale, un phénomène appelé « révolution des produits secondaires » par l’archéologue Andrew Sherratt. Ce changement graduel dans la fonction des animaux révèle un approfondissement des connaissances et des pratiques économiques, posant les bases de systèmes agricoles plus diversifiés et productifs.

Structure sociale et organisation communautaire

La structure sociale au sein des communautés du Néolithique tardif est principalement axée sur le modèle de « production domestique », défini par Marshall Sahlins. Ce modèle met en avant des unités domestiques autonomes, où les activités de subsistance et artisanales, comme la fabrication de poteries, sont réalisées au sein des foyers individuels. Les relations sociales et le pouvoir au sein de ces sociétés ne reposent pas encore sur des hiérarchies héréditaires, mais plutôt sur le statut acquis par les individus grâce à leurs compétences et à leur influence sociale. Cela dit, des indices archéologiques laissent entrevoir une organisation sociale de plus en plus complexe et différenciée au sein de certaines communautés.

Des exemples de cette organisation structurée se trouvent dans les agencements des habitats. À Dimini en Grèce, par exemple, les maisons sont organisées autour de cours centrales, ce qui suggère des sous-groupes sociaux distincts au sein de la communauté. De même, le site de Makriyalos, avec ses bâtiments rectangulaires et ses aires de rassemblement, semble indiquer une organisation sociale segmentée, où chaque segment pouvait disposer de lieux de rencontre spécifiques.

Dans le nord des Balkans et en Hongrie, l’organisation des habitats illustre également une structuration sociale. À Selevac et Divostin en Serbie, les habitations sont disposées en grappes, suggérant une division en unités sociales plus petites. Le site hongrois de Polgár-Csőszhalom présente une structure unique avec un monticule fortifié entouré de fossés et de palissades, où des activités rituelles et communautaires, voire des sacrifices, se seraient déroulées. Les artefacts découverts, notamment des statuettes, des disques solaires en argile et des perles en cuivre, renforcent l’hypothèse que le site servait de centre sacré et de lieu d’interaction économique et idéologique pour la région environnante.

Rituels et pratiques funéraires

Les pratiques funéraires témoignent également de l’organisation sociale et des croyances spirituelles des communautés du Néolithique tardif. Les sépultures sont souvent situées à l’intérieur ou autour des villages, sous les habitations ou dans des fossés environnants, comme observé à Dimini et Makriyalos. Cette proximité des sépultures avec les zones d’habitation souligne une relation symbolique forte entre les vivants et les morts, où les ancêtres sont intégrés dans le quotidien des communautés.

Au site de Gomolava en Serbie, associé à la culture de Vinča, des sépultures collectives contiennent les restes de plusieurs hommes, ce qui laisse entrevoir des pratiques rituelles complexes et peut-être la valorisation d’un certain type de statut social. Dans la plaine hongroise, sur le tell de Polgár-Csőszhalom, ainsi qu’à Hódmezvásárhely-Gorzsa et Vésztő-Mágor, les inhumations intra-muros montrent l’importance de l’ancrage des communautés sur des lieux de vie durablement occupés.

Sites tell et réseaux régionaux

Les sites tell, comme ceux de Karanovo en Bulgarie ou de Vinča en Serbie, ont joué un rôle central dans l’organisation régionale, non seulement comme centres de peuplement à long terme, mais aussi comme lieux d’échanges économiques et de pratiques rituelles. Ces sites forment des points d’interaction entre différentes colonies, contribuant à structurer des réseaux régionaux d’échange de biens et de diffusion d’idéologies. Par exemple, les fouilles de Polgár-Csőszhalom révèlent que le site servait de centre économique et symbolique, où étaient échangés des biens comme des perles en cuivre, des objets en os et des poteries spécialisées.

Les colonies de la période sont souvent entourées de fossés et de murs, suggérant des efforts de fortification ou des démarcations symboliques pour différencier l’espace du village de l’arrière-pays. À Makriyalos, des fossés concentriques délimitent le village, tandis que des murs plus substantiels entourent les colonies du Bas-Danube, comme Polyanitsa et Ovcharovo. Cette délimitation par des fossés ou palissades atteste d’un investissement significatif dans la construction de sites durables, ce qui reflète une intention de s’établir durablement dans certaines régions.


ÂGE DU CUIVRE: ZONES CULTURELLES


Zones culturelles et transformations en Europe centrale et du sud-est

L’âge du cuivre, qui débute vers 4500 av. J.-C., marque un tournant majeur en Europe centrale et du sud-est, où des innovations technologiques et des évolutions socio-économiques s’étendent du bassin des Carpates jusqu’à la mer Égée. La période est caractérisée par une production accrue d'outils en cuivre, le développement d’aires culturelles plus vastes et homogènes, un peuplement dispersé avec de nombreux petits établissements, l’émergence de cimetières formels, et la reconfiguration des réseaux d’échanges à longue distance. L’impact de la révolution des produits secondaires – notamment la traction animale et les produits laitiers – est également en pleine expansion à cette époque, influençant de manière significative les économies locales.

Grèce et la Macédoine : Réduction des colonies et fortifications

En Grèce du Nord, la transition du Néolithique tardif à l’âge du cuivre, vers 4500-3300 av. J.-C., coïncide avec une diminution du nombre de sites habités. À Sitagroi (phase III), la région voit une consolidation des sites d'habitation et la construction de fortifications à Pefkakia et Mandalo, signalant une potentielle instabilité ou la nécessité de défendre des ressources. Cette transition vers des fortifications indique que la concurrence pour les ressources ou les conflits entre groupes régionaux pourraient s'être intensifiés.

Bulgarie et Roumanie : Multiplication des sites et développement de cultures régionales

En Bulgarie, l’âge du cuivre débute avec la phase VI au tell de Karanovo, où de nouveaux villages non-tell commencent à apparaître, témoignant d’une diversification des formes de peuplement. Ce schéma se retrouve également dans l’est de la Hongrie, où l’occupation se densifie au début de l’âge du cuivre, suggérant une période de prospérité ou d’augmentation démographique. Cependant, au cours du quatrième millénaire av. J.-C., une récession démographique touche le centre-sud de la Bulgarie, entraînant une réduction du nombre de sites.

Le nord-est de la Bulgarie et le sud de la Roumanie sont marqués par plusieurs cultures successives, comme Gumelnia jusqu'à 4000 av. J.-C., suivie du complexe Krivodol-Sălcuta, et enfin de la culture Cernavoda, qui subsiste jusqu'à 3000 av. J.-C. Ces transitions culturelles sont caractéristiques des Balkans, où les regroupements culturels se succèdent en raison d'interactions entre diverses communautés agricoles et pastorales.

Ex-Yougoslavie : Transition vers les cultures Bubanj-Hum et Vinča

Dans l’ancienne Yougoslavie, la culture néolithique Vinča s'étend de 4500 à 3800 av. J.-C., puis cède la place à la culture Bubanj-Hum. La fin de la culture Vinča et l'émergence de Bubanj-Hum coïncident avec des changements dans l’organisation sociale, comme en témoignent l’apparition de nouveaux objets en cuivre et la tendance à des établissements plus petits et dispersés. Cette période de transition culturelle indique des transformations significatives dans les structures sociales, l’augmentation de la mobilité et les interactions inter-régionales.

Bassin des Carpates : Influence des cultures Tiszapolgár et Bodrogkeresztúr

Au nord de la Serbie, dans l’ouest de la Roumanie et l’est de la Hongrie, la période de 4500 à 3800 av. J.-C. est dominée par la culture Tiszapolgár, qui introduit de nouvelles pratiques dans les traditions funéraires et l’outillage en cuivre. Cette culture laisse place à la culture Bodrogkeresztúr, qui perpétue l’utilisation des objets en cuivre et l'organisation sociale qui commence à inclure des nécropoles formelles. Ce développement des cimetières signale une structuration croissante des pratiques funéraires et peut-être un début de hiérarchisation sociale.

Culture de Baden : Expansion vers l’Ouest et continuité culturelle

Vers 3300 av. J.-C., la culture Baden s’étend largement dans les Balkans occidentaux et le bassin des Carpates, couvrant une vaste région. Cette culture se distingue par ses poteries noires lustrées et ses tumulus funéraires, qui apparaissent dans une grande variété de contextes. En Hongrie, cependant, la transition vers l’âge du cuivre montre une continuité culturelle plus marquée avec le Néolithique tardif, particulièrement dans la culture Lengyel (Lengyel III), qui conserve ses caractéristiques essentielles jusqu’au début de l’âge du cuivre. Contrairement aux régions de l’est du Danube où la transformation culturelle semble plus brutale, la continuité des sites Lengyel indique une transition graduelle vers les nouvelles pratiques de l’âge du cuivre.


ÂGE DU CUIVRE: ORGANISATION ÉCONOMIQUE ET SOCIALE

Organisation Économique et Sociale en Europe du Sud-Est

L’âge du cuivre en Europe du Sud-Est, aux environs de 4500 av. J.-C., représente une période de bouleversements économiques et sociaux. Ces changements sont notamment influencés par l’usage accru du cuivre pour fabriquer des outils plus massifs et par la révolution des produits secondaires, qui marque un tournant dans la gestion des ressources animales.

Production de Cuivre et Réseaux Économiques

Bien que les premiers objets en cuivre soient fabriqués dès la période néolithique, ce n'est qu'à la fin du Ve millénaire av. J.-C. que la production et la diffusion de cuivre augmentent considérablement. Des mines de cuivre de cette période, comme celles découvertes en Bulgarie, en Serbie orientale et en Thrace, indiquent que l'extraction de cuivre était une activité structurée, bien que peu d’informations soient disponibles sur l’organisation de ces sites miniers et leurs liens avec les établissements voisins.

À Selevac, en Serbie, de maigres preuves suggèrent que la fonte de cuivre pouvait déjà se faire dans des contextes domestiques durant le Néolithique tardif. Toutefois, l’ampleur de cette production reste limitée et locale, avec une intensification plus tardive qui accompagne les premiers grands artefacts en cuivre dans la région. Le cuivre fondu est désormais utilisé non seulement pour des bibelots décoratifs, mais aussi pour des outils utilitaires, signalant une spécialisation artisanale croissante.

Révolution des Produits Secondaires et Transformation Économique

La révolution des produits secondaires a joué un rôle majeur dans l’économie de l’âge du cuivre. Les populations du sud-est de l’Europe commencent à exploiter le potentiel des animaux pour des produits comme le lait, la laine et la traction animale, en plus de la viande. Cette révolution influence la longévité des animaux domestiques et change la dynamique de production agricole et de subsistance. Les assemblages fauniques montrent que les animaux étaient maintenus en vie plus longtemps pour permettre une exploitation de produits secondaires, entraînant une nouvelle forme de gestion des ressources.

Disparition et Mutation des Sites de Peuplement

La fin du Néolithique et le début de l'âge du cuivre voient une transformation du paysage de peuplement. Dans l'est du bassin des Carpates, les établissements deviennent généralement plus petits, souvent inférieurs à un hectare, et s’éloignent des anciens sites tell du Néolithique tardif, qui étaient densément peuplés et occupés sur de longues périodes. Sur les sites tels que Vészt-Mágor, des niveaux d’occupation du cuivre sont séparés des phases néolithiques par des couches de sol enfoui, indiquant une interruption notable dans l’occupation des lieux.

Cette rupture démographique est particulièrement marquée dans les Balkans et la plaine hongroise, où une réduction significative du nombre de sites est observée au cours du IVe millénaire av. J.-C. L'abandon de nombreux tell, notamment en Bulgarie et dans le sud de la Roumanie, suggère des bouleversements socio-économiques et peut-être une redistribution des populations.

Apparition des Cimetières Formels et Pratiques Funéraires

L’un des changements sociaux les plus significatifs de l’âge du cuivre est l’émergence des cimetières formels, séparés des habitations. Alors que les sépultures du Néolithique se faisaient dans les colonies, les cimetières apparaissent désormais isolés dans le paysage, vraisemblablement utilisés par plusieurs communautés voisines. Cette transition est un indicateur de l’évolution des rituels funéraires, avec des sites comme les cimetières d’Alsónémedi et de Budakalász dans la grande plaine hongroise, où les enterrements sont parfois accompagnés de bétail.

Vers la fin du IVe millénaire av. J.-C., des pratiques funéraires sous des kurgans (grands monticules de terre) deviennent courantes, notamment dans le nord de l'Europe du Sud-Est, de la basse vallée du Danube jusqu’au bassin des Carpates. Ces kurgans, similaires à des sites en Moldavie et en Ukraine, ont été interprétés par Marija Gimbutas comme la première manifestation de populations indo-européennes en Europe, tandis que d'autres archéologues, tels que Colin Renfrew, ont proposé une origine plus ancienne, au début du Néolithique. Quoi qu’il en soit, les kurgans soulèvent des questions sur la structure sociale et l’éventuelle influence de migrations en provenance de l’est.

Structure Sociale et Héritage Néolithique

La fin de l’âge du cuivre et la transition vers l’âge du bronze sont marquées par une différenciation sociale accrue. Les sépultures, notamment sous kurgan, et les cimetières formels témoignent d’une organisation sociale en évolution, avec une hiérarchisation sociale qui commence à se développer. Le mode de vie communautaire du Néolithique fait progressivement place à des structures sociales plus complexes, qui se prolongeront à l'âge du bronze avec des preuves d’une stratification sociale plus nette.

Les transformations observées à la fin du Néolithique dans le sud-est de l’Europe jettent les bases de l’âge du bronze en termes de structures économiques, sociales et idéologiques. L’augmentation des échanges de cuivre, l’exploitation des produits secondaires et la création de cimetières indépendants marquent l’avènement d’une nouvelle organisation sociale qui influencera durablement les cultures européennes dans les siècles à venir.



Références

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Auteur : Stéphane Jeanneteau

Octobre 2007